samedi 20 avril 2024

LIVRE événement, critique. JF LATTARICO : Le chant des bêtes (Classiques Garnier)

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lattarico-jean-francois-essai-sur-l'animalite-a-lopera-annonce-livre-critique-opera-classiquenewsLIVRE événement, critique. Jean-François LATTARICO : Le chant des bêtes (Classiques Garnier). C’est l’un de nos coups de cœur littéraires de cet hiver, tant la prose de l’auteur reste accessible et remarquablement documentée ; le texte en outre focuse sur des sujets peu abordés et pourtant passionnants : le « chant des bêtes » nous parle de l’image et de la représentation des animaux à l’opéra. Simples prétextes à roucoulades et autres « effets » expressifs basés sur l’imitation… ou présence dramatique égale aux héros, s’intéressant déjà dans l’histoire du genre lyrique,…à la conscience animale? Jean-François Lattarico, outre qu’il fait partie du staff éditorial de classiquenews, témoigne de la vitalité de la scène lyrique, du baroque aux ouvrages contemporains, et ouvre ici des vastes champs de réflexion, comme il souligne la pertinence d’une pensée qui prend en compte la valeur singulière du vivant et des espèces animales, leur signification comme la réception de leur représentation.

 

 

 

CRITIQUE. La scène lyrique est certes cette machine illusoire et féerique qui transporte et favorise l’enchantement. C’est aussi un formidable miroir dévoilant les mille perversités de la nature humaine. C’est encore la représentation de fantasmes qui font sens dans le fonctionnement de notre société. Les bêtes ne sont pas absentes du processus et de l’évolution du genre lyrique. On suit même pas à pas selon les époques, la présence des animaux et le sens de leur représentation chez tel ou tel compositeur.
Pour mieux suivre cette galerie animale qui compose un fabuleux bestiaire, l’auteur identifie 3 catégories : « l’animal allégorique » qui met en scène les mythes de l’Antiquité et aussi le texte des métamorphoses d’Ovide où le retour à l’état primitif est le jeu d’un enchantement comme celui de la magicienne Circé ; s’y précisent les « oxymores baroques », « l’animal métaphorique » et les « bêtes politiques ». La 2è catégorie, « L’animal silencieux » cible l’enchantement des bêtes sauvages », le « bestiaire comique », enfin des « Psittacismes lyriques ». Puis dans la 3è et dernière classification, « L’Animal Héroïque » – pour nous la partie la plus intéressante, sont abordés 7 sujets « La fable, l’animal, l’enfant », la « Mirabilia à plumes », « métamorphoses », « cynismes », « bestiaire hétéroclite », « l’opéra entomologique », enfin « le retour du mythologique »… La grille ainsi séquencée permet d’isoler et d’analyser des « cas » emblématiques selon l’époque, de la connaissance des bêtes, des symboles qui lui sont rattachés, de sa signification au sein du drame fixé par le livret.
Mais au delà de la fonction dramaturgique, l’animal nous renvoie à une autre sphère signifiante où la parole articulée et le texte sont absents ; une sorte de conscience au delà des mots, et sans eux, qui nous rappellerait à l’harmonie d’un temps et d’un espace, premiers et fondateurs, quand l’homme et la nature, la civilisation et le vivant, culture et nature, étaient réconciliés… Si cet état n’a peut-être jamais existé, l’histoire de l’opéra et ses manifestations ainsi balisées, nous parlent constamment du rapport entre texte et musique ; des limites surtout de la parole et du texte que la musique met en lumière en accompagnant et favorisant l’émergence du chant des bêtes.
Parmi une arche de Noé aux innombrables situations et profils… Papageno l’oiseleur perroquet de la Flûte Enchantée de Mozart ; Platée, beauté batricienne en sa cour des nymphes des marais chez Rameau; le chien Barkouf ou l’ourse de Boule de neige d’un Offenbach satirique et poétique, et toutes les bêtes de l’Enfant et les sortilèges, jusqu’aux ouvrages plus récents (2017) de Boesmans (Pinocchio) et de Manoury (Kein licht)… deviennent acteurs principaux, manifestes retrouvés et réhabilités d’un temps où la réforme de la pensée et la conscience du vivant s’invitent désormais comme fondamentaux incontournables à mesure que nous prenons conscience du désastre écologique que nous vivons aujourd’hui. Voilà donc un texte érudit et accessible, surtout d’une exceptionnelle actualité, et même visionnaire.

 

 
 

 

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LIRE aussi notre annonce du livre événement : Le Chant des bêtes de Jean-François LATTARICO (Classiques GARNIER).
https://www.classiquenews.com/livre-evenement-annonce-jean-francois-lattarico-le-chant-des-betes-essai-sur-lanimalite-a-lopera-classiques-garnier/

 

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CLIC_macaron_2014LIVRE événement critique. Le Chant des bêtes de Jean-François LATTARICO (Classiques GARNIER) – Collection CONFLUENCES sous la direction de Pierre Glaudes, éditions CLASSIQUES GARNIER. N° 6, 392 pages, 15 x 22 cm – Broché, ISBN 978-2-406-08541-6, 48 € / Relié, ISBN 978-2-406-08542-3, 87 € – CLIC de CLASSIQUENEWS de décembre 2019

 

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LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Jean-François LATTARICO : Le chant des bêtes / Essai sur l’animalité à l’opéra…

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