Véronique Gens
Soprano
Le 17 juin 2007 à 10h45
Le 18 juin 2007 à 3h50
Les voyages d’une tragédienne. Documentaire. Réalisation: Yvon Gérault (26mn, 2005)
La jeune choriste orléanaise avait l’habitude de chanter des solos à l’église pour chaque Noël. Peu à peu sa pratique amateur s’est changée en exercice régulier, de plus en plus professionnel grâce à un timbre soyeux, une technique progressive, surtout un instinct musical sûr, constant et assidu. Au moment où la soprano enregistre les airs de tragédienne avec les Talens Lyriques dans l’église parisienne de Notre-Dame du Liban, près du Panthéon, la caméra d’Yvon Gérault tente ce portrait de la cantatrice qui s’est spécialisée dans le chant baroque.
Le programme de ce nouvel album « Tragédiennes », à l’initiative de Virgin classics (Emi) regroupe quelques grands airs des opéras français de Lully, Rameau, Mondoville, Leclair… C’est une approche synthétique de la tragédie lyrique française, au cours des XVII ème et XVIII ème siècles. L’absence de vibrato lui assure dès les débuts de sa carrière, l’obtention des rôles les plus difficiles: femmes blessées, reines ou princesses, prêtresses ou nymphes, invoquant les divinités infernales (Armide) ou dialoguant avec les rossignols enchanteurs… La voix de Véronique Gens qui cependant, en dépit de sa réputation d’interprète malléable et curieuse, d’excellente professionnelle, fait la majorité de sa carrière hors de France, est généreuse, colorée, flexible d’une diction proche de la perfection. Or il faut beaucoup d’attention à l’articulation de la langue pour réussir l’imploration, la prière ou la hargne des héroïnes, de Lully à Mondoville.
L’artiste accomplie qui chante aussi Mozart (Vitellia dans La clémence de Titus ou la comtesse des Noces de Figaro), se dévoile à fils ténus devant la caméra. Première étude au Conservatoire d’Orléans, apprentissage et premiers grands rôles sous la tutelle de William Christie, évolution de la voix, plus ample, plus dramatique, aux harmoniques naturelles et riches… Véronique Gens est une artiste discrète, une femme sereine et douce qui peut aussi mordre comme interprète affûtée. Elle mérite d’être davantage connue. Portrait indispensable.
Approfondir
Lire notre critique du disque « Tragédiennes » de Véronique Gens (Virgin classics)
Crédit photographique
Alcina, Hambourg (février 2002) © T.Beu