vendredi 29 mars 2024

DVD. Einstein on the Beach (Châtelet, 2014). Glass, Wilson, Childs. The Lucinda Childs Dance Company, The Philip Glass ensemble (2 DVD Opus Arte)

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DVD. Einstein on the Beach (Châtelet, 2014). Glass, Wilson, Childs. The Lucinda Childs Dance Company, The Philip Glass ensemble. Enregistré au Théâtre du Châtelet à Paris, en janvier 2014; 2 dvd OPUS ARTE BD7173 D. CLIC de CLASSIQUENEWS de novembre 2016.

glass wilson childs einstein on the beach dvd chatelet dvd review critique dvd classiquenews CLIC novembre 2016 1474030354_OA1178DCréé le 25 juillet 1976 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon dans le cadre du Festival, l’opéra Einstein on the beach, malgré son sujet, – scientifique-, reste un jalon majeur de l’écriture moderne au XXè siècle, touchant par son originalité formelle et sa grande invention visuelle. Un ovni onirique sans équivalent alors. Une certaine élite artistique américaine, réunissant comme un art total à la façon des Ballets Russes au début du siècle : danse (Childs), musique (Glass), dramaturgie, mise en scène, décors (Wilson), s’imposait alors sur la scène internationale après leur consécration française en Avignon. Opéra en quatre actes, Einstein on the beach renaissait ainsi dans les années 2010, par ses trois concepteurs re sollicités (surtout la chorégraphe Lucinda Childs invitée à écrire de nouveaux ballets) pour une nouvelle tournée américaine puis européenne passant par Montpellier (2012), puis Paris (comme ici au Châtelet en janvier 2014 où a été réalisé la captation vidéo).

Glass signe ainsi son premier opéra « minimaliste » d’une lenteur régénératrice – selon les mots de Childs, après l’explosion nihiliste de la culture pop, le minimalisme envisage une nouvelle ère artistique… soit un flux répétitif, suspendu, enivrant, hypnotique de 5h d’activité musicale. Pour rompre l’effet de lassitude, Wilson intègre une voix récitante qui scande des chiffres répétés, des notes de la gamme d’ut majeur énoncées en français, des textes vaguement poétiques écrits par un jeune auteur Christopher Knowles, jeune autiste repéré et suivi par Wilson, et d’autres textes rédigés aussi par Lucinda Childs…
Le mouvement et la fusion des arts et des disciplines opèrent une cristallisation dans chacun des actes dont la succession ne signifie rien dans la totalité mais expriment la puissance d’un jeu formel à plusieurs qui vaut révélation. Le spectateur cherchera en vain la cohérence d’un épisode à l’autre, ou l’intrigue qui relie les actes entre eux : comme l’a dit très justement les commentateurs de la première avignonnaise, le spectacle vaut essentiellement par l’atmosphère inédite, l’impact visuel qui nie et repousse les limites et frontières connues du temps et de l’espace. Tout fusionne dans une totalité plastiquent léchée. L’idée d’une histoire évoquant Einstein dans sa vie n’a pas lieu.

38 ans après sa création en Avignon…
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Einstein on the Beach, une féerie contemporaine

Facilité grâce aux techniques du spectacles ayant fortement évolué et progressé depuis 1976, le trio créateur a pu encore affiner le projet visuel, -Wilson se félicitant même de restituer ses croquis de la création avec une vérité accrue. Seule importe la cohérence plastique de chaque tableau, entendue comme des recréation en 3 dimensions de certaines photos portraiturant Alfred Einstein. Les initiateurs avaient alors une fraîcheur première – atténuée ensuite dans leurs œuvres postérieures, que traduit directement des détails humoristiques voire enfantins, d’une candeur qui touche à la pure poésie (l’enfant qui jette des avions en papier…), autant de détails qui sont depuis absents des mises en scènes hyperléchées et toujours atemporelles d’un Wilson de plus en plus distancié, voire déshumanisé, recyclant sous une grille conceptuelle et technique les rouages du théâtre japonais No.
Tout est magnifiquement réglé ici comme du papier à musique : le Einstein violoniste qui joue éternellement les mêmes notes, les choristes égrenant les mêmes chiffres, la danseuse en fond de scène, reculant ou avançant comme au ralenti d’une imperturbable fixité, les figurants qui miment le jeu des mains des dactylos sur d’invisibles machines à écrire… chacun mêlé étroitement à la musique de Glass produit un vision hypnotique où la fausse répétition (Glass précise bien que chaque note « répétée » n’est jamais la même) jalonne en vérité une action qui vaut pour sa formidable progression globale. La puissance de l’imagerie visuelle, la féerie globale du spectacle a conservé intacte sa magie atemporelle, depuis 1976, soit il y a à présent… 40 ans. Longue vie au minimalisme qui n’a jamais semblé plus « moderne » et visionnaire.
DVD incontournable.

CLIC_macaron_2014DVD. Einstein on the Beach (Châtelet, 2014). Glass, Wilson, Childs. The Lucinda Childs Dance Company, The Philip Glass ensemble. Enregistré au Théâtre du Châtelet à Paris, en janvier 2014; 2 dvd OPUS ARTE BD7173 D. CLIC de CLASSIQUENEWS de novembre 2016.

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