jeudi 28 mars 2024

Saint-Céré. Château de Castelnau-Bretenoux, le 4 août 2011.Tchaïkovski : Eugène Onéguine. Sergei Stilmachenko, Ekaterina Godovanets… Dominique Trottein, direction. Eric Perez, mise en scène

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Eugène Onéguine sous les étoiles

Troisième soirée au Festival de Saint-Céré. Les cieux se montrent enfin cléments, et c’est bien dans le cadre magique du Château de Castelnau que peut se dérouler cette représentation d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, dans la nouvelle mise en scène d’Eric Perez.
Après avoir parcouru la passionnante exposition consacrée aux frères Nadar et leurs photographies d’artistes lyriques du début du XXe siècle, chacun s’installe, et alors que tombe la nuit, la magie opère peu à peu.

Simple et pratique, la scénographie d’Eric Perez utilise des panneaux mobiles lumineux, changeant de couleurs au fil de l’action. Le moment le plus fort est sans conteste la lettre de Tatiana, qui trace les lettres de son amour pour Onéguine directement sur les murs, entourée qu’elle est alors par ses propres mots. Les costumes sont sobres et élégants, notamment ceux du bal et de la confrontation finale.
Tatiana idéale, Ekaterina Godovanets enchante par sa noblesse et l’évolution progressive qu’elle apporte à son personnage. De jeune femme timide et secrète au début de l’œuvre, la scène de la lettre la voit transfigurée par ses sentiments naissants, jusqu’à la scène finale où, fière et altière, elle rejette Onéguine et sa passion pour lui. La voix est chaude et ronde, d’un grain magnifique, et d’une belle homogénéité d’un grave sonore à un aigu ample et velouté, toujours émis sans effort. Une artiste complète, aussi musicienne et sensible que technicienne accomplie, qu’on a hâte de réentendre.
Plein de fougue et de passion, le Lenski de Svetislav Stojanovic se révèle également comme une belle découverte, doté d’un instrument au timbre agréable, aux sonorités bien placés, à l’aigu facile et généreux, et à la musicalité touchante.
Face à ces deux artistes, l’Onéguine de Sergei Stilmachenko pâtit d’un manque de magnétisme scénique et vocal, sa voix de baryton manquant de rayonnement comme de puissance, malgré des aigus étonnamment percutants.
En outre, le Gremine de Jean-Claude Sarragosse impressionne tant par son chant châtié et élégant, ainsi que l’éclat rare de son timbre de basse, loin des voix charbonneuses et fatiguées souvent distribuées dans ce rôle, qu’on en vient à s’étonner que Tatiana préfère encore Onéguine à son époux.

L’Olga de Karine Motyka fait montre d’une belle efficacité, comme la Mme Larina d’Hermine Huguenel, tandis que Béatice Burley incarne une Filipevna très attachante, tendre et maternelle. Saluons également l’excellent Monsieur Triquet d’Eric Vignau, bien chantant, drôle et poétique.

Fidèle à lui-même, Dominique Trottein tire le meilleur de son orchestre et sait souligner les richesses de la partition.
Une belle soirée, sous un ciel clair et sans nuages, par laquelle s’achève notre visite à Saint-Céré, un festival toujours aussi accueillant et chaleureux, où nous reviendrons avec un grand plaisir.

Saint-Céré. Château de Castelnau-Bretenoux, 4 août 2011. Piotr Ilitch Tchaïkovski : Eugene Oneguine. Livret de Piotr Ilitch Tchaïkovski et Konstantin S. Shilovsky d’après le poème de Pouchkine. Avec Eugene Oneguine : Sergei Stilmachenko ; Tatiana : Ekaterina Godovanets ; Lenski : Svetislav Stojanovic ; Olga : Karine Motyka ; Prince Gremine : Jean-Claude Sarragosse ; Mme Larina : Hermine Huguenel ; Filipevna : Béatrice Burley ; Monsieur Triquet : Eric Vignau. Orchestre du Festival. Dominique Trottein, direction musicale ; Mise en scène : Eric Perez. Assistant à la mise en scène : Damien Lefèvre ; Scénographie : Ruth Gross ; Costumes : Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne ; Chef de chant : Inna Petcheniouk

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