mardi 6 mai 2025

Stéphane Barsacq: Johannes Brahms Editions Actes Sud. 177 pages

A lire aussi

Brahms en son secret

Stéphane Barsacq nous parle de Brahms, le Viennois. Un être à part. Dont le regard enfantin ne s’est jamais abîmé, ni altéré malgré les meurtrissures du temps. L’auteur dans une langue magnifique, proche de la chronologie sans jamais la souligner, réorchestre la partition existentielle d’un rhapsode génial et talentueux, dont le violoniste prodige d’origine hongroise, Joseph Joachim fut un frère aimant. L’énergie qui possède le musicien, sait enflammer une sensibilité supérieure comme elle suscite d’emblée la passion immédiate du couple Schumann, rencontré le 30 septembre 1853… Robert et son épouse, la délicieuse pianiste Clara, qui deviendra après la mort de son époux, le seul, l’unique véritable amour de Johannes… Le mystère de leur affection demeure au coeur de l’oeuvre et de la vie de Brahms qui ayant pourtant vécu de nombreuses idylles, ne se maria jamais. Solitaire, observateur du monde et des hommes…

En une langue pudique, le biographe sait d’emblée évacuer toute célébration facile dont l’usage souvent fréquenté, met Brahms et Wagner en position dominante, tels deux piliers du « grand art allemand » selon une terminologie dangereuse qui fit l’orgeuil et la démesure nazies… En vérité, il y a plutôt de l’esprit du voyage chez Brahms, de la « tziganerie » : « il importe de replacer Brahms dans un perspective cavalière – ce Brahms aux chants tziganes, les Zigeunerlieder, lui qui prononça, sur son lit de douleur, le nom de son ancien ami Remenyi, ce violoniste juif qui lui ouvrit le monde du voyage. » Voilà l’une des superbes visions, éclairant tout à coup la perception d’un Brahms, humain, fraternel, moderne.

De pages en pages, la silhouette du musicien seul à la carrure impressionnante, comme à la barbe vénérable, surgit d’un passé étonnamment vivant. Tout en racontant sa vie, Stéphane Barsacq sait aussi dévoiler la profondeur des oeuvres du musicien romantique: quatuors et symphonies, Ein Deutsches Requiem (qu’il aurait été plus juste en conformité avec sa véritable essence, d’intituler, Requiem humain), Concertos pour piano, Danses hongroises… Ce livre magnifique, tout en approchant le secret multiple et indicible qui recèle l’identité du compositeur, être mystérieux et pluriel (comme le fut à son heure le divin mais double Robert Schumann, capable d’être à la fois Eusebius et Florestan, – et aussi leur fusion plus rêvée que réelle, « Maître Raro »-), nous parle d’une valeur au centre d’une existence et d’une oeuvre sans égales: l’amour. Lecture incontournable.

Stéphane Barsacq: Johannes Brahms. Préface d’Hélène Grimaud. 177 pages.

Derniers articles

OPÉRA ROYAL DE VERSAILLES. RAMEAU : Les Fêtes de Ramire, jeu 22 mai 2025. Apolline Raï-Westphal, David Tricou, … La Chapelle Harmonique, Valentin Tournet

Récemment le festival d’Aix (2024) a réalisé une reconstruction plus ou moins réussie du fameux Samson opéra envisagé à...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img