Dossier Wagner 2013
Les années 1840 à Dresde
Le Vaisseau fantôme, Tannhäuser, Lohengrin… vers le Ring
En 1842, Rienzi avait marqué une première synthèse indiscutable. Mais même s’il reste meyerbeerien, autant que beethovénien, Wagner change ensuite sa manière et la couleur de son inspiration avec Le Vaisseau fantôme: il quitte l’histoire et ses références naturellement pompeuses pour la légende: Tannhäuser et surtout Lohengrin confirment cette direction poétique.
Le Vaisseau Fantôme est créé en 1843 également à Dresde et suscite un scandale: wébérien et surtout wagnérien, l’ouvrage précise aux côtés du héros maudit, la place d’une héroïne amoureuse (Senta), déterminée, sacrificielle dont l’amour pur permet le salut du Hollandais errant. Avec le Wanderer navigateur, Wagner invente un nouveau type de déclamation, plus ample que le récitatif, mélodiquement structuré sur le texte auquel il est étroitement inféodé. Premier grand opéra romantique, Le Vaisseau Fantôme dépasse les leçons de Weber et de Marschner; Wagner réalise déjà son idéal rêvé d’un opéra où chant et musique fusionnent dans le seul but d’expliciter et de commenter le drame.
Tannhäuser créé à Dresde en 1845 va plus loin encore: orchestration foisonnante et subtile, usant avec finesse des leitmotive (plus riche que dans Le Vaisseau Fantôme); surtout, si l’on retrouve la présence d’une femme salvatrice (Elisabeth, opposée à la vénéneuse Vénus), le rapport du poète héros (Tannhäuser) avec la société des hommes n’est pas sans contradictions ni tensions conflictuelles: doué d’une vision supérieure, le héros affronte l’étroitesse bourgeoise des classes dominantes. S’il est bien l’élu capable de réformer le monde, son action reste totalement incomprise: dans le retour de Rome, Tannhäuser invente un nouveau type de ténor, prolongement de Florestan de Fidelio de Beethoven. En relation avec sa propre expérience, la vie terrestre qu’y représente Wagner, n’est qu’épreuves et souffrance, frustration et insatisfaction; la mort offre souvent une alternative, une délivrance finale (ce qui sera valable pour Tristan et le Crépuscule des Dieux: Isolde et Brünnhilde meurent chacune en fin d’ouvrage en une extase amoureuse libératrice). Du reste, l’héroïne féminine esquissée par Senta dans Le Vaisseau Fantôme, se précise avec Brünnhilde et Isolde.
Il en va tout autrement avec Lohengrin, composé de 1845 à 1848. L’opéra n’est créé qu’en 1850 et offre avec Genoveva de Schumann, strictement contemporaine de Lohengrin (et aussi créée après les révolutions de 1848), un premier aboutissement de l’opéra romantique allemand construit sur une trame légendaire nourrie de plusieurs sources. Les événements se précipitent: proche de Bakounine, Wagner le révolutionnaire se range du côté des insurgés: poursuivi, il fuit Dresde jusqu’à Weimar où son admirateur et ami Liszt, l’aide à gagner Zurich en Suisse. Le compositeur d’opéras se fait alors théoricien de la musique: il expose dans l’Art de la révolution (1849), Opéra et drame (1851), ses propres conceptions de la musique et du théâtre lyrique. Jamais art et vie n’ont été plus entremêlés. Liszt crée à Weimar Lohengrin en 1850. Grand air du ténor, choeurs omniprésents, couple noir (Telramund/Ortrud)… climat féerique mais d’une force réaliste manifeste, Lohengrin précise davantage le système lyrique wagnérien: subtilité des leitmotive, suprématie du héros dont l’offre de salut est incomprise par les hommes qui en sont indignes; surtout impossibilité de l’amour: Elsa trop naïve, manipulée par Ortrud, se laisse guider par le poison du doute et perd l’amour que lui offrait l’élu Lohengrin, venu pourtant pour la sauver…
calendrier Wagner 2013
Paris, Opéra BastilleLe Ring 2013 par
Philippe Jordan (direction) et Günter Krämer (mise en scène): reprise
contestée et pourtant pour nous attendue, la production du Ring à
Bastille reste l’une des réalisations de l’ère Joel, parmi les plus
réussies, en particulier pour L’Or du Rhin puis La Walkyrie.
L’Or du Rhin, à partir 29 janvier 2013
Le festival Wagner: Der Ring 2013, l’intégralité de la Tétralogie en continu (ou presque): les 18, 19 puis 23 et 26 juin 2013
Monte Carlo, Opérarécital lyrique Wagner
Auditorium Rainier III
les 8 et 10 février 2013
Jonas Alber, direction
Acte I de La Walkyrie
Acte II de Tristan und Isolde
Robert Dean Smith, Ann Petersen
Opéra du Rhin
Mulhouse et StrasbourgTannhäuser
Du 24 mars au 8 avril 2013
Constantin Trinks, direction
Keith Warner, mise en scène
Scott MacAllister (Tannhäuser)
coup de coeur classiquenews
Dijon, OpéraLe Ring 2013 par l’excellent Daniel Kawka. On le savait wagnérien convaincu; son Tristan und Isolde (Oliver Py, mise en scène, juin 2009)
présenté sur la scène du Théâtre Dijonais avait été salué par la
rédaction de classiquenews: aucun doute Daniel Kawka qui est aussi
fondateur et chef principal de l’Ensemble Orchestral Contemporain reste
le champion de cette année Wagner à venir en France: ne manquez chaque
volet de sa Tétralogie: une réalisation d’ores et déjà passionnante
voire historique si le plateau vocal est à la hauteur de l’exigence du
maestro. A partir d’octobre 2013. Infos à venir. Visiter le site de l’Opéra de Dijon.