CRITIQUE CD événement. BEETHOVEN : « The symphonies » / intégrale des 9 Symphonies – Chamber Orchestra of Europe – Yannick Nézet-Séguin (DG Deutsche Grammophon – Baden Baden, juil 2021) - Le chef montréalais Yannick Nézet-Séguin inscrit les symphonies dans l’urgence et un sens du détail qui soigne angles et accents de cette machine rythmique affûtée qu’est le COE Chamber Orchestra of Europe (premier violon : Lorenza Borrani), ce dès la 1ère Symphonie, d’une vivacité comme foudroyée. Pourtant dans ce geste électrique, se tend et s’affirme une dureté parfois tranchée, presque trop incisive qui exalte voire exacerbe les effets de…
CRITIQUE, concert. Festival Verao Classico 2022. (Lisbonne), le 13 août 2022 (21h). Mozart, Rota, Dvorak. P Moraguès, L Anders Tomter, P Graffin, T Carroll, Filipe Pinto-Ribeiro : piano. Le Verao Musical est le principal rendez-vous musical de l’été à Lisbonne (voire dans tout le Portugal), et il se déroule depuis 8 années maintenant en plein cœur de la ville (par ailleurs le principal mécène de la manifestation musicale), dans des lieux historiques de la capitale portugaise. Depuis l’an passé, c’est le somptueux Picadeiro Real de Belém qui accueille les spectateurs, lesquels se retrouvent entourés par des carrosses royaux dans une…
PARIS, Opéra Bastille, TOSCA. 3 sept – 26 nov 2022. C’est avant Traviata, Don Giovanni et même l’inusable Carmen que l’on croyait indépassable, l’opéra le plus joué dans le monde : Tosca. La partition composée par Puccini à l’aube naissante du XXè siècle (1900) s’inspire de la pièce éponyme de Victorien Sardou. Dans son transfert sur la scène lyrique, le drame n’a rien perdu de sa force passionnelle, de son incandescence collective. Et aux côtés des deux artistes protagonistes, rare couple artistique sur la scène, la cantatrice Floria Tosca et le peintre Mario Cavaradossi, Puccini ajoute un orchestre somptueux qui…
ARTE, les 21 puis 28 août 2022. Isabelle Faust joue Brahms. Klaus Mäkela, jeune et fringuant directeur musical finnois de l’Orchestre de Paris (26 ans), qui s’est récemment distingué dans une intégrale Sibelius aussi courageuse que convaincante (Decca) joue à la Philharmonie de Paris le 10 fév 2022, le Concerto pour violon de Brahms en ré majeur (1878) avec l’irrésistible violoniste Isabelle Faust.
Été 1877, Brahms découvre la station balnéaire de Pörtschach, (Alpes Autrichiennes). Le cadre favorise l’émergence de mélodies en une inspiration facilitée dont le climat lumineux et bienheureux lui inspire in fine sa Symphonie n°2. Une même félicité…
France Musique, Merc 24 août 2022, 20h. HAENDEL : Partenope / Christie (Nantes, 2022). L’opéra de 1730, Partenope de Georg Friedrich Handel doit pour convaincre, réunir une distribution vocale de premier plan. Force est de constater que le cast, homogène et d’une vive caractérisation, aussi subtile qu’intense et passionnée (combinaison primordiale chez Haendel) doit être mis au service d’une partition parmi les plus inspirées de Haendel ; pourtant peu jouée…
Après une première période au King’s Theatre, assez chaotique (1719-1728), conclu par le départ de la troupe de chanteurs italiens pourtant stupéfiante (dont le castrat vedette Senesino, et les prime…
France Musique, sam 20 août 2022, 20h. WAGNER : la Walkyrie (Bayreuth). Diffusion attendue du sommet lyrique de la Tétralogie wagnérienne, dans le sens où Wagner y développe sa vision de l’amour, puissance supérieure qui avec le sentiment de compassion permet à la Walkyrie de suivre coûte que coûte ses valeurs : soutenir le clan des Walsung (Siegmund, Sieglinde), sauver l’enfant de l’inceste, Siegfried. Quitte à désobéir à la loi du père (Wotan) et déchoir : devenir simple mortelle après avoir été a fille chérie et la guerrière la plus valeureuse… Pour lui permettre de rencontrer un preux, le père…
ARTE, les 21 puis 28 août 2022. Isabelle Faust joue Brahms. Klaus Mäkela, jeune et fringuant directeur musical finnois de l’Orchestre de Paris (26 ans), qui s’est récemment distingué dans une intégrale Sibelius aussi courageuse que convaincante (Decca) joue à la Philharmonie de Paris le 10 fév 2022, le Concerto pour violon de Brahms en ré majeur (1878) avec l’irrésistible violoniste Isabelle Faust.
Été 1877, Brahms découvre la station balnéaire de Pörtschach, (Alpes Autrichiennes). Le cadre favorise l’émergence de mélodies en une inspiration facilitée dont le climat lumineux et bienheureux lui inspire in fine sa Symphonie n°2. Une même félicité…
ARTE. Dim 21 août 2022, 23h50. TCHAIKOVSKY : La Dame de Pique (Baden Baden, 2022, Petrenko). Kiril Petrenko, directeur musical des Berliner Philharmoniker est un chef lyrique, transparent, précis, subtilement dramatique. Il le montre aisément lors de cette représentation de La Dame de Pique de Tchaikovsky, production présentée en avril 2022 lors du dernier festival de Pâques de Baden Baden.
Et si La Dame de Pique était avec Eugène Onéguine, l’opéra le plus intime de Piotr Illiytch ? Révélant en réalité ses pensées les plus sombres, où chaque être impuissant mais insoumis est funambule d’un fil ténu qui peut le…
ANGERS NANTES OPERA, le 22 sept 22. Du Bellay, Doulce Mémoire. Pour célébrer le 500e anniversaire de la naissance de Joachim Du Bellay, auteur majeur de la poésie Renaissance, Doulce Mémoire et Denis Raisin-Dadre rencontrent le slameur Kwal, portés par cette curiosité créative, souvent gage de pusisance et d’originalité. Doulce Mémoire sélectionne une collection de textes évocatoires, emblématiques de Joachim Du Bellay, poète originaire de Liré, ancienne commune rurale d’Anjou, qui chante sa terre et son enfance, « son authenticité mais aussi son obsession de la musicalité ».
Doulce Mémoire conçoit un programme autour de musiques composées sur des poésies…
PARIS, Opéra Bastille, TOSCA. 3 sept – 26 nov 2022. C’est avant Traviata, Don Giovanni et même l’inusable Carmen que l’on croyait indépassable, l’opéra le plus joué dans le monde : Tosca. La partition composée par Puccini à l’aube naissante du XXè siècle (1900) s’inspire de la pièce éponyme de Victorien Sardou. Dans son transfert sur la scène lyrique, le drame n’a rien perdu de sa force passionnelle, de son incandescence collective. Et aux côtés des deux artistes protagonistes, rare couple artistique sur la scène, la cantatrice Floria Tosca et le peintre Mario Cavaradossi, Puccini ajoute un orchestre somptueux qui…
MUSICANCY, Château d’Ancy-le-Franc : 18 août, 11 sept 2022. 2 derniers concerts de l’édition 2022… Pour sa 19e édition, le Festival dont l’écrin est le sublime palais Renaissance d’Ancy-le-Franc, fait peau neuve et amorce un nouveau chapitre de son histoire déjà prestigieuse. Il manquait une programmation musicale à la mesure de la beauté des lieux ; c’est chose faite grâce à l’impulsion nouvelle qu’apporte au Festival, Fannie Vernaz, présidente de Musicancy : « Musicancy prend un nouvel élan avec une programmation délibérément placée sous le signe des plaisirs et de la fantaisie. Consacrée entièrement à la musique ancienne, cette 19e…
GSTAAD MENUHIN FESTIVAL, le 27 août 2022. Mozart : La Flûte enchantée (Tente de Gstaad). A l’été 2022, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL fait peau neuve et s’engage pour la préservation du climat. Tout en célébrant Vienne (son thème générique en 2022), le premier festival estival en Suisse, affiche le 27 août sous la tente de Gstaad, l’opéra enchanteur de Mozart, en allemand, La Flûte enchantée (Les Talens Lyriques) – jubilation lyrique puis rituel maçonnique et drame populaire : cet été, le GSTAAD MENUHIN Festival a tout pour vous plaire. Avant de disparaître, Mozart conçoit à Vienne, le modèle d’un opéra…
GSTAAD MENUHIN FESTIVAL, les 26 et 27 août 2022. Giardino Armonico, La Flûte enchantée. A l’été 2022, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL fait peau neuve et s’engage pour la préservation du climat. Tout en célébrant Vienne (son thème générique en 2022) avec Il Giardino Armonico et Patricia Kopatchinskaya (« le dernier voyage de Vivladi à Vienne / direction : Giovanni Antonini, le 26 août dans l’église de Saanen, lieu mythique et fondateur du Festival), le premeir festival estival en Suisse, affiche le 27 août sous la tente de Gstaad, l’opéra enchanteur de Mozart, en allemand, La Flûte enchantée (Les Talens Lyriques)…
ORANGE, Sam 6 août 2022. PONCHIELLI : La Gioconda (21h30). Gioconda serait pour le metteur en scène et directeur des Chorégies d’Orange, l’emblème type du « grand opéra ». Airs, duos, trios, grands chœurs et ballet (de la célèbre “ Ronde des Heures ”) composent une soirée lyrique qui prend des allure de grand spectacle, associant toutes les disciplines du théâtre musical : chant, théâtre, danse. Ainsi se concrétise sur les planches, un magnifique tableau de la « Grande Venise du XVIIe siècle »… Mais la séduction formelle de cette partition foisonnante doit aussi à la précision et l’efficacité de…
MUSICANCY, Château d’Ancy-le-Franc : Dimanche 7 août 2022. Pour sa 19e édition, le Festival dont l’écrin est le sublime palais Renaissance d’Ancy-le-Franc, fait peau neuve et amorce un nouveau chapitre de son histoire déjà prestigieuse. Il manquait une programmation musicale à la mesure de la beauté des lieux ; c’est chose faite grâce à l’impulsion nouvelle qu’apporte au Festival, Fannie Vernaz, présidente de Musicancy : ” Musicancy prend un nouvel élan avec une programmation délibérément placée sous le signe des plaisirs et de la fantaisie “. LIRE ici notre entretien avec Fannie Vernaz à propos du Festival Musicancy
ASSE, VAR, VERDON… Festival ASSE-ARCADIE : 7 – 13 août 2022 (15è édition) - L’ensemble marseillais sur instruments d’époque, « baroques graffiti » (créé en 2000 et dirigé par Jean-Paul Serra) propose tout un cycle de concerts de Musique ancienne et baroque dans les hautes vallées de l’Asse, du Var et du Verdon ; il entend ressusciter l’esprit de l’Arcadie, communauté culturelle fondée sur le partage, la rencontre, un certain souci de l’esthétisme… A l’ère du gigantisme, de la duplication et du virtuel, la programmation de l’ensemble entretient et actualise la tradition du spectacle vivant musical européen et la pratique…
VENDÔME, 11 – 13 août 2022. Atelier d’été Vincenzo Bellini, concerts les 11 et 13 août 2022, jardins du Château. « De Mozart à Offenbach » : au programme de l’Atelier d’Eté de la Vincenzo Bellini Belcanto Académie, session de travail vocal dans le style belcantiste et 2 concerts événements, proposés les 11 et 13 août 2022 à 21h dans le cadre féerique des Jardins du Château de Vendôme.
La Vincenzo Bellini Belcanto Académie revient à Vendôme dans le cadre de son atelier lyrique d’été : les sessions de travail ont lieu au Campus de Monceau Assurances, son lieu de…
VOSGES DU SUD. Dim 31 juil 2022. LEGRENZI par les Masques. Festival Musique & Mémoire, 29e édition, ACTE III : Au cours de la dernière semaine de concerts, l’ensemble Masques revient à Musique & Mémoire : sous la direction du québécois Olivier Fortin, les musiciens de Masques cisèlent un geste expressif spécifiquement ciselé chez Bach et Teleman, avant l’exceptionnel dramatisme du Vénitien Legrenzi… dont la recréation de l’oratorio « La Morte del cor penitente » (1671) exprime les vertiges d’une âme croyante en quête de son salut…
Olivier Fortin (en pull bleu) et les musiciens de MASQUES…
LURE (Vosges du Sud), ven 22 juil 2022. ALIOTTI : Il trionfo della morte. Cette année, le premier Festival Baroque dans les Vosges du Sud célèbre la spendeur de l’oratorio baroque. La recréation du Trionfo della Morte d’Aliotti, chef d’œuvre ressuscité, en est le premier jalon qui éclaire la puissance de l’invention musicale propre à la Rome de la fin du XVIIè…
Composé et créé en 1677 par Bonaventura Aliotti (1640-1690), l’oratorio est un dialogue / Dialogo qui expose Adam et Ève à la tentation : leur passion amoureuse, leurs tourments éprouvent le cœur et l’âme du premier couple de…
ARTE, les 21 puis 28 août 2022. Isabelle Faust joue Brahms. Klaus Mäkela, jeune et fringuant directeur musical finnois de l’Orchestre de Paris (26 ans), qui s’est récemment distingué dans une intégrale Sibelius aussi courageuse que convaincante (Decca) joue à la Philharmonie de Paris le 10 fév 2022, le Concerto pour violon de Brahms en ré majeur (1878) avec l’irrésistible violoniste Isabelle Faust.
Été 1877, Brahms découvre la station balnéaire de Pörtschach, (Alpes Autrichiennes). Le cadre favorise l’émergence de mélodies en une inspiration facilitée dont le climat lumineux et bienheureux lui inspire in fine sa Symphonie n°2. Une même félicité…
ARTE. Dim 21 août 2022, 23h50. TCHAIKOVSKY : La Dame de Pique (Baden Baden, 2022, Petrenko). Kiril Petrenko, directeur musical des Berliner Philharmoniker est un chef lyrique, transparent, précis, subtilement dramatique. Il le montre aisément lors de cette représentation de La Dame de Pique de Tchaikovsky, production présentée en avril 2022 lors du dernier festival de Pâques de Baden Baden.
Et si La Dame de Pique était avec Eugène Onéguine, l’opéra le plus intime de Piotr Illiytch ? Révélant en réalité ses pensées les plus sombres, où chaque être impuissant mais insoumis est funambule d’un fil ténu qui peut le…
OperaVision, le 13 août 2022, 11h. Direct. ROSSINI : Il Viaggio a REIMS. EN DIRECT du Rossini Opera Festival de Pesaro 2022. Giocoso en un acte créé à Paris (Théâtre Italien le 19 juin 1825), Le voyage à Reims confirme le génie rossinien d’essence délirant et comique, même dans le cas d’une oeuvre circonstancielle. En 1824, quand Charles X devient roi de France, Rossini, nommé directeur du Théâtre Italien généreusement payé, écrit une nouvelle partition pour le public français. Donné en version de concert, l’œuvre est ensuite pour partie recyclée dans Le Comte Ory (1828).
GSTAAD MENUHIN FESTIVAL, les 26 et 27 août 2022. Giardino Armonico, La Flûte enchantée. A l’été 2022, le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL fait peau neuve et s’engage pour la préservation du climat. Tout en célébrant Vienne (son thème générique en 2022) avec Il Giardino Armonico et Patricia Kopatchinskaya (« le dernier voyage de Vivladi à Vienne / direction : Giovanni Antonini, le 26 août dans l’église de Saanen, lieu mythique et fondateur du Festival), le premeir festival estival en Suisse, affiche le 27 août sous la tente de Gstaad, l’opéra enchanteur de Mozart, en allemand, La Flûte enchantée (Les Talens Lyriques)…
OPERA ON LINE. WAGNER : Siegfried, le 19 août 22, 19h (LONGBOROUGH 2022, Grande-Bretagne) – Le héros Siegfried reforge l’épée brisée de son père et part en quête du plus inestimable des trésors : l’amour de la Walkyrie Brünnhilde, prise au piège d’un cercle de feu. Siegfried est le 3ème opéra de la Tétralogie de Richard Wagner, Der Ring des Nibelungen (L’Anneau du Nibelung). Wagner a interrompu sa composition à la fin de l’acte II afin d’écrire Tristan und Isolde et Die Meistersinger von Nürnberg, pour ne revenir à Siegfried que 7 ans plus tard.
CINEMA, Opéra en direct. VERDI : Rigoletto. Le 29 janv 2022, 18h55. Enfin un nouveau direct du Met (New York Metropolitan Opera), la nouvelle production de l’opéra que Verdi a conçu d’après Victor Hugo (Le Roi s’amuse) : Rigoletto. La production de Bartlett Sher transpose l’action dans la République de Weimar (décors et costumes créant une ambiance d’inspiration Art Déco, propre aux années 1920). Le baryton Quinn Kelsey incarne pour la première fois au Met le rôle-titre, celui du nain sarcastique et acide qui sera pris à son propre piège (formidable emploi pour un baryton soucieux de jouer autant que…
Cinéma. En direct du Met de New York, sam 23 oct 2021, 18h55 : « COMME UN FEU DEVORANT RENFERME DANS MES OS / FIRE SHUT UP IN MY BONES » de Terence Blanchard, compositeur et jazzman. La création lyrique pourrait bien être l’événement espéré, soulignant la reprise d’activité du Met de New York. L’opéra en création est le premier opéra composé par un un afro-américain pour la scène new yorkaise. L’action mise en musique par le trompettiste et musicien de jazz aborde des sujets d’actualité : abus sexuels, homosexualité, racisme, droits des minorités,…
Pour son deuxième opéra, Terence Blanchard …
CINÉMA. DUNE version 2021 : prochaine sortie du film réalisé par Denis VILLENEUVE en 2019… Après le légendaire film signé David Lynch, et malgré les bouderies de la critique, devenu mythique, voici annoncée la version de Denis Villeneuve (PREMIER CONTACT, BLADE RUNNER 2049). Le film a été tourné en décors naturels en Hongrie et en Jordanie et devrait sortir en septembre 2021, suite à son report covid oblige, initialement prévu en décembre 2020. Le roman fantastique féerique terrifique de Frank Herbert inspire ainsi une nouvelle réalisation cinématographique où le profil du jeune acteur franco-américain Timothée Chalamet, mémorable interprète de The…
CINEMA, Anna Netrebko chante AIDA de Verdi, les 25 juin et 2 juillet 2020. Retour de l’opéra dans les salles obscures. Dans le cadre de l’opération Viva l’opéra !, à 19h30 pour les deux dates, revivez la magie d’une production convaincante grâce au nerf expressif du chef Riccardo Muti, au timbre charnel blessé de la soprano Anna Netrebko dans le rôle d’Aida, esclave à la cour de Pharaon et dont est épris le général victorieux Radamès… Pour autant, la fille de Pharaon, Amneris (ample contralto sombre) jalouse Aida car elle aime aussi Radamès. Anna Netrebko était alors diva verdienne, ayant…
CINÉMA, Fidelio le 17 mars 2020, 18h. Jonas Kaufmann chante Florestan dans les salles obscures… Célébrez le 250ème anniversaire de Mudwig Beethoven, grâce à la diffusion en live de la nouvelle production du Royal Opera Fidelio, avec dans le rôel de Florestan, le prisonnier, victime de l’arbitraire tyranique, JONAS KAUFMANN dont le timbre rauque, de félin blessé, la puissance et la finesse devraient renouveler l’interprétation du personnage, dans le sillon d’un John Vickers avant lui.
Fidelio narre le parcours de Léonore, qui sous les traits d’un homme (Fidelio), entend sauver son mari Florestan, prisonnier politique détenu par le tyran Don…
EXPO, Clermont-Ferrand. « COSTUMER le siècle des Lumières », jusqu’au 20 août 2022. Dans son titre « Costumer le Siècle des Lumières », l’exposition conçue par le directeur de l’Opéra de Clermont-Ferrand (Clermont Auvergne Opéra / CAO), Pierre Thirion-Vallet, affiche clairement ses intentions : à travers une sélection de costumes de ses productions maison, évoquer la formidable épopée de la mode au XVIIIè, mais aussi préciser ce qui inspire metteurs en scène et costumiers, confrontés à l’opéra des Lumières…
Le parcours qui s’offre à vous pour l’été, jusqu’au 20 août 2022, et en accès gratuit, est d’une rare pertinence :…
CLERMONT-FERRAND. Exposition Costumer le siècle des Lumières, jusqu’au 20 août 2022. La ville de Clermont-Ferrand a confié à “Clermont Auvergne Opéra” le soin de réaliser une exposition en partenariat avec le Musée d’Art Roger Quilliot et le CNCS de Moulins. Ainsi, l’exposition “COSTUMER LE SIECLE DES LUMIERES” est accessible à l’Opéra de Clermont-Ferrand jusqu’au 20 août (entrée gratuite) et regroupe près d’une quarantaine de costumes d’opéra signés Renato Bianchi (Comédie Française), Christian Lacroix et Véronique Henriot (Clermont Auvergne Opéra).
Le costume français au XVIIIème siècle fascine par sa grâce, son originalité, sa sensualité. Il évolue constamment au cours de cette…
Exposition « L’Opéra à Odysséa ». Saint-Jean-de-Monts : 10 juill – 28 août 2022 - Quand les costumes d’Angers Nantes Opéra sortent de scène… 2 expos à visiter pendant l’été. L’opéra à Odysséa (Saint-Jean de Monts). L’Opéra à Odysséa / St-Jean de Monts. Au Palais des congrès Odysséa à Saint-Jean de Monts, s’exposent cet été plus d’une centaine de costumes et d’éléments de décors tous réalisés par Angers Nantes : soit 120 costumes, 70 chapeaux, 30 perruques, accessoires, bijoux et éléments de décors racontent près d’une vingtaine d’opéras créées ces dernières saisons par les ateliers de costumes et de décors…
PARIS, Exposition : « SAINT-SAËNS, un esprit libre » : 25 juin – 10 oct 2021. Le Palais Garnier à PARIS, à travers la Bibliothèque Musée de l’Opéra célèbre le centenaire de la mort (1921 – 2021) du plus grand romantique français de la seconde moitié du XIXè : Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), jamais couronné par le Prix de Rome ni reconnu à sa juste valeur par les institutions étatiques ; aux côtés de Massenet, Saint-Saëns offre un visage différent du romantisme à la française grâce à son sens du drame (ses opéras Samson et Dalila ou Ascanio récemment…
EXPO, Paris. Les Musiques de Picasso à la Philharmonie, jusqu’au 3 janvier 2021 : c’est l’expo événement de cette rentrée post confinement. La musique chez Picasso est d’autant plus passionnante à mesurer et découvrir que le sujet fut source de passion et de déclarations spectaculaires voire définitive de la part du peintre. S’il a déclaré qu’il n’aimait pas la musique, Picasso comme Victor Hugo avait une idée trop haute de la création musicale et des citations instrumentales pour accepter leur dévoiement. Pas une toile ou une composition de Picasso qui en représentant un instrument ou un instrumentiste, n’ait été minutieusement…
FRANCE MUSIQUE, le 15 juillet 2022, MONTEVERDI : L’Incoronazione di Poppea. A l’affiche du Festival d’Aix en Provence, du 9 au 23 juillet 2022 – « L’homme dépravé trouve dans son infamie des plaisirs non moins intenses que l’honnête homme dans sa belle conduite »(Sénèque, De la vie heureuse, 58 ap. JC). Sous le règne sanglant du jeune empereur Néron – parfait représentant des héros effeminato de Monteverdi-, rien ni personne ne résiste à l’ascension jusqu’au trône de la belle et immorale Poppée, sa jeune amante. Monteverdi se révèle shakespearien, entre effusion extatique et barbarie cynique ; Claudio Monteverdi, pessimiste voire fataliste, épingle avec réalisme l’immoralité du politique ; la toute puissance du pouvoir qui rend fou…. À travers sa galerie de protagonistes ambivalents, Le Couronnement de Poppée mêle le sublime et le grotesque avec une liberté de ton et une inventivité musicale sans égales, propre à l’éopra vénitien au début des années 1640.
Après nous avoir fait redécouvrir les opéras du disciple de Monteverdi, Cavalli (Elena en 2013 et Erismena en 2017), Leonardo García Alarcón et les musiciens de son ensemble Cappella Mediterranea remontent aux soruces du drame vénitien, sorte de huis clos chambriste, miroir ciselé des passions humaines les plus immondes comme les plus lascives… les rejoignent ici l’équipe de jeunes chanteurs issus pour partie de l’Académie du Festival ; Ted Huffman les met en scène dans un labyrinthe où oeuvre la mécanique de cette éternelle comédie du pouvoir et de la séduction qu’est la société humaine.
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AIX EN PROVENCE
Théâtre du Jeu de Paume Monteverdi : L’Incoronazione di Poppea Nouvelle production
Du 9 au 23 juillet 2022 En direct sur France Musique, le 15 juillet 2022 à 20h
FRANCE 3, lun 4 janv 2021, 21h05. Néron, tyran de Rome. Mais empereur artiste voire musicien. C’est lui qui embrasa tout Rome (juillet 64) au motif qu’il s’agissait d’un tableau onirique inspirant le poète qu’il était à ses heures intimes… La légende précise qu’il chanta s’accompagnant de sa lyre depuis le Quirinal, comme excité par le spectacle des flammes dévorant la cité impériale. De fait, l’incendie dura 6 jours. Le magazine Secrets d’histoire, après un récent numéro dédié à Beethoven (décembre dernier pour les 250 ans de la naissance du grand Ludwig), aborde ici une autre figure historique hautement artistique et musicienne, l’empereur Néron (37 – 68), décadent autant que poète. Tel paraît le dernier souverain de la dynastie julio-claudienne qui règna pendant 14 ans, à partir de 54 à la succession de Claude (qu’Agrippine épousa). Les sculpteurs ont portraituré Néron sans masquer ses traits épatés, lourds, épais. Or l’homme était sensible, inversement délicat (jusque dans sa barbarie ordinaire et l’organisation de ses plaisirs et des fêtes, les Neronia), épris d’art et de culture… Les archéologues découvrent encore les manifestations de son raffinement (décor et plans de sa demeure sur le mont Palatin à Rome : la fameuse Domus Aurea édifiée après l’incendie).
Pourtant, érudit, esthète, Néron, disciple de Sénèque, qui s’était appelé imperator, meurt suicidé. L’autre face de l’Empereur artiste, a marqué les esprits par sa noirceur (pourtant en rien contrastant avec ses prédécesseurs) : le pyromane illuminé fait assassiner sa mère Agrippine, pourtant honorée sous le titre d’Augusta (59), congédie son épouse Octavie et épouse la scandaleuse Poppée (dont il précipitera la mort en 65, en lui portant un coup de pied alors qu’elle était enceinte)… Alors qu’il était accusé d’avoir lui-même provoquer l’incendie de Rome, au prétexte qu’il voulait reconstruire Rome dans un style spectaculaire pour édifier son projet de ville exemplaire (Neropolis), Néron accusa plutôt les juifs chrétiens qu’il martyrisa en organisant leur massacre, les condamnant dans les arènes, à se faire dévorer par les lions affamés, crucifier et brûler sur la croix, symbole de leur croyance : voir les tableaux historicistes du peintre Gérôme. Néron fut-il fou ou le feignait-il ? Le mystère demeure.
Néron a contrario des historiens qui en font un despote psychopathe colérique, put aussi être un politique fin, spécialiste en intrigues et manipulations, génie politique qui sut déjouer de nombreux complots contre sa personne. Pourtant après sa tournée artistique comme poète en Grèce en 66, Néron de retour à Rome constate une vague d’opposants dont Galba (ex fidèle gouverneur d’Hispanie / Espagne), Vindex (gouverneur de la Gaule), … surtout le Sénat qui démet l’empereur et maudit sa mémoire (damnation memoriae). Néron acculé au suicide, se donne la mort le 9 juin 68 dans la demeure de Phaon, son fidèle affranchi. Ses cendres sont déposées dans un mausolée sur le Pincio (aujourd’hui dans la Villa Borghèse).
Présentation du programme « Néron, un tyran de Rome » par France 3 :
« Néron est synonyme de cruauté, de mégalomanie, de tyrannie depuis presque 2 000 ans. Il passe sa vie entouré de femmes ambitieuses qui le poussent à commettre les assassinats les plus impardonnables, à l’image d’Agrippine la Jeune, sa mère, prête à tout pour installer son fils à la tête du pouvoir. En 54 après Jésus-Christ, à seulement 16 ans, Néron est proclamé empereur et se retrouve à la tête d’un vaste empire. Son image déjà ternie va se dégrader encore plus en 64 après Jésus-Christ, lorsque Rome est ravagée par l’un des pires incendies de son histoire. À l’époque, on l’accuse d’avoir volontairement mis le feu à la capitale. Pour faire taire les rumeurs, Néron aurait désigné pour responsables les chrétiens et ordonné leur persécution. Personnage complexe, Néron se révèle également sous une facette bien moins connue : celle d’un César éclairé aimé de son peuple, d’un mécène des arts fasciné par la culture grecque et surtout un poète et un chanteur passionné. Féru d’architecture, il fera également édifier l’un des plus beaux palais impériaux de son époque : la Domus Aurea… »
Avec la participation de
Jean-Christian Petitfils (historien),
Claude Aziza (historien),
Jean-Yves Boriaud (historien),
Jean-Christophe Courtil (historien),
Virginie Girod (historienne),
Catherine Salles (historienne),
Christian-Georges Schwentzel (historien),
Philippe Séguy (écrivain),
Alessandro d’Alessio (conservateur en chef de la Domus Aurea et du Parc archéologique du Colisée),
Christophe Beth (directeur du théâtre antique d’Orange),
Christophe Dickès (historien),
Maxence Hermant (conservateur à la Bibliothèque nationale de France),
Nicolas Kirigkhadis (archéologue),
Stanis Perez (historien de la médecine),
Gabriele Romano (archéologue),
Ange Ruiz (reconstitueur de chars),
Éric Teyssier (historien)…
CD événement, critique. HANDEL : AGRIPPINA. DiDonato, Fagioli, Vistoli… (3 cd ERATO, 2019). Pour portraiturer la figure de l’impératrice Agrippine, Haendel et son librettiste Vincenzo Grimani n’écartent aucun des éléments de la riche biographie de Julie Agrippine, sœur de Caligula : la 4è épouse de Claude fait tout pour que le fils qu’elle a eu en premières noces d’Ahenobarbus, soit reconnu par l’empereur et lui succède : Néron, pourtant dissolu, décadent – effeminato (comme Eliogabalo, et tel que le dépeint aussi Monteverdi au siècle précédent dans l’Incoronazione di Poppea), sera bien sacré divinité impériale (non sans faire assassiner sa mère au comble de l’ingratitude : qu’importe dira l’ambitieuse politique qui déclara « qu’importe qu’il me tue, s’il devient empereur »… ). Au moins Agrippine n’avait aucun faux espoir.
La présente lecture suit les recommandations et recherches du musicologue David Vickers (qui signe la captivante et très documentée notice de présentation – éditée en français), soucieux de restaurer l’unité et la cohérence de la version originelle de l’opéra, tel qu’il fut créé au Teatro Grimani di San Giovanni Grisostomo en 1709 à Venise. L’action s’achève avec le mariage entre Ottone et Poppea ; s’il perd (fugacement) la main de la jeune beauté, Néron gagne la fonction impériale : il est nommé par Claude, empereur, à la grande joie d’Agrippine… Ainsi, l’ambitieuse a triomphé ; ses multiples manigances n’étaient pas vaines.
L’apport le plus crédible de la proposition est ici, la suite de ballet qui conclut l’action comme une apothéose, soit 5 danses dont la Passacaille finale, dérivées de la partition sur papier vénitien du précédent opéra Rodrigo.
Nouvelle lecture d’Agrippina sommet italien de Haendel (Venise, 1709)
JOYCE DIDONATO, ambitieuse & impérieuse
La diversité des accents, nuances, instrumentaux et vocaux, expriment vertiges et scintillements des affetti, autant de passions humaines qui sont au cœur d’une partition surtout humaine et psychologique ; Haendel avant le Mozart de Lucio Silla, atteignant à une compréhension hallucinante du coeur, de l’âme, du désir ; l’incohérence et la contradiction, la manipulation et la faiblesse sont les codes ordinaires des machinations à l’œuvre ; même cynisme que chez Monteverdi dans l’Incoronazione di Poppea (opera de 1642 qui met en scène le même trio : Agrippine, Néron, Poppée), Haendel fustige en une urgence souvent électrique, embrasée, la complexité sadique des uns, l’ivresse maso des autres, en un labyrinthe proche de la folie, en une urgence aussi qu’expriment parfaitement la tenue de chaque chanteur et l’engagement des instrumentistes : ici Claude et Néron sont faibles ; seule Agrippine impose sa détermination virile (mais elle aussi se montre bien fragile comme le précise son grand air fantastique du II : « Pensieri, voi mi Tormenti » : la machiavélique se présente en proie fragile, en victime). D’ailleurs Haendel dessine surtout des individualités (plutôt que des types interchangeables d’un ouvrage à l’autre) ; il réussit là où Mozart en effet, à révéler les motivations réelles des êtres : pouvoir, désir, argent… pour y parvenir rien n’arrête l’ambition : Agrippine commande à Pallante qu’elle séduit d’assassiner Narcisso et Ottone… puis courtise Narcisso pour qu’il tue Pallante et Ottone (II).
Haendel invente littéralement des scènes mythiques indissociables de l’histoire même du genre opéra : le Baroque fabrique ici une scène promise à un grand avenir sur les planches, en particulier à l’âge romantique : comment ne pas songer à l’air des bijoux de Marguerite du Faust de Gounod, en écoutant « Vaghe perle », premier air qui dépeint la badine et légère Poppea, ici première coquette magnifique en sa vacuité profonde ?
Sur cet échiquier, où l’ambition et les manigances flirtent avec folie et désir de meurtre, triomphe évidemment Agrippine, parce qu’elle est sans scrupule ni morale, et pourtant hantée par l’échec, ainsi que le dévoile l’air sublime du II comme nous l’avons souligné (« Pensieri, voi mi tormentate ») : diva ardente et volubile, viscéralement ancrée dans la passion exacerbée, Joyce DiDonato souligne la louve et le dragon chez la mère de Néron, avec les moyens vocaux et l’implication organique, requis. C’est elle qui règne incontestablement dans cet enregistrement, comme l’indique du reste le visuel de couverture : Agrippina / Joyce très à l’aise, en majesté sur le trône.
A ses pieds, tous les hommes sont soumis : Néron, en fils dévoué et tout occupé à conquérir Poppea (plutôt que le pouvoir) – au miel bavard, lascif (impeccable Franco Fagioli cependant plus vocal que textuel) ; l’époux Claude (non moins crédible Luca Pisaroni) ; acide et parfois serré, l’Ottone de Orlinski vacille dans sa caractérisation au regard de sa petite voix… le contre-ténor qui brille ici, reste le Narcisso de l’excellent Carlo Vistoli (dès son premier air au I : « Volo pronto »), voix claire, assurée, d’une santé conquérante : il donne corps et épaisseur à l’affranchi de Claude, et aurait tout autant lui aussi séduit en Néron.
Junon de luxe, deus ex macchina, Marie-Nicole Lemieux qui célèbre en fin de drame, les amours (bientôt contrariés) de Poppea et Ottone, complète un cast plutôt fouillé et convaincant. Nos seules réserves vont à la Poppea de la soprano Elsa Benoît, aux vocalises trop imprécises, à l’incarnation pas assez trouble et suave ; et aussi à l’orchestre Il Pomo d’oro. Non que l’implication de l’excellent chef Maxim Emelyanychev ne déçoive, loin de là : articulé, fougueux, impétueux même ; mais il manque ostensiblement à sa direction, à son geste, l’élégance, la caresse des nuances voluptueuses que savait y disséminer avec grâce John Eliot Gardiner dans une précédente version, depuis inégalée. Parfois dur, dès l’ouverture, nerveux et sec, trop droit, Emelyanychev déploie une palette expressive moins nuancée et moins riche que son ainé britannique. Haendel exige le plus haut degré d’expressivité, comme de lâcher prise et de subtilité. Caractérisée et impérieuse, parce qu’elle exprime l’urgence de tempéraments possédés par leur désir, la lecture n’en reste pas moins très séduisante. Les nouvelles productions lyriques sont rares. Saluons Erato de nous proposer cette lecture baroque des plus intéressantes globalement. La production enrichit la discographie de l’ouvrage, l’un des mieux ficelés et des plus voluptueux de Haendel. C’est donc un CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2020.
CD événement, critique. HANDEL : AGRIPPINA. DiDonato, Fagioli, Vistoli… (3 cd ERATO, enregistrement réalisé en mai 2019)
HANDEL / HAENDEL : Agrippina (version originale de 1709)
Avec Joyce DiDonato, Carlo Vistoli, Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub Józef Orliński, Marie-Nicole Lemieux…
Il Pomo d’Oro / Maxim Emelyanychev, direction – Enregistrement réalisé en mai 2019 – 3 cd ERATO
TEASER VIDEO
Handel: Agrippina – Joyce DiDonato, Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub Józef Orliński…
Joyce DiDonato brings the roguish charm of Handel’s leading lady to life in this sensational recording of Agrippina, with Il Pomo d’Oro and their chief conductor Maxim Emelyanychev. Alongside Joyce is a magnificent cast of established and rising stars that includes Franco Fagioli, Elsa Benoit, Luca Pisaroni, Jakub Józef Orliński, and Marie-Nicole Lemieux. “Agrippina feels like the most modern drama,” Joyce DiDonato told The Observer. “The story unfolds like rolling news today. And I keep saying, ‘This is genius. How did Handel know the human psyche so profoundly?’”
CD, critique. HANDEL / HAENDEL : Serse (1738) / Fagioli, Genaux (Emelyanychev, 2017 – 3 cd DG Deutsche Grammophon, 2017). Voilà une production présentée en concert (Versailles, novembre 2017) et conçue pour la vocalità de Franco Fagioli dans le rôle-titre (il rempile sur les traces du créateur du rôle (à Londres en 1738, Caffarelli, le castrat fétiche de Haendel) ; le contre-ténor argentin est porté, dès son air « « Ombra mai fu » », voire stimulé par un orchestre électrique et énergique, porté par un chef prêt à en découdre et qui de son clavecin, se lève pour mieux magnétiser les instrumentistes de l’ensemble sur instruments anciens, Il Pomo d’Oro : Maxim Emelyanychev. La fièvre instillée, canalisée par le chef était en soi, pendant les concerts, un spectacle total. Physiquement, en effets de mains et de pieds, accents de la tête et regards hallucinés, le maestro ne s’économise en rien.
Monteverdi chic à l’Opéra National de Paris! Le Palais Garnier présente la nouvelle production maison, L’Incoronazione di Poppea signée Robert Wilson et Giuseppe Frigeni. A la distribution des chanteurs aux profils éclectiques se joint l’ensemble baroque Concerto Italiano dirigée par Rinaldo Alessandrini, responsable également de la révision musicale et de la compilation non critique des partitions disponibles. Claudio Monteverdi, véritable père de l’opéra, compose son dernier opus lyrique, L’Incoronazione di Poppea (1642), à la fin de sa vie, âgé de 75 ans! Il fait pourtant preuve d’une jeunesse étonnante en mettant en musique la vie ardente de Venise, avec ses scènes d’amour, de volupté, de crime. Il renonce au récitatif florentin et adopte une sorte d’arioso qui épouse la parole. Il utilise aussi toutes les formes d’airs, y compris la chanson populaire, renonce aux chœurs et restreint l’orchestre, tout en privilégiant les voix. L’excellent livret de Gian Francesco Busenello est emprunte à l’Histoire romaine (encore une nouveauté à l’époque); il raconte l’histoire de l’ascension de Poppée au trône grâce à son mariage avec Néron. Son traitement est néanmoins caractéristique du siècle et reste un véritable produit de la culture libre, artistique, intellectuelle de la République Vénitienne.
Une Poppée plus sophistiquée que populaire
Cette nouvelle Poppée parisienne est séduisante. L’engagement des chanteurs, corrects au pire des cas, est souvent impressionnante. Le couple de Nerone et Poppea est exemplaire, même si nous pensons qu’il ne plaira peut-être pas à tous les « baroqueux ». Dans le rôle-titre, Karine Deshayes se révèle surprenante. Elle s’accorde magistralement à la conception du duo Wilson/Frigeni, mais aussi, et surtout, aux intentions musicales voulues par le chef. Elle offre donc une performance noble et distinguée, sa Poppea n’est pas une maîtresse vulgaire, au contraire, elle est une future Impératrice déjà altière, sans pour autant tomber dans le piège de la sévérité. Musicalement, elle fait preuve d’agilité, comme on l’attendait, mais aussi d’une sensibilité particulière, notamment dans duos et ensembles. Son duo avec Nerone à la fin de l’œuvre : « Ne più s’interporrà noia o dimora », est un véritable sommet et d’agilité et d’expression.
Nerone est interprété par le ténor Jeremy Ovenden. Mozartien reconnu et apprécié, il fait ce soir ses débuts à l’Opéra National de Paris avec Monteverdi et Wilson. Il s’est très bien sorti de ce que aurait pu paraître un défi angoissant ! Musicalement il est à l’aise avec la coloratura et la dynamique du rôle probablement créé par un castrat. Mais plus qu’à l’aise, il offre une performance virtuose et élégante, tout à fait … impériale. Si nous sommes moins convaincus par l’affectation de Monica Bacelli en Ottavia, curieusement dramatique tout en paraissant absente, sauf peut-être lors de ses adieux ; celle de Varduhi Abrahamyan en Ottone est une réelle caresse à l’ouïe, mais aussi pour les yeux. Son chant chaleureux comme toujours ravit les cœurs et sa transformation en amant répudié est étonnante et plus que crédible.
Gaëlle Arquez dans les rôles de Fortuna et Drusilla est une révélation. Son chant n’est pas seulement impeccable mais aussi voluptueux, et par sa ravissante présence sur scène, elle maîtrise la gestuelle Wilson de façon alléchante. En Fortuna, la soprano rayonne par la richesse propre à l’allégorie ; en Drusilla, elle émeut par sa constance. Sa performance est inoubliable. Remarquons également La Virtù, pétillante de Jaël Azzaretti, ou encore l’Amore aussi pétillant et si doux d’Amel Brahim-Djelloul. Marie-Adeline Henry dans le rôle de Valletto est de même très convaincante, mouvements très réussis, chant très beau. Nous ne dirons pas la même chose d’Andrea Concetti en Seneca, qui nous touche uniquement au moment de sa mort. Manuel Nunez Camelino dans le rôle travesti d’Arnalta, nourrice et confidente de Poppea, réussit quant à lui, un véritable tour de force comique.
La mise en scène de Robert Wilson et Giuseppe Frigeni est d’une efficacité théâtrale impressionnante. C’est une conception bien pensée et, surtout, très bien réalisée. L’équipe artistique est sans doute à la hauteur du chef-d’oeuvre musical et du lieu. Beaux décors économes efficaces et quelque peu ésotériques de Wilson, beaux costumes inspirés de la Renaissance, sobres mais aussi somptueux par la richesse évidente des matières, signés Jacques Reynaud ; lumières sentimentales et théâtrales de Wilson et Weissbard. Ensuite, que dire du travail d’acteurs ? Wilson développe son langage personnel qu’il « apprend » aux chanteurs/acteurs dans chacune de ses productions. Ceux qui ont du mal à l’accepter dans Pelléas et Mélisande ou dans Madama Butterfly, seront peut-être surpris de sa pertinence dans une œuvre comme l’Incoronazione di Poppea. C’est probablement grâce à l’influence de Giuseppe Frigeni, co-réalisateur, que la mise en scène est beaucoup moins statique que prévu. Au final, le travail du duo de metteurs en scène est fabuleux, un songe vénitien si raffiné qu’on n’a pas envie de se réveiller. Attention, l’effet est enchanteur, pas somnifère. Pas de temps mort ni de lacunes, pas d’insistance sur les didascalies. Uniquement du théâtre lyrique très personnel, et du bon. Même commentaire pour la performance immaculée du Concerto Italiano sous la direction de Rinaldo Alessandrini. Elle peut paraître un peu trop sobre pour une musique (vocale) si incarnée, mais se marie superbement avec la conception globale, d’une dignité sans doute plus sophistiqué que populaire.
France Musique, samedi 14 juin 2014, 19h. Monteverdi : Poppée. Dans le prologue, ni Fortune ni Vertu ne peuvent infléchir le pouvoir de l’Amour… Comme à la même époque le peintre Poussin nous rappelle qu’Amor vincit omnia (l’Amour vainc tout), Monteverdi et son librettiste Busenello, fin érudit vénitien, soulignent combien le désir et la puissance érotique submergent toute réflexion politique et philosophique. L’aveuglement des cœurs soumis est total et Eros peut étendre son empire… Les deux concepteurs de l’opéra l’Incoronazione di Poppea (Le couronnement de Poppée) brossent même le portrait de deux adolescents rongés et dévorés par leur passion insatiable… Néron, esprit fantasque et possédé par le sexe n’a que faire face à l’adorable Poppée, des préceptes de Sénèque, comme de son épouse en titre Octavie… La partition est musicalement un chef d’oeuvre d’efficacité dramatique, de poésie sensuelle, de cynisme délétère, de désenchantement progressif… c’est l’aboutissement de l’écriture de plus en plus dramatique des madrigaux, et aussi l’illustration éloquente des nouvelles fonctions de Monteverdi à Venise, comme maestro di capella à San Marco. Honoré et estimé par la Cité des Doges, celui qui avait tant souffert à Mantoue à l’époque où il composait Orfeo (1607), peut désormais inventer 25 années plus tard, l’opéra baroque moderne, celui propre à Venise au début des années 1640.
Minimaliste autant que plasticien critique, le metteur en scène Robert Wilson s’intéresse à « Poppée », un nouveau chapitre de son histoire avec l’Opéra de Paris. Lumières irréelles, espace temps suspendu, profils ralentis et gestes à l’économie, après Pelléas et Mélisande, ou La Femmes sans ombre parmi ses plus belles réussites visuelles et sténographiques à l’Opéra national de Paris, Bob Wilson offre une nouvelle production au public parisien. Son sens de l’épure et de l’atemporalité fonctionnera-t-il bien avec l’hyper sensualité et le réalisme cynique du duo Monteverdi/Busenello ? A voir au Palais Garnier à Paris, du 7 au 30 juin 2014 (11 représentations). Monteverdi : L’Incoronazione di Poppea. Avec Karine Deshayes (Poppée), Jeremy Ovenden (Nerone), Monica Bacelli (Ottavia)… Il Concerto Italiano. Rinaldo Alessandrini, direction. Paris, Palais Garnier. Monteverdi : Le couronnement de Poppée. Bob Wilson, 7>30 juin 2014. Diffusion sur France Musique, le 14 juin 2014, 19h.