Charles Simon Catel
(1773-1830)
Semiramis
Lundi 25 juillet 2011 à 20h
Direct depuis Montpellier, création (version de concert)
Le genre tragédie lyrique sort directement de la grande tradition monarchiste et officielle, créé au XVIIè pour Louis XIV par Lully, sublimé au XVIIIè par Rameau, illustré encore à la fin du siècle des Lumières par Gluck et aussi Grétry (dont une sublime Andromaque a été également avec le soutien du Palazzetto Bru Zane Centre de Musique Romantique Française, exhumée il y a peu de temps). Au début du XIXè, la forme n’a pas disparu, elle a comme à son habitude évolué: créée en 1802 à l’Opéra de Paris, Sémiramis de Charles-Simon Catel un regain du genre. Catel avant Berlioz se passionne en particulier pour la tragédie révisée par Gluck.
Catel avant Rossini
Fidèle au genre noble, la partition en 5 actes sait mêler les effets et favoriser la machinerie propice au spectaculaire et au merveilleux: l’Orientalisme y convole avec le pathétique solitaire des héros; et l’intimisme des protagonistes contraste avec l’ampleur des finales d’acte. Marquant la rupture avec l’ancien régime, Catel réactive ce néoclassicisme héroïque et moral dont la nouvelle peinture des passions annonce évidemment le souffle du plein romantisme.
Au sommet de la pyramide des sentiments, règne la reine Sémiramis bâtisseuse et dominatrice à Babylone: Catel offre l’un des premiers grands rôles pour mezo soprano, lyrique et dramatique. Les décors somptueux à l’Opéra de Paris sont façonnés par le grand favori de Napoléon, Percier, lui aussi passionné de colonnes antiques et d’ordre mesuré.
Mais à paris, rien ne se fait sans une instrumentalisation politique: Catel, produit du nouveau Conservatoire, a de nombreux détracteurs qui depuis le parterre saborde la création de Sémiramis: l’ouvrage s’effondre et ne réapparaîtra plus… jusqu’en 2011. D’où l’intérêt de cette résurrection qui fait revivre à nos oreilles le génie harmonique de Catel, servi dans le genre lyrique, par un souci de la prosodie. Dans le goût de Gluck et de Cherubini, Catel sacrifie dès l’ouverture au style monumentaliste. Voilà qui nuance notre connaissance du style musical Empire.
Le livret suit la pièce de Voltaire (1748) et l’ouvrage de Catel précède Rossini (Semiramide, 1823). Voici le portrait édifiant d’une Reine de poigne, doublée d’une âme amoureuse et solitaire. Coktail toujours inspirant à l’opéra…
Tragédie lyrique en trois actes (1802)
Livret de Philippe Desriaux d’après Voltaire
Création : 4 mai 1802, Opéra, Salle Montansier, Paris
Maria-Riccarda Wesseling, mezzo-soprano, Sémiramis
José Ferrero, ténor, Arzace
Sarah Pagin, soprano, Azéma
Nicolas Courjal, basse, Assur
Andrew Foster Williams, basse, Oroès
Nicolas Maire, ténor, Cédar
Le Concert Spirituel
Hervé Niquet, direction