Créée en 2009 Ă l’OpĂ©ra Royal de Wallonie, reprise en 2012, cette production de La Traviata de Giuseppe Verdi – signĂ©e par Stefano Mazzonis di Pralafera, Ă©galement directeur artistique et gĂ©nĂ©ral de l’institution liĂ©geoise – est redonnĂ©e in loco avec une distribution entièrement diffĂ©rente.
La soprano d’origine roumaine Mirella Gradinaru est une Violetta très convaincante, affrontant sans sourciller les coloratures de l’acte I, malgrĂ© quelques notes stridentes. Mais c’est face Ă Germont que cette Traviata se rĂ©vèle, intelligente et Ă©mouvante, comĂ©dienne et chanteuse accomplie : « Dite alla giovine », attaquĂ© sur le fil de voix, sera un moment d’exception, de mĂŞme que son « Adddio del passato », longuement saluĂ© par la salle.
Dans le rĂ´le d’Alfredo, le jeune tĂ©nor espagnol Javier TomĂ© Fernandez a pour lui un timbre plutĂ´t sĂ©duisant et d’incontestables moyens naturels, mais l’assise technique doit encore ĂŞtre travaillĂ©e car des soucis rĂ©currents de justesse se font jour, ainsi que des problèmes de souffle perceptibles notamment dans le fameux air « De’ miei bollenti spititi ». Le Germont du baryton italien Mario Cassi est plus faible, avec un fâcheuse tendance Ă chanter « vĂ©riste » et Ă faire « du son », au mĂ©pris le plus Ă©lĂ©mentaire du style et du phrasĂ© verdiens. Il se montre Ă©galement incapable d’exprimer – que ce soit vocalement ou scĂ©niquement – la moindre empathie ou compassion que son personnage est censĂ© Ă©prouvĂ© Ă la fin de la scène du duo avec Violetta. Dommage…
Dans la mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera, la critique sociale est plus fĂ©roce que jamais. Mais, contrairement Ă d’habitude, le sommet de la cruautĂ© n’est pas atteint par avec la diabolique intervention de Germont père. C’est ici beaucoup plus l’inhumanitĂ© d’une sociĂ©tĂ© tout entière qui est en cause, que les mesquines dĂ©marches d’un bourgeois soucieux de considĂ©ration. Pour le reste, nous renvoyons le lecteur vers les judicieux commentaires de notre confère Adrien de Vries qui avait rendu compte de la reprise du spectacle en 2012. (Compte rendu critique, opĂ©ra : La Traviata de Verdi Ă Â l’OpĂ©ra royal de Wallonie, Liège, 2012)
Le jeune chef italien Francesco Cilluffo allie rigueur musicale et sens du théâtre, Ă la tĂŞte d’un excellent Orchestre de l’OpĂ©ra Royal de Wallonie, et d’un très bon chĹ“ur. L’enthousiasme de ce dernier Ă jouer les intermèdes des gitanes et des matadors et la soliditĂ© des rĂ´les de complĂ©ment achèvent de faire de ce spectacle un succès auprès du public liĂ©geois.
Compte-rendu, opĂ©ra. Liège, OpĂ©ra Royal de Wallonie, le samedi 21 mai. Giuseppe Verdi : La Traviata. Violetta Valery : Mirela Gradinaru ; Alfredo Germont : Javier TomĂ© Fernández ; Giorgio Germont : Mario Cassi ; Flora Bervoix : Alexise Yerna ; Gastone de Letorières : Papuna Tchuradze ; Barone Douphol : Roger Joakim ; Marchese d’Obigny : Patrick Delcour ; Dottor Grenvil : Alexei Gorbatchev ; Annina : Laura Balidemaj. Mise en scène : Stefano Mazzonis di Pralafera ; DĂ©cors : Edoardo Sanchi ; Costumes : Kaat Tilley ; Lumières : Franco Marri. Francesco Cilluffo, direction musicale.