mardi 6 mai 2025

Toulouse. Halle-aux-Grains, le 6 octobre 2011. Britten, Bach, Beethoven… Orchestre national du Capitole ;Tugan Sokhiev, direction

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Détente et confort ouaté

Après une rentrée fracassante avec un programme tout Russe, puis une Tosca si dramatique, on peut très bien comprendre les choix étonnants pour ce concert. La détente et le confort ouaté étaient à l’honneur apportant quelque repos. La Simple Symphony de Britten est bien mieux qu’un travail d’apprenti. Œuvre de jeunesse, qui rend hommage à la tradition des symphonies de cordes, cette oeuvre fraîche et avenante contient de bien belles réussites. Si le premier mouvement a permis aux musiciens et au chef de se retrouver, le deuxième, entièrement pizzicati, a offert une gamme de nuances surprenantes. La mélancolie de la sarabande sentimentale a été porteuse d’émotions, le final joyeux achevant de souffler un air de bonheur. Œuvre agréable, dirigée avec simplicité et efficacité par un Tugan Sokhiev concentré. Le concerto pour deux violons de Bach, permettait aux chefs de pupitres des violons I et II de jouer ensemble. Ainsi l’écoute entre les deux solistes a-t-elle été bienveillante. Tugan Sokhiev veut interpréter Bach, qui voudra le lui reprocher ? L’entente avec les deux solistes habituellement dans l’orchestre est un atout intéressant. Mais peut-on se réjouir vraiment de voir notre orchestre philharmonique, qui brille dans le répertoire le plus exigeant, se limiter à une dimension chambriste ? C’est un peu étonnant quand on sait que Toulouse ne manque pas de formations pouvant interpréter une telle oeuvre. Le résultat est un concerto très propre, un peu trop respectueux et dépourvu de folie baroque. La technique de Geneviève Laurenceau est si magnifique qu’elle semble surdimensionnée ici. Sa gestuelle plus activiste qu’énergisante surprend. Tout au contraire le hiératisme d’Eugen Tichindeleanu semble plus adapté. Les sonorités des deux violonistes ne sont pas toujours équilibrées, mais l’écoute entre les deux artistes est de grande qualité. La direction précise et souple de Tugan Sokhiev délivre une musicalité classique confortable, sans créer de surprise dans cette partition si connue. L’inventivité des phrasés ne fait pas partie de cette interprétation centrée sur l’entente entre les musiciens et le respect dû à une partition de grande qualité du Géant Bach.
La symphonie n°7 de Beethoven avait déjà été dirigée par Tugan Sokhiev en février 2011 avec le Mahler Chamber Orchestra. L’aisance du chef à diriger cet hommage à la danse ne fait que croître. La construction mouvement par mouvement s’articule finement dans l’architecture globale de la symphonie. L’énergie bouillonnante, et la précision rythmique sans sécheresse organisent un discours percutant. La marche funèbre restant le seul moment d’introspection douloureux de cette symphonie qui semble avancer avec beaucoup de facilité. La flûte en bois de Sandrine Tilly a une chaude sonorité envoûtante très remarquée. Cors, trompettes et hautbois cherchant à établir un beau dialogue fraternel avec les cordes. Remarquons que privés des premiers pupitres et en petit effectif les violons ont été d’une belle présence. La couleur mordorée des alti a fait merveille tout au long de la soirée mais tout particulièrement dans cette symphonie. Le final, allegro con brio, a été dirigé d’une main de fer par Tugan Sokhiev imposant un tempo diabolique. Symphonie classique, évitant les audaces des précédentes, elle a bénéficié ce soir d’une belle interprétation.
Un concert élégant et agréable, apportant un peu de calme, après la torride rentrée d’un orchestre décidément en pleine forme

Toulouse. Halle-aux-Grains, le 6 octobre 2011. Benjamin Britten (1913-1976) : Simple symphony, op.4 ; Johan Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto pour deux violons en ré mineur, BWV 1043 ; Ludwig Van Beethoven ( 1770-1827) : Symphonie n°7 en la mineur, op. 92 ; Geneviève Laurenceau ; Eugen Tichindeleanu, violons ; Orchestre national du Capitole ;Tugan Sokhiev, direction.

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