Vivaldi
Orlando Furioso
La production vivaldienne dirigée par Spinosi éblouit par sa violence et sa vérité. Le chef renouvelle sa maîtrise des affetti vivaldiens. Sa direction éclaire les ténèbres de la passion baroque telle que le Pretre Rosso l’a imaginé sur les théâtres vénitiens au XVIIIème siècle. Production événement.
vérité, habités par une sincérité rare, les 3 protagonistes convainquent
de bout en bout, ciselant ce trio sublime, tragique et tendre,
fantastique et désespéré, qui fait toute la réussite poétique de la
partition. L’Alcina de l’américaine Jennifer Larmore
éblouit par son chant souverain: vrai tempérament de tragédienne, la
rossinienne multiplie ses accents expressifs, offrant une palette
irrésistible entre domination, haine, amertume, solitude, enfin rage
suicidaire… La voix est puissante, jamais forcée, admirablement souple
et juste: Vivaldi peint 8 ans avant l’opéra Alcina de
Haendel (1735), un portrait saisissant de la magicienne sur son île.
Impériale à ses débuts, défaite puis trahie (par le faux amour de
Ruggiero) : la femme s’effondre littéralement en fin d’ouvrage. Voilà
une incarnation éblouissante par son fini et son investissement qui nous
rappelle une autre grande tragédienne baroque: Lorraine Hunt! Et bien
souvent, c’est Jennifer Larmore la vraie vedette du spectacle: Vivaldi comme Haendel aurait pu lui aussi, intituler son opéra, Alcina.
La partition montre combien en voulant être maîtresse de l’amour,
Alcina éprouve elle-aussi tourments et égarements, vertiges jusqu’à
l’anéantissement.
France Musique. Samedi 7 mai 2011 à 19h.
Marie-Nicole Lemieux, Orlando. Jennifer Larmore, Alcina. Veronica
Cangemi (Angélique), Philippe Jaroussky (Ruggiero)… Choeur de l’Opéra
de Nice. Ensemble Matheus. Jean-Christophe Spinosi, direction. Pierre
Audi, mise en scène. Lire notre critique développée d’Orlando Furioso de Vivaldi à l’affiche de l’Opéra de Nice en avril 2011.