samedi 7 décembre 2024

CD, compte-rendu critique. Quatuor MORPHING : RAVEL, MENDELSSOHN (Saxophones, 1 cd CLARTE, 2015)

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MORPHING quatuor saxophones RAVEL mendelssohn cd klarthe review cd critique cd CLIC DE CLASSIQUENEWS de fevrier 2018 kla045couv_lowCD, compte-rendu critique. Quatuor MORPHING : RAVEL, MENDELSSOHN (Saxophones, 1 cd KLARTHE). Pari risqué, inédit, original. Surtout réalisation réfléchie et convaincante. Dédié à Fauré, le quatuor de Ravel est une oeuvre de jeunesse qui portée par une fougue nerveuse, virile, musclée, va plus loin que son aîné. Créée à Paris en mars 1904, à l’initiative de la très chauvine « Société nationale », la partition saisit par sa versatilité, ses contrastes, sa très forte caractérisation à travers ses 4 mouvements ; autant de qualités expressives et poétiques qui dévoilent au début du siècle, le génie de Ravel alors âgé de 29 ans. Le presque trentenaire affirme une volonté élégante, parfois affleurant un certain maniérisme mais jamais artificiel. C’est un charme subtil qui polit la forme ; presque secret qui s’écoule pourtant avec une force d’autant plus flexible qu’elle est idéalement restituée par les timbres des 4 saxophones, ici en place du quatuor à cordes traditionnel : chacun y défend une âpreté douce, un mordant velouté qui sied parfaitement à l’esprit de salon, à la convulsion silencieuse, – sensualité souple et voilée, qui détient la clé de ce premier mouvement si coulant et énigmatique du jeune Ravel (deux motifs de l’Allegro moderato).
Plus fougueux, le 2è mouvement en la mineur (assez vif très rythmé), – proche de celui de Debussy, explose littéralement la mécanique vibratile ravélienne, à nouveau très flexible et aussi incroyablement caractérisée. Les hanches renforcent les aspérités de la sonorité, le caquetage ondulant des timbres mêlés, le rire presque ironique des pizzicati. Brillant contraste avec l’Adagio qui suit (très lent), plus onctueux encore que le premier mouvement. Enfin, les saxos sculptent entre volupté, sarcasmes, plénitude âpre l’énergie parfois cursive du dernier « Vif et agité », dont ils font un crépitement perpétuel. Audace d’une juvénilité qui fait rupture, l’écriture du premier Ravel affirme un tempérament d’acier, angulaire et structuré, pourtant d’un éclat et d’une fluidité remarquables. Les saxophones ne font pas que relire un texte très vu et compris ; ils en révèlent son esprit fougueux ; sa nature étincelante et fuselée grâce à la couleur et au seul grain de chaque instrument. On s’offre ainsi une réécoute qui dépoussière les préjugés et les idées reçues : l’âpreté qui s’en dégage renforce les qualités expressives, la lisibilité des sections rythmiques, l’intelligence du plan et la fabuleuse logique développée par le jeune compositeur.
Dans les pièces de Mendelssohn, le jeu et la complicité des quatre instrumentistes se fluidifient encore davantage (belles nuances du cantabile), intégrant cette joie lumineuse qui fonde aussi l’insouciance jaillissante de l’auteur de Songe d’une nuit d’été. Les quatre épisodes constituant ses Pièces pour Quatuor à cordes opus 81, gagnent dans cette transcription subtile, une énergie à l’expressivité aussi coulante que mordante en particulier dans les deux derniers morceaux : Capriccio puis Fugue, d’une lisibilité contrapuntique idéale. La sûreté stylistique des quatre musiciens du QUATUOR MORPHING, leur évidente complicité touchent et ensorcèlent. Adolphe Sax l’inventeur et l’esthète bien connu, père des instruments aurait été comblé comme nous par l’approche : la rondeur cuivrée, boisée, intense (si caractérisée en timbre et intensité) de chaque saxo offre désormais de nouvelles perspectives et potentialités au monde de la transcription. Les partitions ainsi régénérées vivent une seconde existence. Belle réalisation pour un nouveau type de quatuor instrumental. A suivre évidemment.

 

 

 

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CLIC_macaron_2014CD, compte rendu critique. QUATUOR MORPHING (saxophones soprano, alto, ténor et basse). Ravel, Mendelssohn (1 cd KLARTHE records) — enregistrement réalisé à la ferme de Villefavard en novembre 2015. CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2018.

 

 

Quatuor à cordes en fa majeur opus 35 – Maurice Ravel
Quatre pièces pour quatuor à cordes opus 81 – Felix Mendelssohn

Quatuor Morphing
Saxophone soprano : Christophe Grèzes
Saxophone alto : Eddy Lopez
Saxophone ténor : Anthony Malkoun-Henrion
Saxophone baryton : Matthieu Delage

 

 

 

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