Angelin Preljocaj
Bruno Mantovani, musique
Angelin Preljocaj, chorégraphie
Paris, Opéra Bastille
Du 18 mars au 11 avril 2010
vers l’éveil…
Le chorégraphe Angelin Preljocaj aborde le mythe fondateur de Siddharta pour la nouvelle création qu’il
offre au Ballet de l’Opéra de Paris en mars 2010, d’après la musique de Bruno Mantovani. Ainsi se précise la figure centrale dans la pensée et la philosophie asiatique du futur Boudha ou Eveillé. Approche originale d’un chorégraphe européen sur le sujet du renoncement au désir et de la réalisation d’un absolu qui passe par la délivrance. Avant l’état parfait enfin atteint (Bodhi ou éveil), Bouddha était le prince Siddharta Gautama, proie de maints épisodes et épreuves, propres à semer le doute et le soupçon dans l’esprit de l’être en quête de dépassement. Le ballet est un long voyage qui mène au Nirvana (l’illumination).
Siddharta serait né à Lumbini au nord de l’Inde, entre le Vè et le VIè siècle de notre ère. Dans une atmosphère luxueuse confinée, le jeune homme est éduqué sous le contrôle de son père Shuddodana, épargné de toute misère. Frappé par le spectacle de la déchéance humaine (vieillesse, maladie, mort) qu’il ne connaissait pas, Siddharta décide à l’âge de 29 ans de quitter tout ce qu’il connaissait: palais, épouse, enfant, famille afin de vivre la condition la plus humble et méditer le sens de la vie terrestre, soit 14 tableaux, depuis le départ du prince à l’éveil de celui qui a choisi d’atteindre la pleine conscience pour délivrer le monde du cycle des souffrances.
Poème symphonique et dansé
Siddharta est la 4è commande de l’Opéra de Paris passée à Angelin Preljocaj, après le Parc (1994), Casanova (1998), Le Songe de Médée (2004). La musique d’une durée de 2 heures, est réalisée sous la forme d’un poème symphonique par Bruno Mantovani dont c’est la première musique de danse. Le compositeur avoue y trouver pour la première fois l’occasion de traiter musicalement la féerie et l’exotisme. Les tableaux représentent tour à tour ce que vit concrètement et ce que pense Siddharta: narration réelle et expression psychologique. Le compositeur entend définir les deux registres du ballet. Auteur d’une musique naturellement gestuelle, Mantovani s’inscrit évidemment dans le travail de Preljocaj.
La trame narrative du ballet suit les étapes de la vie de Siddharta: pouvoir, condition humaine, religion, misère, travail, éveil final). Dans cette quête du sens de la vie et la recherche d’un équilibre entre jouissance et austérité, entre réalisation physique et spiritualité, Preljocaj aime chercher et trouver ce qui au final d’un travail chorégraphique permet que le corps devienne esprit et « que l’esprit prenne corps ». La danse est ce terreau fertile et conciliateur où, en champs médiateur, elle favorise la réalisation d’une quête « entre ce que peut le corps et ce que recherche l’esprit ». Les épreuves debla vie apportent la vérité des souffrances et peu à peu, la cessation des souffrances grâce au principe du lâcher prise et de la distanciation.
Dans son travail, Angelin Preljocaj avoue retrouver la sincérité première de la danse, comme rituel primordial, sans « artifice » ni « trace d’exotisme », il s’agit d’exprimer ce passage en métamorphose, des plaisirs du monde aux plaisirs de l’esprit.
Siddharta d’Angelin Preljocaj
et Bruno Mantovani (création)
Les Etoiles, les premiers danseurs et le corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Susanna Mälkki, direction
Siddharta
Jérémie BÉLINGARD
ou Nicolas LE RICHE
L’ÉveiL
Aurélie DUPONT
ou Clairemarie OSTA
Le Roi
Wilfried ROMOLI
danseur étoile invité
Sujata
Muriel ZUSPERREGUY
ou Alice RENAVAND
Yasodhara
Alice RENAVAND
ou Muriel ZUSPERREGUY
Le Compagnon de Siddharta
Stéphane BULLION
Illustrations: Angelin Preljocaj © Anne Deniau 2010