samedi 20 avril 2024

Rameau : Castor et Pollux à Toulouse

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dioscures-rameau-opera-1754-classiquenews-582-507-homepage-uneToulouse, Capitole. Rameau : Castor et Pollux. 24 mars<2 avril 2015. Créée en 2011 à Vienne, la production de Castor dirigée par Rousset fait escale à Toulouse en mars et avril 2015. L’anniversaire Rameau 2014 (250ème anniversaire de sa mort) semble se prolonger ainsi à Toulouse. L’année Rameau 2014 fut riche en redécouvertes, mit l’accent sur … Castor (ce que confirme encore cette production) et révéla des inédits méconnus, propres aux années 1740, les plus fécondes et les mieux inspirées du Dijonais : ainsi furent dévoilées lors de recréations décisives : Le Temple de La Gloire (1745) et La Princesse de Navarre (composé sur des livrets de Voltaire), Les Fêtes de Polymnie (1745) et surtout Zaïs (1748), qui offre un somptueux portrait tragique et préromantique de l’héroïne éprouvée, Zélidie.

dioscures rmaeau 2A Toulouse, place au chef d’oeuvre ramélien de la maturité, Castor et Pollux mais dans sa version révisée tardive de 1754 : plus de prologue circonstanciel, une Phébé isolée, diabolisée, plus inhumaine encore que dans la première version : l’amoureuse jalouse déchaîne sa haine impuissante avec une violence peu commune… Jupiter la contraint aux Enfers en fin d’action. Et Castor gagne des funérailles amples, solennelles, sublimes. Voici assurément un opéra funèbre qui exprime la grandiloquence de la mort. Car contrairement à son (demi)frère, Castor est né mortel, quand Pollux fils de Jupiter est immortel. Avec Castor et Pollux, son troisième opéra,  Rameau aborde l’histoire des Dioscures presque frères, nés de pères différents et que le lien fraternel renforce d’une énergie quasi divine, suffisamment lumineuse pour séduire Jupiter… lequel touché par la grâce de ses fils réalise le miracle final : Télaïre pourra épouser Castor, et Pollux retrouve alors son frère ressuscité, désormais immortalisé.

Héritier de Lully et de sa proposition tragique à l’opéra, Rameau régénère formes et enchaînements : l’intensité souveraine des danses parmi les plus enivrantes qu’il a composées (Menuets, Gavottes, Chaconnes, Gigues, Tambourins,…), la séduction dramatique de l’orchestre, la complexité ahurissante des chœurs (qui égalent ceux de Bach et de Haendel, en particulier  les choeurs infernaux polyrythmiques  au IV), la grande machinerie infernale si inévitable alors (inscrivant le fantastique et le surnaturel sur la scène lyrique), propice aux contrastes ombre et lumière si chère aux spectateurs des Lumières, … tout cela découle d’un génie inégalé de l’opéra dans les années 1750.

dioscures30De son côté, responsable de la mise en scène, Marianne Clément a travaillé en particulier sur les récitatifs si soignés de Rameau pour lequel la déclamation reste essentielle. Ici pas d’alternance mécanique : airs et récitatifs. Chez Rameau, les héros chantent en un récitatif accompagné proche du langage théâtral et parlé. La 2ème version privilégie un texte moins fleuri et ornementé que la version précédente. Pour la metteur en scène : « l’action de Castor et Pollux est une histoire de famille, qui se joue entre deux couples : Castor et Pollux d’un côté, Phébé et Télaïre de l’autre. Dans la mythologie grecque, ils sont cousins et cousines. Il était clair pour nous que le fait qu’ils aient été élevés ensemble, qu’ils aient grandi ensemble, était important pour la compréhension du drame. L’amour fraternel n’est pas une denrée si fréquente à l’opéra ! Le rendre explicite est bien évidemment difficile ; c’est pour cela que l’idée de donner à voir ce lieu familial commun, qui concrétise cette histoire initiale fondatrice, nous paraissait intéressante ». Pour le décor : « …nous avons choisi de présenter l’action dans une grande maison familiale, autour d’un escalier monumental. L’impact visuel a quelque chose de cinématographique, on pourrait penser à une maison comme celles qu’on peut voir chez Hitchcock ou Orson Welles… On a voulu en tout état de cause installer ce drame dans un décor puissant, dramatique, où le conscient et l’inconscient peuvent s’entremêler de manière évidente. Un escalier, par essence, pose toujours la question de l’espace : d’où vient-il ? où conduit-il ? C’est une métaphore assez simple de l’existence ! ».

Et concernant les ballets, «  dans Castor et Pollux en revanche, où l’action est tout sauf un divertissement, le ballet peut soudain devenir un danger pour la tension dramatique. J’ai donc décidé d’utiliser les ballets pour raconter le passé des personnages, ce qui, au lieu d’interrompre l’action, en renforce au contraire la cohérence dramatique. L’essentiel est de trouver un lien avec ce qui vient de se passer, et d’arriver à donner à sentir ce lien au public. »

boutonreservationCastor et Pollux, version de 1754
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Tragédie en cinq actes sur un livret de Pierre-Joseph Bernard, dit Gentil-Bernard
créée le 11 janvier 1754 à l’Académie royale de musique, Palais Royal
(version révisée de l’ouvrage initialement créé le 24 octobre 1737)

Théâtre du Capitole
Les 24, 27, 31 mars et 2 avril à 20h – Le 29 mars à 15h
Production créée au Theater an der Wien (Vienne, 2011)

Christophe Rousset, direction musicale
Mariame Clément, mise en scène

Antonio Figueroa, Castor
Aimery Lefèvre, Pollux
Hélène Guilmette, Télaïre
Gaëlle Arquez, Phébé
Hasnaa Bennani, Cléone / Une Suivante / Une Ombre heureuse
Dashon Burton, Jupiter
Sergey Romanovsky, L’Athlète / Mercure / Un Spartiate
Konstantin Wolff, Le Grand Prêtre de Jupiter

Les Talens Lyriques
Choeur du Capitole – Alfonso Caiani direction

Durée : 3h – Tarifs : de 19,50 à 100 €
Spectacle en français surtitré
www.theatreducapitole.fr
+33 (0)5 61 63 13 13

Argument

RAMEAU 2014 : sélection cdActe I. Le mariage de Télaïre avec l’immortel Pollux se prépare. Phébé, soeur de Télaïre, avoue sa détresse à sa confidente Cléone : elle est amoureuse de Castor, le demi frère mortel de Pollux, mais elle a conscience que son amour n’est pas partagé : Castor est épris de Télaïre. Quand Pollux prend lui aussi conscience de l’amour qui lie Télaïre à Castor, il renonce à son mariage avec elle afin de lui permettre d’épouser Castor. Le peuple loue la grandeur d’âme et l’abnégation de leur roi, et félicite le nouveau couple, Castor et Télaïre. Jalousie, Phébé convainc Lincée, un ennemi mortel de leur famille, d’enlever Télaïre durant la cérémonie. Lorsque Lincée met leur stratagème à exécution, Castor s’interpose et se fait tuer. Pollux jure de venger son frère.

Acte II. Le peuple et Télaïre pleurent Castor. Phébé annonce qu’elle serait prête à aller le chercher aux Enfers, mais si Télaïre renonce à lui. Télaïre accepte ce marché. Pendant ce temps, Pollux triomphe de Lincée et le tue. Le peuple chante ses louanges, mais Télaïre reste affligée : cette victoire ne lui rendra pas Castor. Pollux implore son père Jupiter : peut-il épargner et sauver Castor d’entre les morts.

Acte III. Pollux, en chemin vers l’Olympe, réfléchit à l’amour qu’il porte à son demi-frère décédé, Castor. Une fois face à lui, Jupiter lui explique que la seule solution pour faire revenir Castor d’entre les morts serait que lui, Pollux, prenne sa place aux Enfers. Bien que Jupiter tente de l’en dissuader, Pollux accepte l’échange et commence son voyage vers le monde des morts.

Acte IV. Phébé tente d’ouvrir les portes infernales. Mercure et Pollux apparaissent et l’arrêtent. Voyant Pollux en train de lutter avec les monstres des Enfers, elle est terrifiée, se rendant compte que si Castor revient, il épousera Télaïre. Entre-temps, Castor est reçu aux Champs-Élysées, séjour des morts bienheureux. Quand Pollux appparaît, Castor commence par refuser son sacrifice mais finit par accepter de remonter chez les vivants pour un seul jour, un jour qui lui permettra de faire ses adieux à Téläire. Il reprendra ensuite sa place et laissera Pollux retrouver son trône.

Acte V. Castor retrouve Télaïre. Après les effusions de joie, Télaïre tente de le convaincre de rester avec elle. Jupiter paraît alors : touché par l’amour des deux frères, il les réunit dans le ciel : les Dioscures forment depuis la constellation qui porte leur nom. Phébé doit prendre leur place aux Enfers.

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