jeudi 18 avril 2024

COMPTE-RENDU, Opéra. BORDEAUX, le 16 octobre 2018. OFFENBACH : La Périchole. Extrémo, Minkowski, Gilbert.

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COMPTE-RENDU, Opéra. BORDEAUX, le 16 octobre 2018. OFFENBACH : La Périchole. Extrémo, Minkowski, Gilbert.

» Anegada en lágrimas de ternura, acompañó al Santo de los Santos, arrastrando por las calles sus encajes y brocados; y no queriendo profanar el carruaje que había sido purificado con la presencia de su Dios, regaló en el acto carruaje y tiros, lacayos y libreas a la parroquia de San Lázaro »

Ricardo PalmaGenialidades de la Perricholi

   

Ricardo Palma, avec ses « Curiosités de la Perricholi » a immortalisé littérairement la figure de l’actrice et demi-mondaine Péruvienne Micaela Villegas, dite la Perricholi. Cette femme aux mœurs légères et au talent histrionique indéniable, a fait amende honorable dans l’extrait ci-dessus en offrant son carrosse au transport du Saint Sacrement. Cet épisode a inspiré directement Prosper Mérimée pour sa pièce « Le carrosse du Saint-Sacrement » dans son Théâtre de Clara Gazul.

     

AMOUR, GLOIRE ET BEAUTÉ AU PAYS DES CITÉS D’OR

     

offenbach-violoncelle-dossier-offenbach-2018Au delà des libertés prises par Mérimée, dont le changement de nom du Vice-roi Amat en Ribeira, la célèbre Perricholi est devenue Périchole. Et le surnom est cocasse puisqu’il fait allusion à l’injure que le vice-roi excédé a proféré lors d’une énième dispute avec Micaela Villegas : « Perra chola », avec l’accent catalan d’Amat : « Perri choli » et avec les déformations des siècles et des langues cet insulte (« chienne de créole ») est devenu le personnage Périchole (la prononciation exacte serait « ch » et non pas « k »). Après bien de versions mémorables telle celle de Michel Plasson avec Berganza et Carreras ou la très parodique avec Sheila et Marcel Aumont / Nana Mouskouri et Thierry Le Luron, enfin, les amoureux d’Offenbach ont une très belle nouvelle version de cet opéra comique aux épices sud-américaines! … D’abord concert au Festival de Radio-France Montpellier/Occitanie en juillet 2018, cette Périchole est devenue une production scénique grâce à la volonté de Marc Minkowski. Volonté qui a étonné les membres de l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine. Cette invitation inespérée des Musiciens du Louvre pour ouvrir la saison Bordelaise a été prise comme un affront par les musiciens de l’ONBA. Si bien la maladresse est surtout l’origine de ce conflit, cela n’empêche de se questionner sur l’ouverture des maisons d’opéra à d’autres orchestres pour intégrer des coproductions. La question reste ouverte.

Quoi qu’il en soit, la qualité certaine du projet a réussi la résurrection de La Périchole avec des couleurs proches de ce que semblait avoir imaginé Offenbach.

Premièrement l’orchestre des Musiciens du Louvre est idéal pour ce répertoire et demeure une source de nuances et de dynamisme qui conviennent tout à fait à l’esprit de l’œuvre. Malgré une balance un peu déséquilibrée entre la fosse et le plateau, on apprécie l’énergie et le rendu enthousiasmant.

Marc Minkowski relève le défi malgré des moments où l’on aurait souhaité un peu plus de précision dans le geste et un petit peu moins de célérité dans certains tempi.

La mise en scène (une mise en espace +++). Romain Gilbert remplace le décor exotique Péruvien dans le clair-obscur à paillettes des clubs interlopes du Paris coquin. On peut accepter que le temps a joué contre une mise en scène aboutie mais, hélas on remarque toutefois un manque d’imagination qui plonge l’histoire dans la caricature et, parfois, le contre-sens… cessera-t-on un jour de vouloir rendre la musique lyrique légère tout à fait «divertissante » et gratter sous le vernis toute la sensibilité qui y demeure? Paris ouverts!

Le cast est équilibré et malgré la prestation en demi teinte d’Aude Extrémo, souffrante, nous remarquons à la fois les qualités vocales et histrioniques de tout le plateau vocal.

Or se détache notamment l’extraordinaire Piquillo de Stanislas de Barbeyrac. Avec une aisance théâtrale sans faute et une présence scénique élégante et comique, le jeune ténor campe le rôle dans toute l’étendue vocale de la partition qui est loin d’être facile. Il offre un Piquillo au faite de la musicalité et des phrasés d’une richesse exceptionnelle. Qu’on lui propose encore et encore de nous faire frissonner avec autant de beautés.

On remarque aussi l’extraordinaire Alexandre Duhamel en Vice-roi déchaîné et nymphomane. Le timbre est riche et chaleureux, nous nous réjouissons de le retrouver dans le comique après sa prestation remarquée à Montpellier dans Kassya de Delibes.

Nous remarquons aussi Enguerrand de Hys, Marc Mauillon et Eric Huchet ainsi que les « girls » Mélodie Ruvio, Olivia Doray et Julie Pasturaud.

Cette belle distribution était à la hauteur du défi lancé à la postérité. Heureusement, nous retrouverons très bientôt les aventures de l’inénarrable Perricholi dans les bacs… peut-être une idée cadeau pour Noël ? A suivre.

       

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MARDI 16 OCTOBRE 2018 – 20H – GRAND THEATRE DE BORDEAUX

Jacques Offenbach
La Périchole (1874)

La Périchole – Aude Extrémo
Piquillo – Stanislas de Barbeyrac
Don Andrés de Ribeira – Alexandre Duhamel
Don Miguel de Panatellas – Eric Huchet
Don Pedro de Hinoyosa – Marc Mauillon
Le Marquis/Premier notaire – Enguerrand de Hys
Second Notaire – François Pardailhé
Guadalena/Manuelita – Olivia Doray
Berginella/Frasquinella – Julie Pasturaud
Mastrilla/Ninetta – Mélodie Ruvio
Brambilla – Adriana Bignagni Lesca

Choeur des Musiciens du Louvre
Les Musiciens du Louvre

direction – Marc Minkowski
Mise en scène – Romain Gilbert

     

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