Der Freischütz
Obéron
Der Freischütz, 1821
version française de Berlioz, 1841
Créé à l’Opéra de Paris, le 7 juin 1841
Paris, Opéra-Comique
Du 7 au 17 avril 2011
Toulouse, Théâtre du Capitole
Du 19 au 29 avril 2011
Longtemps dans les cours germaniques, le français pour le théâtre et l’italien pour l’opéra, étaient de mise. L’allemand malgré le précédent que fut l’Enlèvemnt au sérail de Mozart, suivi par Fidelio de Beethoven (1815), était indigne des planches, jugé trop populaire par les amateurs de musiques nobles.
A Berlin, alors dirigé par Spontini, l’art lyrique se redéfinit quand triomphe en 1821, Der Freischütz de Weber (1786-1826). Enfin, les amateurs germaniques du genre lyrique peuvent s’y délecter d’une musique allusive et terriblement dramatique, capable d’exprimer l’indicible, de décrypter les signes et symboles de l’univers.
La musique ne reproduit pas: elle souffle le chant essentiel du monde et délivre son mystère. C’est du moins la croyance des frères Schlegel dont les théories préalables ont préparé au triomphe du Freischütz de Weber. Shopenhauer adoptera la même certitude qui place d’emblée la musique et surtout l’opéra au sommet de la hiérarchie des arts. Grâce au mode fantastique et surnaturel, les clés secrètes de l’univers sont dévoilées sur la scène. Pour ETA Hoffmann, l’opéra romantique se devait de réaliser un tel dessein musical et lyrique.
Weber crée cet opéra tant attendu. Déjà en 1816, il dirige la création du Faust de Spohr (d’après Klinger), oeuvre mi parlée mi chantée (singspiel) mais trop mesurée pour incarner le mystère et l’étrange, si chers aux romantiques. Dans la scène de la Gorge aux loups, où paraissent une série de monstres et de fantômes, Weber offre enfin cette musique terrifiante où le tendre et le spectaculaire, le populaire et le savant, le fantastique diabolique et le surnaturel poétique se fondent, portés par un orchestre somptueusement rageur, hyperexpressif. Le chasseur Max s’ingénie à gagner l’amour de la belle Agathe, grâce au concours de Samiel… par le truchement de balles magiques dont l’une démoniaque est destinée à assurer au Diable, l’offrande d’une âme innocente. Grâce à l’ermite, Max pourra épouser Agathe mais après une année d’épreuves cathartiques. Hugo aimait par dessus tout, la noblesse envoûtante des choeurs des chasseurs dans l’insondable profondeur de la forêt…
Weber prolonge même l’écriture du Freischütz vers un opéra totalement chanté, où la musique se déverse en un flux continu, grâce à Euyanthe (1823), comme le fait Spohr dans Jessonda. Mais si le Freischütz est fantastique, Euryanthe est redevable à la lyre chevaleresque. Restait une veine poétique pour Weber: le merveilleux et le féerique, incarnés dans Obéron, créé à Londres en 1826.
Obéron, moins connu que le Freischütz est modifié par Gustav Mahler à l’Opéra de Vienne: les récitatifs sont réorchestrés. Obéron souhaite démontrer le bien fondé de la loyauté et de la fidélité amoureuse. Il s’engage auprès du chevalier Huon qui puni par Charlemagne, doit rejoindre la Cour du Calife de Bagdad pour y tuer son conseiller et épouser la princesse Reizia (fille du Calife). Le preux réussit tous les prodiges, et même tenté voire fourvoyé (un instant) par des épreuves trompeuses (suscité par le messager d’Obéron, l’elfe Puck), il affiche une claire et tenace fidélité à Reizia. Huon est récompensé: il peut rejoindre la cour de Charlemagne, prêt à lui pardonner son offense première. Dans Obéron, Weber cisèle une orchestration raffinée, teintée d’orientalisme. La Féerie amoureuse se fait aussi exotisme onirique. La caractérisation des personnage de Reizia (soprano) et de Huon (ténor) assure l’évolution vocale, des modèles de Mozart (Donna Anna et Tamino) vers les nouveaux types wagnériens à venir (en particulier dans son opéra de jeunesse, Les Fées).
