Symphonie n°6 (1818)
France Musique
Dimanche 2 décembre 2012, 14h
Tribune des critiques
Qualifiée abusivement de « Petite », la Sixième de Schubert, composée autour de 1817, est créé le 14 décembre 1828 à Vienne sous la direction de Johann Baptist Schmiedel. La Symphonie en ut qui n’a rien de secondaire, regorge d’énergie et de carrure qui dépasse largement la Cinquième. L’Allegro à l’esprit joyeux et léger de Weber. L’élégance de l’Andante, avec pointes parfois sauvages, prépare au scherzo particulièrement contrasté, à la fois majestueux et badin, d’une grâce chorégraphique insouciante… Schubert se moquerait-il des salonards mondains ridicules ? Le finale quant à lui débute timidement puis s’engage avec une ardeur recouvrée jusqu’au rire ultime.
D’après les récentes recherches du chef Jos Van Immerseel, qui a tant fait pour retrouver la sonorité et les justes tempos des symphonies de Schubert (voir le coffret de l’intégrale des Symphonies de Schubert par Anima Eterna, Jos van Immerseel),
seules les symphonies n°5 et n°6 ont été jouées du vivant de Schubert, dans un contexte privé de salon, dans la Schottenhof de Vienne, sous la direction du violoniste Otto Hatwi: Schubert y joue l’alto et son frère Ferdinand, le premier violon.
feu, humour italien et motricité hongroise
La matériel de la 6è Symphonie
est très influencé par l’opéra italien, en particulier de la verve colorée de Rossini (le Barbier de Séville ne remonte qu’à 1816… donc peu de temps avant la composition de la Symphonie). La manuscrit autographe indique un accelerando dans le premier mouvement… trépidation qui traverse aussi l’esprit du dernier mouvement (qui lui ne comporte pas d’indication de ce type). Quant à l’influence de la musique hongroise dans l’écriture, elle imprime partout cette motricité rythmique spécifique dans tout le cycle, en particulier dans le dernier mouvement, qui décolle véritablement et de façon très pertinente. L’on ne saurait enfin passer sous silence l’obligation de réaliser toutes les reprises, mais en variant très subtilement chaque répétition.
Le travail d’Immerseel a dévoilé aussi la véritable configuration (instrumentarium et disposition viennoise des pupitres…) de l’orchestre schubertien: violons placés à droite et à gauche du chef, ligne de contrebasse derrière les bois et l’harmonie, composant comme un mur de basse… Il s’agit aussi de retrouver les indications originelles souhaitées par Schubert, malgré le travail de reconstitution réalisé par Brahms à partir de 1884 pour l’éditeur Breitkopf: une approche certes utile pour la diffusion du Schubert symphoniste mais catastrophique pour connaître les justes proportions des oeuvres originelles. Au final, de toutes les Symphonies connues et en fonction des manuscrits parvenus, c’est bien l’Inachevée … qui reste la plus aboutie.
Lire notre critique des Symphonies de Schubert par Immerseel