jeudi 28 mars 2024

Grand entretien avec Maude Gratton

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gratton maude portrait festival presentation festival musiques en gatine classiquenews 2016 infos reservations Maude-Gratton-concert-10-24-mai-e1431718761429Grand entretien avec MAUDE GRATTON, directrice artistique du Festival MUSIQUES EN GÂTINE, – premier festival de musique classique au printemps en Poitou. ACCOMPLISSEMENT. Dans la vie d’un soliste, claveciniste et pianofortiste, la rencontre et le travail avec un orchestre est déterminante. Voilà plusieurs années que la claveciniste et pianofortiste Maude Gratton jouait entourée de complices musiciens… une entente et un plaisir cultivés sur la durée que prolonge aujourd’hui un projet plus ambitieux dédié à Mozart. Pilotant le festival de printemps, Musiques en Gâtine, en Poitou, Maude Gratton réalise un rêve tenu caché depuis plusieurs années : constituer son propre orchestre et défendre des programmes qui consolident la complicité et le plaisir collectif ; ainsi est lancé cette année, son orchestre Il Convito. C’est un pari pour la jeune instrumentiste qui comme directrice du festival Musiques en Gâtine entend favoriser l’expérience musicale, ancrée loin des villes, où la musique classique doit toujours trouver, conquérir, fidéliser ses publics. Entretien avec une combattante de l’ombre dont le nouvel orchestre Il Convito porte toutes les espérances d’une belle âme musicienne…

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Pouvez-vous nous présenter le profil de votre orchestre Il Convito?

MAUDE GRATTON : L’ensemble Il Convito a été fondé en 2005 sur des bases chambristes ; avec à mes côtés Stéphanie Paulet au violon, et Claire Gratton au violoncelle, nous avons parcouru plusieurs pays, au gré des programmes et des amitiés musicales nouées avec plusieurs invités selon les répertoires. Nous n’avions pas de fil rouge, que l’envie de travailler et le plaisir de partager de la belle musique ; ainsi, l’ensemble a existé pendant dix ans, discrètement. Ce sont de très bons souvenirs. Dix ans plus tard, j’ai décidé de de lui donner un second souffle ; avec les années, la question d’une responsabilité musicale se pose de manière plus aiguë, les projets s’affinent et deviennent plus engagés. Cet orchestre est le résultat d’une volonté personnelle de m’engager plus activement, mais aussi d’une énergie commune car j’ai été encouragée et soutenue dans cette démarche. Il y a une continuité entre le travail effectué en musique de chambre et ce qu’il va se passer au sein d’un effectif plus important, j’espère sous la forme de projets réguliers et variés dans les années à venir. Un dénominateur commun est le fait que je sois au clavier : les programmes se forment autour d’un grand orgue, d’un clavecin ou d’un pianoforte, et j’envisage la « direction »  musicale tout simplement à partir du clavier.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Quelles sont les qualités qui forment son identité artistique et sonore?

MAUDE GRATTON : Ce premier projet d’orchestre rassemble vingt musiciens qui ont déjà l’habitude de travailler ensemble ; les chefs de pupitre sont les membres du quatuor Edding, d’autres musiciens faisaient déjà partie du Convito avant ce rendez-vous Mozart ; les instrumentistes à vent sont pour la plupart des amis avec lesquels le quatuor ou moi-même avions des projets communs réguliers. Il ne s’agit pas d’un nouvel orchestre, mais plutôt d’une suite, qui arrive de façon naturelle en 2016, chacun apportant son expérience. L’emploi des instruments historiques ne serait qu’une réponse mitigée : ils sont certes bien présents, mais le travail de fond se situe bien au-delà.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : En quoi le programme Mozart est il emblématique de votre démarche avec vos musiciens et partenaires interprètes ?

MAUDE GRATTON : Les instrumentistes concernés sont habitués à jongler entre différents types d’instruments, baroques, classiques, romantiques… Moi-même je navigue entre le clavecin, le pianoforte, l’orgue, les répertoires anciens, romantiques ou contemporains… C’est le quotidien, je crois, de beaucoup de musiciens d’aujourd’hui. J’essaye de pousser ma curiosité, de repousser petit à petit les limites de mes possibilités techniques et physiques, car je n’ai pas de formation de pianiste à l’origine. Un premier projet d’orchestre se devait d’être porté par un immense compositeur.  Le génie lumineux de Mozart nous rassemble tous ; cela nous a permis d’imaginer un programme glissant du Concerto à l’Opéra, de mettre en lumière cette vocalité qui nous est chère, et de nous retrouver au sein de cette période d’effervescence créatrice qu’est la fin du XVIIIè siècle. On est souvent tenté de vouloir nommer et délimiter des courants historiques, ou de ranger les musiciens dans des cases qui semblent leur convenir ; pourtant les termes baroque, classique ou romantique, semblent n’avoir finalement aucune définition exacte tant ils ont de définitions possibles, et rien n’est figé dans l’apprentissage musical et instrumental s’il est porté par la curiosité et le goût de la découverte. C’est cette « confusion »  qui m’intéresse, car elle peut être porteuse d’un travail passionnant, et la musique de Mozart est un formidable  pour cela.

 

 

 

« La musique classique est une catégorie qu’il faut oublier »

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Qu’est-ce qui fonde le lien entre les différents programmes que vous présentez dans le cadre du festival Musiques en Gâtine ?

Gatine musiques en gatine festival 2016 maud gratton presentation concerts festival 2016 classiquenews 582 vignetteMAUDE GRATTON : Le travail de direction artistique d’un festival m’a appris avec les années à prendre davantage soin du lien à tisser avec le public. Je me suis rendue compte qu’une programmation était un équilibre subtil dont les ingrédients  devaient être soigneusement choisis, et que les choix n’était pas anodins : il s’agit en effet de défendre un accès à la culture en-dehors des grandes villes, d’encourager un jeune public à se déplacer, de montrer que la culture peut rassembler encore, et toujours. Je n’ai pas souhaité tisser un fil rouge évident tout au long du festival, mais plutôt faire voyager le public d’un univers à un autre, en lui donnant des clefs autant que je le pouvais, notamment grâce aux rencontres d’avant et d’après-concerts avec les musiciens ou avec d’autres intervenants comme le luthier Charles Riché, ou l’historienne d’Art Anne Bernadet Delage. Pour faire tomber certaines barrières qui peuvent être un frein, j’essaye d’amener le public à découvrir comment la musique contemporaine peut s’écouter bien plus facilement qu’on ne le croit, ou que musique populaire et musique savante se sont pendant longtemps entremêlées bien plus qu’il n’y paraît ; en bref, la musique « classique » n’est qu’une catégorie qu’il faut oublier !

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Quels sont vos projet pour le futur ?

Maude Gratton : J’ai envie de continuer à enregistrer ; je suis née entourée de disques, je continue à en acheter. Même si c’est parfois une épreuve de se retrouver derrière les micros, cela reste avec un peu de recul, un formidable enseignement. En projet, bientôt, un disque de clavecin, car cela fait aussi longtemps que je ne me suis pas retrouvée seule avec l’instrument.  Avec le Convito, il s’agit de poursuivre la lancée de ce premier projet d’orchestre ; la période du milieu du XVIIIè au début du XIXè siècle est passionnante, avec à son cœur, cette opposition complexe entre Lumières et contre-Lumières. Je rêve aussi de pouvoir jouer un jour un Concerto pour piano de Beethoven ; mais je n’exclus pas pour autant les projets consacrés au répertoire des XVIè et XVIIè siècles.

 

 

 

Propos recueillis en mai 2016.

 

 

 

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