New York, 1987: cast de luxe pour cette Walkyrie vocalement inouïe, à l’orchestre, le souffle lyrique, olympien d’un Levine alors certainement au sommet de sa souplesse agogique (la chevauchée des Walkyries qui ouvre le III). Pour le plus humain des opéras de la Tétralogie, le plus amoureux et le plus compassionnel, Gary Lakes et Jessye Norman ressuscitent en un temps suspendu, béni, le miracle des amants, le mystère ineffable de leur aimantation cosmique (thème si cher à Wagner, traité dans Tristan und Isolde)… Hildegard Behrens demeure éblouissante en Walkyrie foudroyé par cet amour mortel: déesse casquée qui devient peu à peu ange de l’amour… Face à eux, Kurt Moll (ailleurs Mark de grande classe) fait un Hunding lugubre et glaçant; Christa Ludwig une Fricka inflexible et obtue; et James Morris, un Wotan défait par l’ordre qu’il a pourtant bâti lui-même, dépassé par son oeuvre trop ambitieuse… Magistral.
Hildegard Behrens (Brünnhilde), Jessye Norman (Sieglinde), Christa Ludwig (Fricka), Gary Lakes (Siegmund), James Morris (Wotan), Kurt Moll (Hunding)… Metropolitan Opera Orchestra. James Levine, direction. 4 cd Deutsche Grammophon 00289 477 9135