jeudi 8 mai 2025

Verdi: Rigoletto (Dresde, 2008)Florez, Damrau, Luisi. 1 dvd Virgin classics

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A Dresde en juin 2008, le Rigoletto de Nikolaus Lehnhoff a des traits enchanteurs et fantastiques, ceux d’un bestiaire animé, Peau d’âne de Demy qui s’invite un soir à la Cour de Mantoue, mais une nuit de tempête et d’horreur, avec des masques et silhouettes souvent plus inquiétants que réellement apaisants. Une référence aux créatures de Leonor Fini et aux tableaux énigmatiques de Delvaux le surréaliste? Les personnages réels du duc, de la pauvre Gilda sacrifiée consentante, du père intriguant finalement déchiré gagnent une vérité dans cette peinture des bas fonds, cynique et barbare.
Florez dérangeant, envoûtant
On lui a reproché cette prise de rôle trop périlleuse pour le diamant de sa voix bel cantiste, donizetienne et surtout bellinienne; de facto, Florez n’est pas un verdien dans l’âme et la délicatesse de son organe, si raffiné et confondant de plénitude poétique chez Bellini, perd en puissance, en épaisseur pour le rôle du jeune duc volage et frémissant jusqu’à l’obsession. Du rôle central, le ténorissimo offre un profil plutôt qu’une présence. Quoique que cet art de l’extrême nuance en bousculant notre habitude des chanteurs tirant le personnage vers le pathos et le vérisme des boulevards, Juan Diego aurait tendance à nous faire réécouter la psychologie de ce prince qui d’un premier regard et souvent dans d’autres versions et productions, en manque cruellement. Enthousiasme quelque peu mesuré qui a contrario s’efface totalement avec la Gilda, ardente et entière, de la proie du dit jeune chasseur nocturne: Miss Damrau. Sa féminité irradiante, son angélisme généreux offre âme et chair au désir qui naît et l’emporte sans concession. Caro nome exprime la plénitude d’un amour prêt à s’embraser, emportant toute candeur première. Et le père? Le Rigoletto de Zelijko Lucic ne manque pas non plus de mordant ni d’affects mesurés aux mezza voce parfois convaincants. Et Welser Most construit assez bien le fil dramatique de l’oeuvre: soulignant tout ce qu’a de noir et de désespéré finalement chacun des personnages: la vierge éperdue aveuglée, le nain haineux tout autant audestructeur, le duc solitaire dans sa ronde donjuanesque… Un grand oui pour Damrau et aussi finalement pour la calligraphie racée de Juan Diego Florez. Décidément partout, épatant.
Verdi: Rigoletto. Juan Diego Florez (le Duc de Mantoue), Diana Damrau (Gilda), Zelijko Lucic (Rigoletto), Georg Zeppenfield (Sparafucile), Christa Mayer (Maddalena)… Sächsischer Staatsopernchor, Sächsische Staatskapelle Dresden. Fabio Luisi, direction. Nikolaus Lehnhoff, mise en scène.
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