mardi 19 mars 2024

CD, critique. Francesco Tristano, piano : TOKYO Stories (1 cd SONY classical, sept 2018).

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FRANCESCO-TRISTANO-cd-critique-piano-critique-classiquenews-sony-mai-2019-francesco-tristano-piano-ft_tokyo_stories_cover600CD, critique. Francesco Tristano : Tokyo Stories (1 cd SONY, Tokyo, oct 2018). Au registre piano, Sony classical mise sur deux « jeunes » figures, affirmant la sainte vertu (marketing?) de l’équation : juvénilité et inspiration. Aux côtés de la pétaradante et parfois surexpressive Khatia Buniatishvili, Francesco Tristano (né en 1981) relève d’une inspiration autre, plus subtile à notre avis, essentiellement intérieure, et ici, époque digitale et people oblige (voir l’activité des réseaux twitter, instagram et autres, plus image que texte, c’est à dire humeur que sens), d’une autocélébration qui confine au narcissisme. Mais l’époque n’est-elle pas à l’intimisme exhibitioniste, au jardin secret (qui ne l’est plus)… aussi le beau pianiste, au look rock androgyne (quand d’autres cultivent le baroque plus précieux, ou le classicisme austère intemporel) écrit donc ses chroniques intimes… à Tokyo. Il en résulte un choix apparemment éclectique voire chaotique de pièces disparates que seul l’humeur et le goût de celui qui les a sélectionnées, unifie et tend à la cohérence. Pour autant tout cela a-t-il du sens ? Du sens justement notre époque hystérique / épidermique, rien qu’émotionnelle et spectaculaire… en manque terriblement. De ce point de vue, le présent disque reflète un travers contemporain.
L’itinéraire prend donc la route d’une évocation personnelle, soit 16 stations musicales, entre compositions personnelles pour piano, références et filiations évocatrices, toutes centrées autour de l’affection que porte le jeune pianiste compositeur pour la capitale nippone (visitée, aimée dès 2000 à 18 ans).

 

 

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Retour en 2009, entre autres, soit après 40 voyages à Tokyo, l’interprète auteur se raconte en « une bande-son » plus qu’intime : personnelle. Ce qui ne manquera pas de déranger les puristes du clavier.
Le piano y est préparé, fusionné à l’électro, aux percussions, selon un séquençage remixé qui se joue des assemblages, des citations, des effets de sonorisations. Tristano déplace le curseur hors classique, en une temporalité et une métrique qui se laisse pénétrées par les courants musicaux actuels des nuits branchées, du jazz aux DJs, avec un goût prononcé (systématique ?) pour la syncope et la pulsion hâchée, un rien hystérique (« Electric mirror »).
Heureusement la plage 8, « Insomnia » envisage des univers planants plus intéressants, entre impro et colorations. Même ivresse plus canalisée avec le concours de la clarinette basse de Michel Portal dans l’évocation du café Shinjuku. Les 16 tableaux revendiquent une introspection allusive, dont la source reste Tokyo. A chacun de se retrouver dans cette jungle personnelle où les traces d’un Japon revisité certes, sont présentes, incarnées, justifiées par le concours des artistes japonais Keiichiro Shibuya (Gate of entry, plage 13), ou Hiroshi Watanabe, dans Bokeh tomorrow (plage 15, la plus enivrante à notre avis et clairement extrême-orientale dans ses recherches de timbres et de spatialisation avec le dernier « hommage à Tokyo » : Kusakabe-san)… Voici l’un des albums les plus personnels du jeune pianiste luxembourgeois Francesco Tristano. Le trentenaire ne finit pas de nous surprendre. Ce qui n’est pas si mal, au sein de la multitude de pianistes classiques qui sont rares à réussir leurs essais comme compositeurs / arrangeurs. A suivre.

 

 

 

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CD, critique. Francesco Tristano, piano : TOKYO Stories (1 cd SONY classical, sept 2018).

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