Mariss Jansons au sommet
D’emblée, c’est la direction de Mariss Jansons qui force l’admiration; en suivant les options de mise en scène, le chef inscrit immédiatement l’émergence du passé et des souvenirs, comme les éléments d’un courant empoisonné et amer. La force de la frustration et la terrifiante amertume se réalisent peu à peu; on regrette que dans cette production si visuelle et théâtrale, servie par le feu nuancé du maestro, la distribution peine souvent par manque de fulgurance… une énergie incarnée qui fait d’autant plus défaut que l’orchestre sait rugir, se contenir, ciseler la fièvre amère de l’opéra de Tchaïkovski.
Ni Bo Skovhus (certes bon acteur mais voix éteinte), ni Krassimira Stoyanova (en retrait et trop gentille, y compris dans son air de la lettre, dénué de toute urgence comme de toute candeur passionnelle) ne convainquent pleinement.
Autour d’eux, Triquet (Guy de Mey), Filipyevna (Nina Romanova) se distinguent. L’éclat assez terne de deux protagonistes (Eugène/Tatiana) ne doit pas cependant affecter la précision juste de la mise en scène ni l’engagement incandescent de la fosse, superbement tenu par Mariss Jansons, immense chef lyrique.
Tchaïkovski: Eugène Onéguine. Bo Skohus, Krassimira Stoyanova, … Choeur et orchestre du Nederlandse Opera. Mariss Jansons, direction. Pierre Audi, mise en scène. Enregistrement réalisé en juin 2011 à Amsterdam. 1 dvd Opus Arte. Durée: 2h30mn. Réf.: OA 1067 D