CD Ă©vĂ©nement. Beethoven : Symphonies n°4, 5 (Concentus Musicus de Vienne, Nikolaus Harnoncourt, 2015 1 cd Sony classical). Harnoncourt a depuis fin 2015 fait savoir qu’il prenait sa retraite (LIRE notre dĂ©pĂȘche : Nikolaus Harnoncourt prend sa retraite pour ses 86 ans, dĂ©cembre 2015), cessant d’honorer de nouveaux engagements. Cet Ă©tĂ© le verra Ă Salzbourg, encore, derniĂšre direction qui de principe est l’Ă©vĂ©nement du festival estival autrichien en juillet 2016 (pour la 9Ăšme Symphonie de Beethoven, le 25 juillet, Grosses Festpielhaus, 20h30, avec son orchestre, Concentus Musicus Wien). Or voici que sort aprĂšs sa sublime trilogie mozartienne – les 3 derniĂšres Symphonies, conçues comme un “oratorio instrumental” (CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2014)-, deux nouvelles Symphonies de Beethoven, les 4 et 5, portĂ©es avec ce souci de la justesse et de la profondeur poĂ©tique grĂące au mordant expressif de ses instrumentistes, ceux de son propre ensemble sur instruments d’Ă©poque, le Concentus Musicus de Vienne. Alors que se pose avec sa retraite, le devenir mĂȘme de ses musiciens et le futur de la phalange, le disque enregistrĂ© pour Sony classical en 2015 Ă Vienne, dĂ©montre l’excellence Ă laquelle est parvenu aujourd’hui l’un des orchestres historiques les plus dĂ©fricheurs, pionniers depuis les premiers engagements, et ici d’une sensibilitĂ© palpitante absolument irrĂ©sistible : bois, cuivres, cordes sont portĂ©s par une Ă©nergie juvĂ©nile d’une force dynamique, d’une richesse d’accents, saisissants.
En insufflant aux Symphonies n°4 et n°5, leur fureur premiĂšre, inventive, incandescente et mystĂ©rieuse…
Harnoncourt façonne un Beethoven idéal
IDEAL ORCHESTRAL CHEZ BEETHOVEN… Le souffle intĂ©rieur, l’urgence, la tension, toujours d’une articulation somptueuse, avec ce sens de la couleur et du timbre paraissent de facto inĂ©galables, voire … inatteignables en particulier pour les orchestres sur instruments modernes. Si l’on conçoit toujours de grands effectifs et des instruments de factures modernes dans les grands halls symphoniques et pour les grandes cĂ©lĂ©brations mĂ©diatiques et populaire (voire les manifestations en plein air, vĂ©ritables casse tĂȘtes accoustiques), ici en studio, le format original, et la balance des instruments d’Ă©poque sont idĂ©alement rĂ©tablis dans un espace rĂ©verbĂ©rant idĂ©al. Quelle dĂ©lectation ! c’est une expĂ©rience unique et dĂ©sormais exemplaire que tous les orchestres instituĂ©s du monde et sur instruments modernes se doivent d’intĂ©grer dans leur Ă©volution Ă venir : on ne joue plus Beethoven Ă prĂ©sent comme en 1960/1970. Certes les instruments historiques ne font pas tout et la direction de Harnoncourt le montre : l’intelligence et l’acuitĂ© expressive du chef sait exploiter totalement toutes les ressources de chacun de ses partenaires instrumentistes. Un rĂ©gal pour les sens (un festival de timbres caractĂ©risĂ©s) et aussi pour l’intellect car le relief caractĂ©risĂ© des timbres (cuivres en fureur millimĂ©trĂ©e ; cordes souples et mordantes Ă la fois ; bois d’une ivresse rageuse Ă©chevelĂ©e : quel orchestre est capable ailleurs d’une telle somptuositĂ© furieuse?) souligne la puissance du Beethoven bĂątisseur et conceptuel. L’architecture, la gradation structurelle comme le flux organique de chaque mouvement en sortent dĂ©cuplĂ©s, dans une projection rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e, inventives, d’une insolence premiĂšre : on a l’impression d’assister Ă la premiĂšre de chaque Symphonie, sentiment inouĂŻ, profondĂ©ment marquant.
GESTE BOULEVERSANT. Pour sa retraite, le magicien Harnoncourt Ă la tĂȘte de son orchestre lĂ©gendaire, revient Ă Beethoven (on se souvient de son intĂ©grale phĂ©nomĂ©nale et dĂ©jĂ justement cĂ©lĂ©brĂ©e avec les jeunes musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe). ici, le vĂ©tĂ©ran, d’une acuitĂ© poĂ©tique et instrumentale supĂ©rieure encore nous lĂšgue deux Symphonies parmi les mieux inspirĂ©es de la discographie : un must absolu qui rĂ©vise le standard actuel de la sonoritĂ© beethovĂ©nienne pour tous les orchestres modernes et contemporains dignes de ce nom. MĂȘme l’Orchestre Les SiĂšcles n’atteint pas une telle intensitĂ© expressive, ce caractĂšre d’urgence et d’exacerbation poĂ©tique, cette fureur lumineuse, entre LumiĂšres et RĂ©volution, destruction et crĂ©ation-, ce sentiment de plĂ©nitude radicale. VoilĂ qui exprime au plus juste l’humeur rĂ©volutionnaire du gĂ©nial Ludwig. Ce geste qui Ă la fin d’une carriĂšre de dĂ©fricheur, ouvre une esthĂ©tique embrasĂ©e par la lumiĂšre et l’espoir d’une aube nouvelle (tranchant nerveux insouciant du piccolo dans le Finale de la 5Ăšme Symphonie entre autres…), se rĂ©vĂšle bouleversant. Merci Maestro ! CLIC de CLASSIQUENEWS de fĂ©vrier 2016. Incontournable.
CD Ă©vĂ©nement. Beehtoven : Symphonies n°4, 5 (Concentus Musicus de Vienne, Nikolaus Harnoncourt, 2015 1 cd Sony classical). CLIC de CLASSIQUENEWS de fĂ©vrier 2016. LIRE aussi notre compte rendu complet dĂ©diĂ© aux 3 Symphonies 39, 40, 41 de Mozart, un “oratorio instrumental”… septembre 2014