lundi 5 mai 2025

Stravinsky: L’Oiseau de feu, 1909. Le jardin des critiquesFrance Musique, le 22 juillet 2012 à 14h

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Stravinsky

L’oiseau de feu
(1909)

France Musique
Le jardin des critiques
Dimanche 22 juillet 2012 à 14h

Fleuron des ballets de Stravinsky pour les Ballets russes de Diaghilev, L’Oiseau de feu, avant Le Sacre du printemps, incarne ce flamboiement sonore, véritable miracle instrumental, né sous la plume du compositeur russe le plus doué du XXè. Voici ce qu’écrit notre collaborateur Carl Fischer à propos de la partition créée à Paris, en 1909, à l’occasion de l’excellente et récente version conçue par François-Xavier Roth et son orchestres Les Siècles…


Raffinement sonore

Quand Diaguilev commande à Stravinsky un nouveau ballet en 1909, fort du succès des Ballets Russes à Paris, l’engouement pour le théâtre slave, richement coloré, connaît un nouveau tournant: avec L’Oiseau de feu, créé triomphalement à l’Opéra de Paris en juin 1910, Stravinsky bientôt réinventeur de l’orchestre moderne avec Le Sacre du Printemps (1913) frappe fort; sur le thème de la légende du prince Ivan Tsarévitch, protégé par l’oiseau miraculeux, le compositeur exprime tout le mystère d’un drame oriental et luxuriant qui croise aussi le pouvoir du magicien Katcheï… Amateur de restitutions historiquement informées et du contexte d’époque, François-Xavier Roth présente une vision élargie de la création du 25 juin 1910, en apportant couleurs, rythmes et éclats du ballet complémentaire présenté aussi à l’Opéra de Paris au moment de la création: le ballet si bien nommé « Les Orientales », prélude à l’Oiseau de Feu; c’est un cycle de partitions hautes en couleurs, aux suggestions puissantes qui regroupe plusieurs signatures et non des moindres: Sinding (danse orientale, orchestration de Charlie Piper 2010), Grieg (le Djinn, orchestration de Bruno Mantovani, 2010); un Arensky nilotique ! (« extraits des « Nuits égyptiennes »), surtout, 3 extraits de ballets mis en musique par Glazounov (rêve puis tempérament de Raymonda et des Saisons).

Profitant des orchestrations recomposées pour l’occasion, préservée par la tension orfêvrée du chef, la ciselure des accents et des couleurs renouvelle avec puissance et finesse l’activité permanente de la sélection musicale. En architecte, soucieux du détail comme de la courbe narrative jalonnant de temps suspendus et de précipitations, l’action instrumentale, « FXR » (François-Xavier Roth) réussit dans ce live réalisé il y a 1 an entre Paris et Laon; sa direction sait être véhémente et poétique, sensible aux mille climats d’une partition souvent onirique. La séduction des timbres crépitants, la précision des attaques, l’opulence des alliances entre les pupitres, font indiscutablement la valeur de cette lecture sur instruments d’époque; les nuances dynamiques couplées à la palette des couleurs instrumentales éclairent ce Stravinsky ivre de drame échevelé et de flamboiements raffinés, surtout très sûr dans sa manière d’organiser le temps de l’action; sa conception reste franche, efficace, jamais décorative, portée par une nécessité dramatique qui écarte toute dilution comme tout épanchement redondant: au jardin enchanté de Katcheï succède l’apparition de l’oiseau miraculeux, surtout sa danse trépidante, d’une sensualité expressionniste (plage 12); tout le tableau de la confrontation entre l’ensorceleur Kaitcheï et Ivan, puis grâce à l’intervention du divin volatile, l’envoûtement et la mort finale du magicien (pourtant immortel), est remarquable de tenue rythmique et d’incandescente activité; cet orientalisme n’est jamais clinquant ni démonstratif: Roth comprend magnifiquement la nécessité de chaque intention instrumentale dont nous avons parlé et qui constitue la cohérence et la violence du ballet; le chef sait colorer et faire palpiter tout l’orchestre (brillant contraste de la danse infernale des suivants de l’Immortel à la berceuse de l’Oiseau…), trouvant une pulsation et un équilibre sonore, exemplaires: du détail, de la fièvre dramatique (entre hallucinations et inquiétude), des climats éperdus à l’hédonisme sonore superlatif (supplication de l’oiseau capturé par Ivan), et toujours, emblème des Siècles, un engagement hautement musical pour la défense d’oeuvres inconnues … à découvrir; ou célèbres, qui sur instruments d’époque sont désormais … à redécouvrir. Live captivant. En lire +

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