Le quatrième concert du 16 Juillet donné dans le cadre du festival de Saintes, qui se déroule à l’abbaye aux dames, mettait l’ensemble La Venexiana à l’honneur. Pour ce concert c’est Claudio Monteverdi (1567 1643), qui est considéré comme le « fondateur » du genre opératique tel que nous le connaissons, qui est au coeur de ce programme. Fondé en 1996 par le contre ténor Claudio Cavina, qui le dirige également, l’ensemble La Venexiana a donné à entendre, à un public venu nombreux, des madrigaux largement tirés des livres V à VIII composés par Montevedi. A côté de ces oeuvres, il faut ajouter un extrait d’Arianne, encore que seul le lamento ne nous soit parvenu; Arianne qui est le second opéra composé en 1608 par Monteverdi repose sur l’un des nombreux mythes de l’antiquité grecque.
Lors du concert de la mi-journée, nous avons apprécié sans modération la musique instrumentale de Bach; le moins que l’on puisse dire c’est que, pour ce premier concert de la soirée (il y a un concert à 20H et un autre à 22H30 chaque jour après le lancement du festival) l’ensemble La Venexiana, venu tout droit d’Italie, a donné un concert d’une très grande qualité. Les cinq chanteurs, accompagnés par un continuo composé d’un théorbe, une harpe, un clavecin et une contrebasse ont pris un plaisir évident à interpréter ces madrigaux; comme ils ne sont jamais figés, le public entre dans l’univers de Monteverdi sans effort et nous ne nous faisons pas prier pour accepter cette invitation au voyage formulée avec simplicité. Il nous suffit d’observer la gestuelle et les visages des chanteurs pour voir défiler une large palette d’émotions qu’ils nous font partager sans complexes. Quel plaisir de voir ces madrigaux interprétés avec un tel naturel, sans ajouts inutiles et surtout avec autant de plaisir. Si nous aurions préféré un choix un peu plus équilibré entre les quatre livres sélectionnés pour ce concert. Si les voix sont très sollicitées, les quelques introductions et interludes musicaux permettent aux instrumentistes de donner au public un très bel aperçu de leur talent et, pour ceux qui ne connaissaient pas, de découvrir le théorbe qui fait partie de la famille du luth.
L’unique incursion de La Venexiana dans le concert d’hier soir dans l’univers opératique de Monteverdi nous entraine vers l’un des mythes les plus connus de l’antiquité grecque, celui d’Arianne et de Thésée. S’il ne nous reste plus que le célébrissime lamento d’Arianne, interprété avec maestria par la soprano Valentina Coladont qui rend parfaitement le désespoir de la princesse qui croit que son cher Thésée est mort dévoré par le minotaure enfermé dans le célèbre labyrinthe du roi Minos. Même s’il ne reste aujourd’hui que le lamento d’Arianne, nous apprécions que Claudio Cavina ait privilégié L’Ariana plutôt que l’Orfeo ou le couronnement de Poppée qui, pourtant, contiennent eux aussi de très belles mélodies.
Si nous sommes séduits par cet ensemble talentueux, nous sommes aussi ravis de constater que les madrigaux, souvent enregistrés, connaissent un début de renaissance au concert. Nous ne pouvons que souhaiter d’avoir de nouvelles occasion de revoir La Venexiana avec un programme aussi beau et bien interprété. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé en réservant un accueil à la hauteur de la très belle soirée qu’il avait passé; les rappels, nombreux, nous ont permis de ré-écouter le dernier madrigal du programme; c’est d’ailleurs jusqu’à la sortie de l’abbatiale que le public a ovationné les artistes
Saintes. Le 16 Juillet 2011, abbaye aux dames, abbatiale. Claudio Monteverdi (1567 1643) : madrigaux livres V à VIII; Arianne (1608) composé sur un livret d’Ottavio Rinuccini. La Venexiana; Claudio Cavina, direction. Article rédigé par notre correspondante Hélène Biard
