vendredi 13 juin 2025

Rossini: La Petite Messe Solennelle. Les 30 ans de l’ALTTourcoing, les 20, 22, 24 janvier 2012 à 20h

A lire aussi
Atelier lyrique de Tourcoing
2011-2012
30ème saison

L’Atelier Lyrique vaut bien une messe !

Gioachino Rossini (1792-1868)
La Petite Messe Solennelle
pour 12 chanteurs solistes (1864)
Tourcoing, Théâtre municipal Raymond Devos,
les 20, 22 et 24 janvier 2012 à 20h

Au crépuscule de sa carrière flamboyante, Rossini, 72 ans, « ose » une petite messe solennelle, oeuvre atypique et inclassable, pas vraiment à sa place à l’église ni vraiment dimensionnée pour le salon. C’est pourtant chez un prestigieux mécène mélomane, à Paris, dans le salon du Comte Pillet-Will que l’oeuvre facétieuse et aussi méditative, pleine d’esprit et d’auto dérision est créée. « Ma musique la plus sacrée n’est jamais que semi-seria » précisait Rossini.
De fait en un rituel singulier, entre musique, dévotion, élégance et gastronomie, Rossini sut encore au soir de sa vie étonner ses admirateurs…

Pour fêter le 30e anniversaire de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, Jean-Claude Malgoire aborde ce péché de vieillesse à l’inspiration irrévérencieuse d’un créateur toujours insolemment créatif.

Fête rossinienne pour les 30 ans de l’ALT

Fidèle à sa passion rossinienne, toute l’équipe réunie autour de Jean-Claude Malgoire auquel nous devons de précédents Rossini totalement réussis (Le Barbier de Séville, Tancredi...) retrouve cet esprit insolent, inventif, facétieux propre au compositeur romantique. Sa Petite Messe solennelle défie l’interprète et bouscule la convention des genres: cette messe est sacrée tout en demeurant proche de l’opéra et d’une insolence formelle assumée. L’approche va jusqu’au bout de sa démarche elle aussi inventive: le metteur en scène Jean-Philippe Delavault convoque pour cette partition singulière Gioachino Rossini, en personne, son épouse Olympe et quelques amis intimes…

Sacrée musique…

Les annotations de Rossini sur son manuscrit (1863) indiquent le ton de l’oeuvre, entre délire et subtilité: « Petite messe Solennelle à quatre parties avec accompagnement de deux pianos et harmonium composée pour ma villégiature de Passy. Douze chanteurs des trois sexes: Hommes, Femmes et Castrats seront suffisants pour son exécution, savoir Huit pour les chœurs, Quatre pour les solos, Total douze Chérubins. Bon Dieu, pardonne-moi le rapprochement suivant : Douze aussi sont les apôtres dans le célèbre coup de mâchoire peint à fresque par Léonard, dit la Cène, qui le croirait. Il y a parmi tes disciples de ceux qui prennent de fausses notes !! Seigneur, j’affirme qu’il n’y aura pas de Judas à mon déjeuner et que les miens chanteront juste et con amore tes louanges et cette petite composition qui est Hélas le dernier péché mortel de ma vieillesse.« , écrit Rossini à Passy en 1863.

En fin de manuscrit, comme une conclusion autographe, le compositeur qui bannit tout sérieux pour la divine légèreté, ajoute: « Bon Dieu, la voilà terminée cette pauvre petite musique. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou bien de la sacrée musique ? J’étais né pour l’opera buffa , tu le sais bien ! Peu de science, un peu de cœur, tout est là. Sois donc béni et accorde–moi le Paradis« . Tout est dit.

Avec le Stabat Mater, il s’agit de la seule partition sacrée du génie de l’opéra. La Petite Messe Solennelle est une commande du Comte Pillet-Will, régent de la Banque de France, pour la consécration de sa chapelle privée. L’oeuvre est dédiée à l’épouse du commanditaire, Louise Pillet-Will et donc créée le 14 mars 1864 devant deux cent cinquante invités dont Auber, Ambroise Thomas, Meyerbeer, le baron de Rothschild et aussi le Nonce apostolique, représentant le Vatican à Paris. C’est un événement mondain, très parisien, où le compositeur italien le plus applaudi de la capitale, fait un retour remarqué. La représentation comprenait un long entracte permettant aux convives et aux musiciens de se restaurer grâce à un somptueux buffet.
En retraite, – il n’a plus composé d’opéras depuis 30 ans-, Rossini ose ici une pièce personnelle, destinée à une délectation privée. Pour autant malgré son caractère privé, La Petite Messe Solennelle est un manifeste musical magistralement ciselé, audacieux par sa construction harmonique, foisonnante dans ses formes (fugues, arias da capo, choeurs célébrant les anciens Palestrina et Bach…).

Joies terrestres, Cène drôlatique…

Pour Jean-Philippe Delavault, « les circonstances de la création invitaient inéluctablement à faire du repas de la Messe une célébration des joies terrestres, le dernier opéra bouffe de Rossini. “Une mise en Cène” commémorative, où le public est convié à un banquet pour fêter les trente ans de l’Atelier Lyrique de Tourcoing.
Désacralisante, épiphanie fraternelle, la mise en scène de Jean-Philippe Delavault devrait souligner la grâce d’un Rossini jamais en perte d’inspiration ni de justesse. Dans La Petite Messe Solennelle, « le sujet semble grave et solennel, mais il est aussi petit, intime, sensuel et pudique. L’ironie y est légère et poignante, la spiritualité bonhomme. On y partage la peur de la mort et le désir du Paradis. Rossini n’a-t-il pas toute sa vie cherché à échapper à la gravité qui n’est somme toute que la loi de la chute des corps ? A la question : “Qu’est ce que le Paradis ?”, il répondait : “Un endroit où on mange du foie gras à volonté !” Tout un programme… Production événement.

Rossini: La Petite Messe Solennelle. Atelier Lyrique de Tourcoing. Jean-Claude Malgoire, direction. Tourcoing, Théâtre municipal Raymond Devos, les 20, 22 et 24 janvier 2012, dans une mise en scène de Jean Philippe Delavault. Production événement pour les 30 ans de l’Atelier Lyrique de Tourcoing. Joyeux buffet à l’entracte pour chaque représentation.

Atelier Lyrique de Tourcoing. 82 bd Gambetta 59200 Tourcoing tél 03 20 26 66 03. Toutes les infos, les modalités de réservation, la billetterie en ligne sur le site de l’atelier Lyrique de Tourcoing

Direction musicale: Jean Claude Malgoire
Mise en scène: Jean Philippe Delavault
Chorégraphie: Natalie Van Parys
Scénographie: Barbara de Limburg
Collaboratrice à la scénographie Yaël Haber
Costumes: Lili Kendaka
Maquillages, coiffures: Elisabeth Delesalle
Lumières: Nicolas Gilli

Solistes
Isabella Colbran: Julie Fuchs, soprano
Olympe Pélissier: Nora Gubisch, mezzo
Figaro: Fausto Reinhart, ténor
Rossini: Pierre-Yves Pruvot, baryton

Ripieni
Enfant de chœur, ange: Aurore Bucher, soprano
Enfant de chœur, ange: Maïlys de Villoutreys, soprano
Abbé, Comte Ory: Jean-Michel Fumas, contre-ténor
Cuisinier: Serge Kakudji, contre-ténor
Auber, Pharaon: Jérémy Duffau, ténor
Maître d’hôtel: Denis Mignien, ténor
Meyerbeer, Moïse: Marc Boucher, baryton
Serviteur: David Witczak, baryton

Derniers articles

FESTIVAL DE SAINTES, du 12 au 19 juillet 2025 : Pulcinella (Ophélie Gaillard), Les Épopées, Il Caravaggio, La Sportelle, Amandine Beyer, Jeune Orchestre de...

Excellence, beauté… la violoncelliste (et directrice artistique) Ophélie Gaillard sélectionne les tempéraments les plus inspirants, dans les répertoires les...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img