Haendel, Rebel
Versailles, Opéra Royal
mardi 9 octobre 2012, 20h
Les 2 Terpischore(s), muse de la danse dans la mythologie, dont il est question sont celles conçues dans les années 1730 par Rebel et Haendel; A Paris et à Londres, les deux musiciens écrivent pour leur muse, la danseuse virtuose alors âgée d’une vingtaine d’années, Marie Sallé (1707-1756).
Emanciper la danse…
Grande rival de La Camargo, Marie Sallé est nommée à 20 ans, première danseuse à l’Opéra (Amours des dieux de Mouret). Sa virtuosité inspire les compositeurs dont Jean-Philippe Rameau: elle paraît dans de nombreux opéras: Les Indes Galantes (1735), Castor et Pollux (1737), Les Fêtes d’Hébé (1740).
Pour elle, Haendel reprend son Pastor Fido de 1712, le remanie et en présente en novembre 1734, une nouvelle version avec ballets et dont le prologue, dans le style française est écrit en forme d’opéra ballet intitulé » Terpsichore « : le spectacle triomphe à Londres et ouvre officiellement la saison londonienne 1734-1735. Le dieu de Delos, Apollon s’inquiète de ne pas voir Terpsichore… Erato le rassure: la muse de la danse paraît; la grâce de son pied divin exprime dans différentes danses, les sentiment les plus contrastés: gigue (femme amoureuse), sarabande… comme la rapidité des vents. Jamais Terpsichore ne chante aux côtés du choeur, d’Apollon ou d’Erato: elle danse et illumine par sa seule grâce chorégraphique la scène et l’action.
Au même moment, en France, Jean-Féry Rebel compose une courte symphonie chorégraphique, Les Plaisirs champêtres (1734), quand Marie Sallé triomphe à Londres avec Haendel. La pièce met en avant les capacités de la danseuse en un solo développé d’une grâce très inventive. Après La Camargo, c’est évidemment Marie Sallé qui s’y impose sans rivales.
En fusionnant les deux oeuvres musicales (il Pastor Fido) et Les Plaisirs champêtres (couplés avec d’autres oeuvres de Rebel: Terpsichore justement de 1720 et des extraits des Elements de 1737), le spectacle plonge dans l’esthétique rococo française, où rayonne la vituosité exquise de la danse et de la musique française. Pour autant, soucieuse de prolonger l’œuvre de Rebel, Béatrice Massin réinvente une écriture chorégraphique qui renforce la continuité dramatique du ballet et propose une nouvelle autonomie des danseurs; moins servante de la musique que maîtresse de l’action, la danse donne au spectacle sont unité: Marie Sallé n’est elle pas en filigrane, la figure fédératrice de la soirée? En créant ses pièces chorégraphiques, Rebel dès les années 1730 œuvre pour l’indépendance du ballet qui devient grâce à lui, dans ses ballets d’action, des drames autonomes.
Saison après saison, le Centre de musique baroque de Versailles écrit l’Histoire de la danse en France de l’âge baroque aux prémices romantiques. Le spectacle Terpsichore(s) fait partie de ce cycle de redécouverte, mettant l’action sur un élément constitutif de l’art français à la scène, le ballet. Prochaine réalisation de la série: les ballets de Noverre, propres aux années 1760 (ballets d’action): Renaud et Armide (1760), Médée et Jason (1763), les 13 et 15 décembre 2012 à l’Opéra Royal de Versailles.

les modalités de réservation et les informations sur chaque programme
de la saison musicale 2012 du CMBV Centre de musique baroque de
Versailles sur le site du CMBV Centre de musique baroque de Versailles