Jardin clos, prochaine crĂ©ation. A Saintes, les cinq chanteuses solistes de l’ensemble vocal De Caelis guidĂ©es par le compositeur Zad Moultaka revisitent la figure mythique de Hildegard von Bingen, poĂ©tesse mystique, compositrice inspirĂ©e du XIIème siècle .. dont les Visions embrasĂ©es, apocalyptiques par leur force comme leurs images surrĂ©alistes se rĂ©vèlent magistralement modernes.
Résidence de De Caelis à Saintes
De Bingen Ă Moultaka : faire sauter les murs…
Première étape avant la création de Jardin clos, création mondiale présentée le 13 juillet 2014
IntitulĂ© “ Jardin clos ” , la nouvelle crĂ©ation portĂ©e par chanteuses et compositeur passe les Ă©tapes successives de sa conception et s’offre mĂŞme le luxe pour les spectateurs venus dĂ©couvrir les coulisses d’une oeuvre nouvelle en gestation, les surprises d’une rencontre ce samedi 24 mai (Salle AdĂ©laĂŻde dans l’enceinte de l’Abbaye de Saintes) oĂą, en prĂ©sence du compositeur Zad Moultaka et des chanteuses de De Caelis, les auditeurs ont pu goĂ»ter le chant extatique en latin sans Ă©quivalent au Moyen-Age, composĂ© et probablement chantĂ© par la cĂ©lèbre abbesse germanique. De Caelis a chantĂ© deux extraits des pièces de Bingen qui seront prĂ©sentĂ©es dans le concert dĂ©finitif. C’Ă©tait une “restitution de rĂ©sidence” dans le jargon spĂ©cialiste : une première offrande musicale expliquĂ©e avant la crĂ©ation du programme Jardin clos dans sa version complète et finale, le dimanche 13 juillet 2014 dans le cadre du festival estival de Saintes. Ce nouveau travail s’inscrit dans la rĂ©sidence que Saintes offre depuis 3 annĂ©es Ă l’ensemble vocal.
L’oeuvre croise deux mondes concertants, celui mĂ©diĂ©val et mystique de la Sainte, celui millimĂ©trĂ©, magistralement dramatisĂ© du libanais Moultaka dont la sensibilitĂ© marronite favorise une Ă©criture centrĂ©e sur les mondes intĂ©rieurs, les vertiges d’une conscience rĂ©vĂ©lĂ©e Ă ses propres tensions dont la rĂ©solution pointe vers une explosion salvatrice des clĂ´tures qui enferme et Ă©touffe notre existence moderne. Si le raffinement apportĂ© Ă la partition en crĂ©ation – que nous avons dĂ©couvert lors d’un premier filage en matinĂ©e du 24 mai dernier sous la voĂ»te idĂ©alement rĂ©verbĂ©rante de l’Ă©glise abbatiale de Saintes, privilĂ©gie la couleur, le timbre, d’infinies nuances dynamiques – vrai dĂ©fi pour De Caelis lors de sa rĂ©sidence, la pièce finale du programme jouĂ©e en crĂ©ation mondiale s’appuie sur la portĂ©e expressive du texte en une dramaturgie progressive irrĂ©sistible de trois parties : inspirĂ© par le modèle des partitions dHildegard, Zad Moultaka fait sauter la clĂ´ture du jardin… pour que ce monde s’effondre et laisse la place Ă un nouveau.
Pour se faire, tout le travail contemporain du compositeur se concentre sur l’Ă©cho, la rĂ©sonance, – leur trace que suscite l’Ă©noncĂ© de la parole mĂ©diĂ©vale de Bingen. Avant la crĂ©ation proprement dite et comme enchassĂ©es entre les chants de la Sainte, Moultaka produit des ondes sonores (Ă partir des voix de De Caelis prĂ©alablement enregistrĂ©es), comme autant de rĂ©ponses en miroirs qui sont contemporaines au verbe mystique de Bingen, traces, empreintes qui font sens aujourd’hui et nourrissent notre sensibilitĂ© moderne.
Pour Laurence Brisset, soprano de De Caelis, une crĂ©ation ne se rĂ©duit pas aux seuls signes et indications de la partition … c’est surtout une rencontre. Celle avec Zad Moultaka est exceptionnelle : elle porte chacune des soliste Ă se dĂ©passer… torches ardentes d’un tableau sonore vertigineux, dĂ©sormais Ă dĂ©couvrir cet Ă©tĂ© lors du festival estival de Saintes.
Feux, crĂ©pitements embrasement salvateurs s’invitent donc Ă Saintes …. que le programme soit portĂ© uniquement par les 5 voix de De Caelis est dĂ©jĂ une performance en soi. C’est le prochain Ă©vĂ©nement du festival de Saintes, Ă dĂ©couvrir ce dimanche 13 juillet 2014 dans le vaste Ă©crin de la CathĂ©drale Saint-Pierre (19h30).