vendredi 4 octobre 2024

CD événement, critique. LA PATIENCE, Gabriel Sivak (1cd KLARTHE records, enregistrements 2010 – 2018)

A lire aussi

Patience gabriel sivak cd klarthe critique classiquenewsCD événement, critique. LA PATIENCE, Gabriel Sivak (1cd KLARTHE records, enregistrements 2010 – 2018). Superbe monographie des pièces de l’Argentin Gabriel Sivak. C’est un compositeur qui plonge dans les possibles et les ressources du rêve… qui s’obstine mais avec patience, à délivrer quelques clés pour la paix universelle. De tous les mondes sonores enchainés ici et formant une stimulante monographie sonore, il ressort une qualité motrice à l’amorce de tout épanouissement musical : l’émerveillement. C’est le cas des espoirs contenus et cristallisés par le chœur des enfants de la Patience (qui donne le titre du présent cd), récit murmuré, enchanté ponctué par le quatuor à vent, d’une activité électrique onirique ; la pièce qui donne le titre de l’album indique clairement un programme divers, faussement éclectique dont la faculté à stimuler l’imagination reste primordial et vitale.
Le caractère de Voyelles d’après Rimbaud est plus onirique et atmosphérique, plus harmonique que vraiment linguistique, d’une ivresse comme aspirée et verticale, parfaitement défendu par les 10 femmes, anciennes chanteuses de la Maîtrise de Radio France (qui en a passé commande au compositeur)

ONIRISME en facettes
les mondes enchantés de Gabriel Sivak

sivakPlus sinueux à travers la voix haut percée et cristalline de la soprano, To my Wife (The Loveless land), épouse les éthers rêvés, échafaudés par le poète Oscar Wilde, dont la texture comme étrange et même parfois inquiète, est tissée aux deux voix solistes soprano et ténor sur un piano diaphane, cristallin mais en activité perpétuelle. C’est pour nous la pièce fugace, évanescente la plus captivante au sens strict. Car elle mêle avec délices et hédonisme formel, la stridence inquiète (qui renvoie à la sexualité maudite et aux humiliations dont fut victime le poète écrivain britannique) et un caractère étranger, purement poétique quasi inaccessible. Entre douleur et abstraction.
Tout aussi éperdus, vrais appels aux rêves ou au songe éveillés, les trois instants oniriques / « Tres Instantes Oniricos », chantés en espagnol : s’y joue le combat perpétuel entre amour et mort (« Creía yo » / j’y croyais moi), en tensions et détentes perlées et micro cellules musicales qui disent une activité permanente, souterraine de l’intime… superbement exprimée par le trio : Patrick Langot (violoncelle), Romain David (piano) et la soprano Maya Villanueva,… trois passeurs manifestement touchés par la grâce en miniature de ces trois pièces dont ils ont passé commande (2016). Distinguons de la même façon le caractère scintillant et hyperactif, murmuré, vibratile du dernier épisode « De los alamos » (Des peupliers) : hymne halluciné éprouvé sur le motif naturel (Sivak y révèle et déploie une sensibilité ravélienne). Superbe évocation d’une pure expérience de Nature., avec pour la soliste, la maîtrise naturelle de la voix parlée, déclamée, chantante…

Comme pour exprimer la matière des nuages (« Le raboteur des nuages »), Gabriel Sivak inspiré par un poème de Gilles de Obaldia, a recours aux ondes Martenot, et leurs lignes infinies non vibrées qui créent des sons perchés, mystérieux, incisifs, d’une grande qualité onirique là encore, où s’accrochent le texte chanté et dit par le chœur (l’homme a la clé de son bonheur).

CLIC_macaron_2014Pour les amateurs de slam, au texte permanent, sur un tapis orchestral ciselé, les deux pièces pour chanteur et orchestre (« L’homme-qui-écrit », puis « Où est ma muse ? » dit ici par le slameur Ganji) confirment les thèmes qui inspirent Sivak : la création expose les sujets du rêve ; le rêve réalise les aspirations de l’être ; le créateur a la capacité d’ouvrir la grande boîte de Pandore et d’exprimer par le chant des instrument, ce langage de révélation… Pour Sivak, le compositeur ne serait-il pas ce passeur enchanté, grand révélateur des mondes invisibles ? ; il est cette pythie moderne qui dans la matière du rêve, détecte et transmet les clés d’un monde parfait. Le programme offre un cycle des plus complets des récentes pièces élaborées par le compositeur contemporain. Les 7 séquences enregistrées entre 2010 et 2018 offrent une première monographie : corpus éclairant, lumineux, d’une riche vie intérieure. CLIC de CLASSIQUENEWS avril 2019.

________________________________________________________________________________________________

CD événement, critique. GABRIEL SIVAKLA PATIENCE, Formes de la voix (1 cd KLARTHE records, enregistrements 2010 – 2018 – 51 mn). illustration : Gabriel Sivak (DR)

________________________________________________________________________________________________

Programme / 7 séquences :

Berceau de nuit
Voix de bébé : Héloïse Sivak

La patience – Commande de l’institut français d’art chorale
Chœur d’enfants de bourg La reine et quatuor a vents du C.R.R. de Paris / Direction : Emmanuèle Dubost et Aude Glatard

Voyelles – Commande de la Maîtrise de Radio France
Anciennes chanteuses de la Maîtrise de Radio France / Piano : Agnès Bonjean / Direction: Emmanuèle Dubost

The loveless land
Soprano : Maya Villanueva / Ténor : Pierre Antoine Chaumien / Piano : François Henry

Tres instantes Oníricos  / Commande de Patrick Langot, Maya Villanueva et Romain David
Soprano : Maya Villanueva / Violoncelle : Patrick Langot / Piano : Romain David

Le raboteur de nuages  /  Commande de Chœur en scène
Chœur en scène sous la direction d’Emmanuèle Dubost / Nadia Ratsimandresy : Ondes Martenot / Florence Bourdon : Harpe

Deux pièces pour chanteur de Slam et Orchestre
Commande de l’Orchestre de Picardie / Textes : Ganji / Direction : Arie Van Beek / Ganji : Chant
________________________________________________________________________________________________

+ d’infos sur le site du label KLARTHE records
http://www.klarthe.com/index.php/en/records-en/musique-de-chambre/la-patience-detail

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, concert. PARIS, Philharmonie, le 2 oct 2024. MAHLER: Symphonie n°9. Orchestre de Paris / Klaus Mäkelä (direction).

  La Neuvième symphonie de Gustav Mahler fait partie de ces œuvres monumentales que l’on n’entend en concert que deux...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img