jeudi 1 mai 2025

Toulouse. Halle-aux-Grains, le 23 mars 2012. Mendelssohn, Mozart: Vladimir Spirakov, violon ; Orchestre National du Capitole de Toulouse. Tugan Sokhiev, direction

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Tugan Sokhiev nous l’avais dit, il aime le répertoire Mozartien et nous devinons qu’il admire aussi beaucoup Mendelssohn. Chaque année nous retrouvons le premier et souvent second. Ce concert a fait salle comble car le public est friand de ce répertoire. Comment pourrait-il en être autrement ? De la si belle musique ne peut qu’améliorer une actualité des plus sinistres à Toulouse ces temps ci. Il s’agissait d’un concert donné pour le plaisir partagé en somme, et ce fut une vraie réussite. Alors que l’avant-veille nous avions dégusté le concerto pour violon de Mendelssohn (voir notre chronique) ces deux œuvres écossaises ont été un prolongement radieux dans l’univers à la fois romantique par la vision et classique par le respect des formes de Félix Mendelssohn. L’ouverture des Hébrides est une pièce fort originale qui ouvre grand un livre d’images, ou plus exactement un carnet de voyage d’aquarelles et de fusains en Ecosse. C’est avec ravissement que Tugan Sokhiev a demandé à son orchestre des nuances et des couleurs riches et variées. La poésie a jailli de ces instruments tous superbes. Ce fut d’ailleurs la révélation de notre marathon symphonique de trois soirs, l’orchestre du Capitole est chaud, rond de sonorités et riches de timbres, unique en somme ! Des individualités fortes du côté des bois et des cuivres dans un esprit d’équipe généreux. En petite formation, l’orchestration subtile de Mendelssohn a sonné à son aise. La troisième symphonie a poursuivi cette évocation poétique d’une Ecosse de rêves et de légendes, de brumes et de paysage mouillés capables de s’iriser sous les rayons du soleil capricieux. Quelle élégance dans la gestuelle du chef toujours beau à regarder comme une réincarnation d’un Mendelssohn au goût de Dandy. L’harmonie partagée entre la partition, les couleurs de l’orchestre, la vivacité et la précision souple du chef ont formé un tout indescriptible autrement que par « mendelsshonien »… Le final avec ce choral des cuivres dominant le tutti semble avoir été écrit pour cet orchestre tant l’énergie qui s’en dégage est belle ! Les cors sont somptueux de présence amicale chacun est à sa place exacte.

l’élégance du cœur

Entre les deux œuvres écossaises l’aimable concerto pour violon de Mozart, dans une orchestration chambriste, a apporté un moment de pure grâce. La présence du violoniste Vladimir Spirakov a beaucoup fait pour la perfection toute classique de cette interprétation. Mozart est également un voyageur récoltant le succès en Europe. Et lui aussi a excellé dans tous les genres. Le succès constant de ses concertos pour violons ne repose pas sur la virtuosité ou l’originalité mais sur une beauté formelle indépassable, un charme gracieux, comme un être bon et beau provoquant la sympathie des plus exigeants comme des plus simples. De petite dimension le concerto n°2 est décrit comme « galant à la française ». Il est avant tout d’un agrément parfait avec ses alternances de rythmes entraînants et de longues phrases planantes. Vladimir Spirakov joue ce concerto par cœur avec le cœur pour les cœurs. Ce musicien accompli qui dirige à la perfection par ailleurs et épouse bien des causes humanitaires donne dans son jeu la beauté en partage au monde pour l’améliorer. Tout coule de source, la source de l’intelligence et de la simplicité. Le son est pur, limpide même mais tenu. Les traits passent comme des moments d’affirmation simple de l’élégance faite violon. À aucun moment le mot virtuosité ne vient encombrer la musique pure. La direction de Tugan Sokhiev épouse la même simplicité apparente, la même élégance du cœur. Les instrumentistes jouent comme des amis qui partagent tout, presque comme des anges. Quel beau moment de rêve éveillé en musique !

Le bis offert par le soliste tant applaudi a été choisi avec attention. Il a réuni chef, orchestre et soliste pour un hommage aux victimes toulousaines de la perversion qui ne respecte même pas l’enfance. La pièce d’Albinoni choisie, murmurée, chantée de manière déchirante en son maintien noble a porté aux larmes plus d’un. Oui seule la beauté d’un tel partage musical peut apporter quelque croyance en l’humanité…
Un beau moment de partage qui restera comme une oasis en cette période si sombre.

Toulouse. Halle-aux-Grains, le 23 mars 2012. Félix Mendelssohn (1809-1847) : Les Hébrides ( La grotte de Fingal) ouverture en si mineur,op.26 ; Symphonie n°3 en la mineur, op.56 « Ecossaise » ; Wolfgang Amadeus Mozart ( 1756-1791) : concerto pour violon et orchestre n°2 en ré majeur,K.221. Vladimir Spirakov, violon ; Orchestre National du Capitole de Toulouse. Tugan Sokhiev, direction.

Illustration: Mendelssohn (DR)
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