jeudi 28 mars 2024

Festival de Saou (26): les 20 ans Du 25 juin au 20 juillet 2009

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Festival de Saou (26)

qui chante Mozart pour la 20e fois. 2009, Les 20 ans.
Du 25 juin au 20 juillet 2009

Pour la 20e de ce Festival « unique » parce que consacré à Mozart (et ses contemporains), les interprètes qui ont participé à cette expérience en Drôme méridionale reviennent célébrer l’anniversaire. Ce sont donc en symphonique, chambrisme et solisme 13 concerts, notamment avec Michel Portal, Laurence Equilbey, Philippe Bernhold, Fazil Say, le Quatuor Debussy et le Quintette de la Philharmonie de Berlin. Et en écho avec le 200e anniversaire de Haydn, des partitions du « Papa » (spirituel) de Wolfgang, en regard…

Le plus bel âge de la vie ?

« J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » La phrase cinglante de Paul Nizan – le grand romancier de La Conspiration et d’Antoine Bloyé, le pamphlétaire d’Aden Arabie pour la réédition duquel Sartre écrivit en 1960 une si fraternelle préface – conviendrait-elle à la personne morale d’un festival dédié, en lumière pré-provençale, à Mozart ? Sans doute pas, et même au contraire, lorsque Saou se réjouit de célébrer son 20e anniversaire. Pourtant, pourtant, un peu d’ombre – disons de clair-obscur – pour rappeler que Wolfgang ne fut pas seulement l’enfant ardent et fêté, puis le jeune homme conquérant de sa liberté, cela ne messied point ? D’autant qu’en domaine d’anniversaires, on peut évoquer chez Mozart, mort à 35 ans (tiens, l’âge où Nizan fut enlevé violemment à la vie…), une 20e année (1776) que les biographes décrivent comme placée sous le signe d’un « horizon bien peu large pour un esprit avide », enfermée dans un Salzbourg où il ne reste plus au compositeur tutellé par son « vrai » Papa (trop docile serviteur de toutes les autorités) qu’à faire de l’entrisme dans l’aristocratie locale…au risque d’y perdre son âme et son génie « libertaires ». 1776 sera donc par réalisme « galant » dans sa musique « pour plaire », puis « religieux conformiste » ( c’est pour cela qu’il est « domestique d’Eglise ») quand il aura senti que décidément les nobliaux urbains et provinciaux en mordent pas tellement à l’hameçon, et que son propre génie connaît une panne d’inspiration et d’audace. Il « renaîtra » l’année suivante !

Papa Josef et l’amitié

Ajoutons que si 20e Saou il y a, il ne saurait échapper que cela commença en 1989, 200e anniversaire d’une Révolution Française dans l’esprit duquel Mozart eut tout de même le temps de reconnaître l’avènement d’idées (fraternité d’esprit, liberté individuelle, égalité sociale) aux principes desquelles il adhérait, par delà les frontières du vieux monde des monarchies et des nations. Est-ce pour cela aussi que les Patrons de Saou ont placé leur 20e sous le signe de l’amitié filiale de Wolfgang avec le cher « Papa Josef » (Haydn, son aîné de 24 ans), dont on ne peut guère oublier qu’en 2009 on marque le 200e anniversaire de la disparition ? Après tout, et sans vouloir post mortem enrôler Papa dans une idéologie péri-révolutionnaire qu’en serviteur zélé des princes autrichiens il détestait : c’est bien le jeune Mozart qui fit adhérer son Vieux Maître à une Franc-Maçonnerie d’idées avancées… Bref, donc sans oublier que la réalité en art est plus complexe que ne la montrent les images d’Epinal, Salzbourg ou Vienne, Saou 20e fait d’abord fièrement son bilan de santé : en 19 ans, dans 31 communes de la Drôme, 179 concerts, 5 opéras, 6 messes et leurs 2278 interprètes), 6 expositions et rencontres. Et de 4 concerts sur 3 jours en 1989 à 13 sur 3 semaines en 2009. Et 5.000 mélomanes pour l’année précédente. Sous l’emblème de l’amitié Papa-Fiston, ce sont aussi les interprètes fondateurs et continuateurs – dont à Saou l’on peut dire « nous nous sommes tant aimés » – qui ont proposé leur programmation. D’où le côté kaléidoscopique des interventions haydno-mozartiennes en musiques solistes, chambristes, chorales et symphoniques, avec des échanges subtils de rôles : ainsi de l’Orchestre National de Lyon qui se place sous la féminine autorité de Laurence Equilbey et avec la complicité de Sandrine Piau, dans des « citations » vocales de la Flûte Enchantée et des moins connus Thamos, Zaïde, Mitridate et Lucio Silla, contrepointé par « la mer calme et l’heureux voyage » aux Hébrides et ailleurs d’un Mendelssohn (né il y a 200 ans, tiens, tiens). Ou l’Académie Baroque, les petits jeunes européens d’Ambronay, sous l’austère mais bienveillante direction de Martin Gester : et là, « en forêt de Saou », – plus mystérieux encore que tous les Parcs en toile peinte pour les Noces -, on pourra jouer au labyrinthe opératique mozartien et au « qui perd ses amours les (re)gagne », dans des extraits de Don Giovanni, Cosi Fan Tutte, des Noces, de l’Enlèvement et de la Flûte. A l’inverse, le solisme pianistique de Fazil Say devrait s’exercer en toute situation d’autonomie entre Haydn (3 Sonates, Hbk. 31, 35 et 37) et ce qu’il « pourra dire à Maman » dans les Variations .K.265, l’évidente « turquerie » de la Sonate K.331 (oui, mais on demanderait comme chez Molière : « de la conscience à un Turc ? »), avec une improvisation (calculée ?) sur l’autre turquerie d’Enlèvement (portrait revisité d’Osmin ?) dans un « Inside Serail »…


Surprises, Styx et chants d’oiseaux

Le côté plus sérieux de Mozart virtuose en transcription instantanée (la copie d’oreille absolue chez le Pape pour le Miserere d’Allegri) et surtout en recherche de spiritualité « contre les prestiges de la mort », on le trouvera grâce à l’Hostel Dieu de Franck-Emmanuel Comte : GrabMusik de la jeunesse en pré-écho de la sublime Trauermusik maçonnique (K.477), sans oublier le Haydn douloureux d’un Stabat Mater. Le Mozart du concerto pour clarinette (K.622), est-il lié à la seule beauté, ou bien s’enrichit-il de grandes angoisses ? Un soliste comme Michel Portal détient bien des secrets, et il est de ceux qui aiment partager. L’Orchestre d’Auvergne (Arie van Beek) l’accompagne, et au passage interroge les ambiguïtés contrapuntiques de l’Adagio et Fugue, puis se lance dans La Surprise (94e Symphonie) de Haydn. « Papa, ne va pas en Angleterre, d’ailleurs tu parles si peu de langues ! », aurait dit Wolfgang à Haydn en partance pour ses grandes vacances anglaises, en 1790. « La langue que je parle est comprise du monde entier », réplique Papa . C’est vrai, mais quelle langue parle-t-on au-delà du Styx ? Et y retrouve-t-on les absents ? Mozart « s’absentera » dans un an, Haydn reviendra bientôt pour vivre encore 20 ans en Autriche. C’est « La Surprise », chaque fois déchirante même si nous en connaissons les termes biographiques…
Le dialogue du Père et du Fils, Saou l’instaure en plusieurs concerts par œuvres croisées. Le Quatuor de Venise dit à 4 archets l’Adagio et Fugue (un écho de la rencontre mozartienne avec Bach), et le K.499, « en face » de l’op.35/3 et de l’admirable (ultime) op.77/2 de Haydn. Les Debussy croisent la méditation sur la mort du Requiem (version de P.Lichtenthal) et le très vif op.33/3, dit l’Oiseau, de Haydn. Cela chante aussi avec le Quintette à cordes de la Philharmonie berlinoise, L’Alouette (op.64/5) répondant au Quintette avec clarinette ( Wenzel Fuchs) et à la réduction sextette de la Gran Partita. Mêmes jeux Haydn-Mozart avec transcriptions et géométries variables : les Carpe Diem (Jean-Pierre Arnaud), ou « Philippe Bernold and friends » (C.Désert, O.Charlier, G.Caussé, M.Coppey), et aussi les Barbaroque- Henri-Demarquette-Brigitte Peyré-Ensemble Syracuse. Plus classique duo violon (Nicolas Dautricourt) et piano (Marie-Josèphe Jude) pour Sonates K.304, 377 et 454, ou Octuor (les Prague) et cor (Vladimira Klanska) en arrangements d’opéras mozartiens.

20 ème festival « Saou chante Mozart ». 13 concerts autour de W.A. Mozart (1756-1791) et Josef Haydn (1732-1809). Saou et autres lieux de la Drôme (26), Valence, Die,Montélimar, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Dieulefit, Crest, Suze-la-Rousse, Anneyron, Chabeuil, Saint-Jean-en-Royans… Du 25 juin au 20 juillet 2009. Jeudi 25 juin, 20h ; samedi 27, 20h30 ; dimanche 28, 18h ; lundi 29, 20h30 ; jeudi 2 juillet, 20h30 ; samedi 4, 20h30 ; dimanche 5, 18h ; lundi 6, 20h30 ; mercredi 8, 19h ; dimanche 12, 20h30 ; mardi 14, 18h ; dimanche 19, 18h ; lundi 20, 20h30. Information et réservation : T. 04 75 76 02 02 ; www.saouchantemozart.com

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