FEUILLETON MONTEVERDI 2017… pour les 450 ans de Claudio Monteverdi, l’inventeur de l’opéra. Claudio Monteverdi (1567 – 1643). 2017 marque les 450 ans du Crémonais Claudio Monteverdi, génie entre Renaissance et Baroque dont l’écriture sut exprimer comme nul autre avant lui, la profondeur et la sensualité du sentiment ; inventant au terme d’une longue évolution personnelle, l’opéra, grâce à ses styles implorant (prière de l’église), langoureux (désir amoureux) et surtout « concitato » (agité, celui énergique du combat : écouter ici le fameux Combattimento di Tancredi e Clorinda de 1638), Monteverdi maître d’une nouvelle harmonie, plus riche en accords dissonnants assumés, invente littéralement la langue lyrique, alors façonnée pour exprimer l’intensité du drame musical.
En 2017, l’inventeur de l’opéra aurait eu 450 ans. Ses drames fascinent toujours autant…
Dramma in musica : ainsi est posé clairement les composantes de l’esthétique dite baroque ; où la musique est servante du texte ; la force du verbe prime sur tout ; pour en articuler le message, le sens du théâtre montéverdien se dote d’une basse continue, soutien harmonique sur lequel le chant libéré, peut désormais exprimer le chant d’un personnage de plus caractérisé. Cette conception esthétique est l’aboutissement d’une très longue évolution et d’une recherche expérimentale constante dont rendent compte les LIVRES DE MADRIGAUX du compositeur. De ses premières années de musicien en quête d’une identité jusqu’aux accomplissements de la pleine maturité, – madrigaux des Livres I, II, III, IV et V, puis fixant les règles de la monodie et de la basse continue naissants, – madrigaux dramatiques, antichambre de l’opéra nouveau : Livres VI, VII, VIII, Monteverdi prépare sa propre langue lyrique, à partir des avancées réglées dans ses madrigaux. Comme Strauss s’est d’abord ciselé son propre langage orchestral dans es poèmes symphoniques (si dramatiques) pour mieux réussir ses opéras qui ont suivi (avec le triomphe que l’on sait, dès Elektra et Salomé). Même principe préparatoire chez Monteverdi, chez lequel, la matière expérimentale des madrigaux a pu affiner toute l’approche du drame musical et lyrique…
A Mantoue où il sert un duc ingrat, incapable de mesurer le génie du compositeur qui le sert, puis surtout à Venise, où il connaît enfin la gloire, Monteverdi qui s’est converti, devenant Prêtre, édifie un théâtre nouveau propre aux années 1640 (Le Couronnement de Poppée, puis Le Retour d’Ulysse dans sa patrie), cycle ultime, porteur d’une sensualité souveraine et aussi d’un cynisme philosophique en liaison avec la pensée vénitienne du XVIIè. Son travail prolonge le souci de cohérence et d’unité dramatique tel qu’il l’avait déjà fixé dans le premier véritable opéra de l’histoire : Orfeo en 1607. A travers ses drames musicaux, même si beaucoup ont été perdus, se dessine une cohérence absolue de la pensée musicale et dramatique.
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MONTEVERDI 2017 / FEUILLETON 1 : Histoire et œuvre de Monteverdi : l’odyssée madrgalesque, l’Orfeo, les Vêpres… LIRE le feuilleton 1 : d’Orfeo au Vespro, Claudio Monteverdi à Mantoue… Monteverdi est le premier génie baroque italien, d’une modernité inédite alors. Il permet le passage de la Renaissance au Baroque, c’est à dire de l’abstraction polyphonique (XVIè) à l’esthétique monodique (XVIIè), où une voix haute incarne le chant de plus en plus individualisé de l’âme humaine (sur une basse continue, qui en assure l’accompagnement harmonique : ce type d’écriture libère désormais la ligne du dessus, dévolue désormais à l’expression des passions humaines. Une telle transformation esthétique se lit aussi en peinture quand à la même époque, – approximativement, c’est à dire presque 20 ans avant Monteverdi, Caravage à Rome – soit dans les années 1590 (à l’église Saint-Louis des Français principalement), réalise ses compositions où dans une dramatisation nouvelle de la figuration, ombre et lumière, surgit le réalisme du portrait : immédiatement, le peintre incarne des personnages bibliques et christiques en leur conférant une intériorité humaine jamais vue auparavant (on dit qu’il embauchait pour les peindre, des gens de la rue, pour portraiturer ainsi Madeleine, La Vierge, le Christ, Pierre, ou les Pèlerins…
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CD, rééditions, livres, parutions Monteverdi en 2017 : bilan des parutions célébrant Monteverdi en 2017
COFFRET MONTEVERDI / RICERCAR (7 cd)
CD, coffret, annonce critique. MONTEVERDI : The Heritage of Monteverdi. La Fenice, Jean Tubéry (7 cd Ricercar). Avant de défricher des oeuvres plus récentes, L’ensemble La Fenice au tournant des années 1990-2000 s’est taillé une solide réputation grâce à son sens de la ciselure expressive et instrumentale au service de l’Italie Baroque… A l’époque La Fenice était un ensemble reconnu pour son éloquente articulation des passions du premier baroque, -soit le XVIIè italien ou Seicento, le corniste et pilote de son propre ensemble instrumental, Jean Tubéry « osait » rétablir Monteverdi dans son époque en dédiant un cycle entier à « l’héritage du compositeur crémonais » dont chacun après lui, ou dès son contact, ciselait davantage les vertiges sensuels et expressifs de la langue amoureuse, qu’elle soit ivre de langueur ou animé par une férocité jalouse. EN LIRE +
NOUVEAUTES 2017 / :
CD, compte rendu critique. MONTEVERDI : Balletti & Sonate (Clematis, — 1 cd Ricercar 2016). CLIC DE CLASSIQUENEWS d’avril 2017. Qui était le jeune Claudio Monteverdi, violiste talentueux venant de sa Crémone natale (né en 1570), quand il rejoint la Cour ducale de Mantoue ? Alors que règnent d’autres instrumentistes compositeurs dont le violoniste Salomone Rossi (de trois ans son cadet, né en 1570), le Crémonais âgé de 23 ans lors de son recutement à la cour ducale (1590) joue de viola « alla bastarda » ou « vioula » ; ainsi paraît-il dans un tableau de cette période (cf. illustration ci dessous d’un musicien de Crémone avec une viole de gambe). Déjà auteur des deux premiers Livres de Madrigaux (I et II, respectivement de 1587 et donc 1590 quand il arrive à Mantoue), Monteverdi s’impose alors immédiatement par une opulence et un souffle inédit qui restitue tout son relief, éloquence et sensualité à la langue mise en musique ; ainsi s’affirme dans la continuité des oeuvres préalables de Rossi, l’invocation linguistique de Tempro la cetra (VIIè Livre de madrigaux, 1619, édité alors que le compositeur mûr est maître de chapelle à San Marco de Venise), d’une puissance hallucinée inouïe alors. Là se déploie la lyre amoureuse en l’honneur de Mars ; là les mots enivrés frappent comme des armes, et les cordes finales, également incisives et d’une souplesse qui captivent, s’imposent désormais comme le chant d’Orphée à Pluton (et Proserpine). Et l’on se rend compte à tel point l’écriture de Monteverdi était moderne, mais aussi tout entière comme Mozart, dédiée à l’amour… EN LIRE +
REEDITION MAJEURE. LE TEMPS DE MONTEVERDI / The time of Monteverdi (8 cd Ricercar). Edité en mars 2016 déjà, ce coffret somptueusement éditorialisé par Ricercar et avec un texte fourni de Jérôme Lejeune demeure une clé d’accès et de compréhension pour l’oeuvre de Monteverdi, idéale car au livret important illustré de tableaux du peintre Caravane (le sensuel et si poétique ange musicien du Repos pendant la fuite en Egypte) qui a révolutionné lui aussi mais un peu plus tôt (25 années auparavant) le langage pictural, l’éditeur ajoute un volume regroupant tous les cd, soit 8 galettes qui concentrent les meilleures interprètes baroques et de musique ancienne du label belge. LIRE notre présentation et compte rendu complet / coffret CLIC de classiquenews 2016. LIRE la présentation critique complète du coffret le Temps de Monteverdi / The time of Monteverdi
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AGENDA MONTEVERDI 2017 (opéras, concerts Monteverdi à ne pas manquer en 2017) :
MONTEVERDI 2017. Nouvel Ulysse à PARIS, TCE
PARIS, TCE. Monteverdi : Ulisse, 28 février-13 mars 2017. Chanteur vedette de la production parisienne, le ténor franco mexicain Rolando Villazon, interprète du rôle-titre : Ulisse / Ulysse, héros accablé mais digne et courageux-, mène une manière de thérapie vocale depuis plusieurs années… Plus de rôles trop lourds pour lui, mais un choix de répertoire qui reconstruit et préserve une voix demeurée entière ; soit Mozart à Baden-Baden où il poursuit l’enregistrement sur le vif des grands opéras de Mozart (Titus dans La Clémence de Titus, les 6 et 9 juillet 2017); et avec Emmanuelle Haïm, une aventure initiée depuis 2006, qui le mène aujourd’hui sur les rives monteverdiens, à Paris, à partir du 28 février. Avec la chef d’orchestre, le ténor modifiant couleurs, maîtrisant autrement son vibrato (avant assez envahissant), renouvelle sa technique et son style. Il a chanté la partie du narrateur (Testo) dans Le combat de Tancrède et Clorinde (en 2006). Il a découvert les délices du chant montéverdien où la langue et son articulation sensuelle priment avant tout. Où le chant et l’orchestre, la musique et le théâtre fusionnent totalement, dans un spectacle poétique qui mêle alors les genres : tragique, pathétique, comique, amoureux… EN LIRE +
Les 12, 13 et 14 mai 2017 – FESTIVAL MUSIQUES EN NOS MURS 2017 à BAR LE DUC (55), en Meuse (LORRAINE) entre Reims et Nancy, le village Renaissance de Bar le Duc, accueille 3 jours de concerts, rencontres, ateliers et conférence, autour principalement de la figure centrale, géniale du compositeur crémones, CLAUDIO MONTEVERDI (le thème est précisément : « MONTEVERDI EN SON JARDIN »)… Tout est dit — Infos et présentation du festival MONTEVERDI EN SON JARDIN A BAR LE DUC … EN LIRE +