vendredi 19 avril 2024

COMPTE-RENDU, critique, récital. GSTAAD, Gstaad Menuhin Festival le 24 août 2019. BACH, STRAVINSKY, FRANCK. Rochat /Jauregui.

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COMPTE-RENDU, critique, récital. GSTAAD, Gstaad Menuhin Festival & Academy. Chapelle de Gstaad, le 24 août 2019. BACH, STRAVINSKY, FRANCK. Nadège Rochat, Judith Jauregui. Le concert rassemble Nadège Rochat, espoir du violoncelle helvétique, et Judith Jauregui, la lumineuse et puissante pianiste espagnole dont la carrière est prometteuse. La charmante et minuscule chapelle, couverte de bardeaux, de Gstaad, en est le cadre. Son acoustique généreuse dessert quelque peu les artistes, quels que soient leurs efforts pour ménager les contrastes : les nuances les plus ténues sonnent comme des mezzo-forte… Trois transcriptions sont au programme, signées des meilleurs (Fournier, Piatigorsky). Le violoncelle ancien que joue Nadège Rochat sonne merveilleusement dans tous les registres, avec une chaleur et une franchise rares, du baroque au contemporain.

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C’est à Pierre Fournier, le grand violoncelliste genevois que l’on doit la transcription du choral pour orgue « Herzlich tut mich verlangen » de Bach (BWV 727). L’effusion pieuse, le lyrisme sont servis par l’émouvante réserve des interprètes : on est plus proche de l’esprit du transcripteur que de celui du choral de Weimar, mais l’émotion est sauve, dans le dépouillement et la clarté des lignes contrapuntiques.
La Suite italienne, que Stravinsky tira de Pulcinella à la demande de deux violonistes est davantage connue dans ces premières versions que dans celle de Piatigorsky et du compositeur (de 1934), et c’est bien dommage. Car il y a réécriture de l’ensemble, avec une aria grotesque ajoutée, dans un ordre modifié. Les deux jeunes femmes ont en partage l’énergie ; elles s’en donnent à cœur joie dans cette version contrastée où l’énergie bondissante le dispute à la poésie et au rêve. Si on attendait que le balancement de la sicilienne soit davantage marqué, la tarentelle, virtuose à souhait nous comble d’aise.

Malgré l’éblouissement provoqué par cette splendide interprétation, c’est avec la célèbre Sonate de Franck que culmine le concert. Dès l’allegro moderato, cela chante avec plénitude, grâce et souplesse ; c’est construit, puissant. Du piano de luxe, un violoncelle souverain. L’allegro est flamboyant, d’un romantisme assumé, au lyrisme constant : l’émotion est bien là. Souriant, insouciant comme d’une force inouïe, le recitativo fantasia qui suit est conduit magistralement. Quant au finale, avec son rondo canonique que chacun a en mémoire, c’est un pur bonheur. La vigueur, l’énergie, mais aussi la sensibilité, la tendresse des deux musiciennes se conjuguent idéalement. Leur entente est parfaite.

Quand aurons-nous la chance de les écouter en France ? Le public, conquis, leur réserve de longues acclamations. En bis, Nadège Rochat offre le prélude de la 4ème suite en mi bémol, de Bach, dans lequel elle confirme l’excellence de son jeu et de sa musicalité. Nous lui souhaitons une carrière – déjà riche – à la hauteur des espérances qu’elle suscite.

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COMPTE-RENDU, critique, récital. GSTAAD, Gstaad Menuhin Festival & Academy. Chapelle de Gstaad, le 24 août 2019. BACH, STRAVINSKY, FRANCK. Nadège Rochat, Judith Jauregui. Crédit photographique : Albert Dacheux 2019

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