Hier l’abbaye aux dames de Saintes accueillait, dans le cadre de son festival, trois musiciens exceptionnels pour donner quatre oeuvres instrumentales de Jean Sébastien Bach (1685 1750). Si nous connaissons ce musicien comme étant le génial compositeur de musique sacrée (cantates, messes, passions, oratorios…), nous devons nous souvenir qu’il laisse aussi un corpus de musique instrumentale exceptionnel pour flûte, orgue, violon, violoncelle… Hier midi ce sont les sonates pour flûte que le programme de ce concert privilégie, génialement servies qu’elles sont par le flûtiste Jean Brégnac.
Compositeur prolifique surtout en ce qui concerne la musique vocale, Jean Sébastien Bach a laissé un corpus instrumental non négligable dont nombre de sonates pour flûte. Ce sont les pièces BWV1035 en mi majeur pour flûte et basse continue, BWV1030 en si mineur pour flûte et clavecin et BWV1034 en mi mineur pour flûte et basse continue qui constituaient le corps du programme et Jean Brégnac était accompagné par Maude Gratton au clavecin et Ageet Zweistra au violoncelle qui assuraient magistralement le continuo. Nous avons apprécié l’interprétation pleine de vie et de sensibilité de ces trois musiciens exceptionnels qui ont trouvé aisément un rythme soutenu et entrainant grâce à un travail acharné et à une entente plus que cordiale qui leur a permis d’explorer à fond les trois sonates programmées. La difficulté n’est pas seulement d’inviter des musiciens de génie, ils sont bel et bien présents, mais plus de convier des instrumentistes capables de s’entendre, de dépasser les désaccords et de donner une interprétation aussi proche que possible de ce que souhaitait le compositeur; le pari est réussi au delà de toutes les espérances tant Jean Brégnac et ses deux complices entrainent le public dans leur univers avec un bonheur évident. C’est la toccata en ut mineur pour clavecin, insérée entre deux sonates, qui permet à la jeune et talentueuse claveciniste Maude Gratton de démontrer avec éclat à quel point elle mérite les récompenses qu’elle a reçu à ses débuts; la jeune femme, géniale ambassadrice de la période baroque se régale visiblement avec cette oeuvre qu’elle interprète simplement, sans complexes. Si nous apprécions sans modération le talent de ces trois instrumentistes remarquables, nous regrettons que la violoncelliste Ageet Zweistra n’aie pas eu l’opportunité de pouvoir s’exprimer en donnant elle aussi une sonate pour violoncelle seul, le corpus instrumental de Bach le permettant aisément.
C’est dans l’ensemble un concert d’un niveau très élevé auquel nous avons assisté à la mi journée qui a permis au public de l’abbaye aux dames de découvrir ou de redécouvrir la musique instrumentale de Jean Sébastien Bach grâce au talent de trois instrumentistes qui méritent largement l’ovation qui leur a été réservée, ovation qui les a ammenés à donner en bis le dernier mouvement de la sonate BWV1034 pour flûte et basse continue.
Saintes. Le 16 Juillet 2011, abbaye aux dames, abbatiale. Jean Sebastien Bach (1685 1750) : sonate BWV1035 en mi majeur pour flûte et basse continue, sonate BWV1030 en si mineur pour flûte et clavecin, sonate BWV1034 en mi mineur pour flûte et basse continue, toccata en ut mineur pour clavecin. Jean Brégnac (flûte), Maude Gratton (clavecin), Ageet Sweistra (violoncelle). Compte rendu rédigé par notre correspondante Hélène Biard