samedi 20 avril 2024

COMPTE-RENDU, Concert. MONTPELLIER, le 13 juillet, 20h. Midnight Sun, K Järvi, M Samuelsen.

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COMPTE-RENDU, Concert symphonique, MONTPELLIER, Festival Radio France, Occitanie, Montpellier, Le Corum-salle Berlioz, samedi 13 juillet, 20h.  Midnight Sun, Kristjan Järvi, Mari Samuelsen
. Le Festival Radio France, Occitanie, Montpellier nous vaut – comme depuis 34 ans – un nombre considérable de concerts tant dans la capitale occitane que dans la grande région. Nombre de grandes formations symphoniques s’y relaient, pour notre plus grand bonheur. Ce soir, le programme, intitulé « Midnight Sun », nous permet d’écouter cinq œuvres de compositeurs baltes contemporains, puis la célébrissime suite de L’Oiseau de feu, de Stravinsky.
A quoi reconnaît-on un miracle ? Pour n’être pas théologien, on sort bouleversé, avec la conscience d’en avoir été témoin. Puis, on s’interroge sur ses conditions ou ses causes. Ce concert succède à celui dirigé la veille par le géant Neeme Järvi, à la tête de l’Orchestre symphonique national d’Estonie.

 

 

Témoins d’un miracle symphonique…

 

Kristjan Järvi, démiurge, anime, libère la musique

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Du reste, le grand chef assiste ce soir au concert que dirige son fils cadet, Kristjan, et, à son terme, manifestera son émotion et son admiration. Le lendemain, ce sera le tour de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, sous la baguette de Tugan Sokhiev. On sait que, sous la direction de Michael Schonwandt, l’Orchestre national de Montpellier s’est hissé à un niveau que pourraient lui envier nombre de formations symphoniques. Ce soir, la communion, entre cette formation, qui joue chez elle, et Kristjan Järvi est incroyable, comme si le chef et les musiciens avaient travaillé depuis des années dans une confiance et une admiration réciproques.
Si les noms de Rautavaara et d’Arvo Pärt sont maintenant connus d’un large public, ceux de Max Richter, de Peteris Vasks, et de Krisjan Järvi – dont on ignorait qu’il écrivait – le sont beaucoup moins. Le chef a choisi d’enchaîner les pièces de la première partie comme s’ils s’agissait de mouvements d’une vaste symphonie singulière. Les œuvres s’y prêtent aisément par leur écriture et leur ancrage dans une tradition symphonique qui dépasse largement l’héritage de Sibelius et des compositeurs scandinaves.
Le Cantus arcticus, de Rautavaara, ouvre cette partie. Des enregistrements de chants d’oiseaux du nord de la Finlande vont se mêler à la trame orchestrale, pour chacun des mouvements, conférant à cette musique à la fois une sérénité planante et une vie frémissante, d’une grande séduction. L’immense crescendo, suivi de son extinction progressive, des « Cygnes migrant » nous emporte dans un univers magique, onirique. Lonely Angels, de Peteris Vasks, fait intervenir la violoniste Mari Samuelsen, d’une virtuosité phénoménale, qui ne quittera plus l’orchestre. L’écriture, tonale, dépouillée, n’est pas sans rappeler le lyrisme de l’Adagio de Barber. Les pédales intérieures, les valeurs longues des basses, et le frémissement des nappes des ostinati aériens et décoratifs des cordes, réapparaîtront au fil des pièces suivantes, autorisant cet enchaînement harmonieux.
Suit le Dona nobis pacem, de Max Richter, où la harpe se joint aux cordes. C’est une sorte de passacaille, dont la progression – imperturbable et chargée de séductions – renvoie à certaines pièces baroques telles qu’on les jouait il y a cinquante ans. C’est aussi l’occasion pour la soliste de briller par son jeu d’une technique superlative. Fratres, célèbre entre toutes les œuvres d’Arvo Pärt, est ici déclinée dans une version pour violon solo, en harmoniques, mais privée de ses vents.

Enfin, Aurora, de Kristjan Järvi, nous entraîne de nouveau dans le grand nord, avec ses forêts immenses, la neige, l’aurore d’un jour interminable, intégrant des éléments dansants (qui font penser à Hugo Alfven). La paix, la sérénité, l’immensité, la grandeur, avec des bouffées lyriques, intenses, sont ici inimitables : on plane, et le public, conquis, fait un triomphe aux interprètes.
L’Oiseau de feu est dans toutes les oreilles, depuis l’évocation de la forêt enchantée de l’introduction, à la danse de l’oiseau de feu, à la ronde des treize princesses qui disparaissent au lever du jour, la plus belle s’étant éprise d’Ivan. Mais c’est surtout la formidable Danse infernale de Katschei, avec ses ponctuations telluriques, qui marque les esprits. La berceuse, provoquée par l’oiseau pour plonger Katschei et sa horde dans un profond sommeil, ouverte par les bassons et la harpe, est d’une beauté stupéfiante, avant le majestueux final. Kristjan Järvi, démiurge, fédère, anime avec une souplesse, une liberté, un épanouissement rares. Il accompagne chacun, dosant, modelant avec subtilité, organisant le propos avec un art consommé. Le geste est sobre, expressif à souhait, engageant tout le corps, délivré des partitions qu’il a parfaitement intégrées jusqu’au moindre détail : la vie a-t-elle été plus intense ? Même familier du texte, on croit redécouvrir l’œuvre. On entend tout, chaque soliste est parfait, la dynamique constante, du triple piano au triple forte. Les musiciens jouent avec le chef, se prenant manifestement au jeu avec un bonheur et un rayonnement exceptionnels. Une soirée mémorable, comme on les compte sur les doigts d’une main !

 

 

 

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COMPTE-RENDU, Concert symphonique, MONTPELLIER, Festival Radio France, Occitanie, Montpellier, Le Corum-salle Berlioz, samedi 13 juillet, 20h.  Midnight Sun, Kristjan Järvi, Mari Samuelsen. Illustrations : Kristjan Järvi, chef et compositeur © Marc Ginot

 
 
 
 

DIFFUSION SUR FRANCE MUSIQUE

Programme diffusé sur FRANCE MUSIQUE, mer 31 juillet 2019 à 20h
Concert donné le 12 juillet 2019 à 20h à l’Opéra Berlioz de Montpellier
dans le cadre du Festival Radio France Occitanie Montpellier

 
 

CONCERT :  »Midnight Sun »

 

Einojuhani Rautavaara
Cantus Arcticus, Concerto pour oiseaux et orchestre op. 61

1. Suo (Le Marais)

2. Melankolia (Mélancolie)

3. Joutsenet muuttavat (Cygnes migrants)

 

Kristjan Järvi
Aurora pour violon et orchestre
Arrangement de Charles Coleman (2016)

 

Arvo Pärt
Fratres pour violon, percussion et orchestre à cordes

 

Peteris Vasks
Lonely angel, méditation pour violon et orchestre à cordes

 

Max Richter
Dona nobis pacem 2 pour violon et orchestre
Mari Samuelsen, violon

 

Igor Stravinsky

L’oiseau de feu, suite
Introduction – Danse de l’Oiseau de feu – Variations de l’Oiseau de feu • Pantomime I • Pas de deux : l’Oiseau de feu et Ivan Tsarévitch • Pantomime II • Scherzo : danse des Princesses • Pantomime III • Khorovode des Princesses • Danse infernale de Kachtchei et de ses sujets • Berceuse • Finale

 

Orchestre national Montpellier Occitanie
Direction : Kristjan Järvi

 

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