Paris, Palais Garnier, 2002. Production à juste titre mémorable, cette Platée déjantée et délirante rend pleinement justice au plus bouillonnant des compositeurs français du plein XVIIIè: il invente la comédie musicale tant l’action mêlée de divertissements et de ballets, d’intermèdes et de registres à 2 voire 3 degrés… réinvente grâce à la souveraine musique, le genre lyrique hérité de Lully.
Le comique irrévérencieux, l’action théâtrale et surtout l’orchestre revendiquent la première place: Platée est ce formidable miracle théâtral où certes, il s’agit bien d’un jeu de dupe, amer et tragique, développé au détriment de la trop naïve grenouille, reine des marais… Les déités supérieures se moquent du batracien ridicule: comment Platée, si laide et si fade, si fleur bleue, a-t-elle pu croire susciter la passion de … Jupiter? Rameau prend prétexte de cette intrigue assez mince pour délirer lui-même: jamais il n’a mis autant de musique, d’idées, de formes mêlées, de registres poétiques contrastés.
Voici la seconde distribution de la production parisienne: à Jean-Paul Fauchécourt succède l’extraordinaire Paul Agnew, bête de scène, comique et tragique, à la frontière des deux mondes: grandiose et dérisoire, ridicule et pourtant si sincère! Le style, le jeu, la vocalité sont impeccables; un modèle de tempérament scénique et vocal: un accomplissement qui annonce son Atys 2011 (dans le rôle du dieu Sommeil).
On regrette certains chanteurs plus discutables: le Jupiter surjoué, si peu naturel et donc incompréhensible sur le plan de la langue de Vincent Le Texier amoindrit la finesse du spectacle (le cabaret et la revue ne sont plus très loin: où est la séduction et la subtilité du texte?). Et Mireille Delunsch, autre superactrice, « ose » un rôle dont la tessiture n’est malheureusement pas pour elle. Annick Massis, première chanteuse du rôle majeur de la Folie (divertissement pour les fiançailles de Platée et de Jupiter), était autrement plus naturelle, sidérante même par ses aigus stratosphériques…
A leurs côtés, les choeurs et les autres personnages (Franck Leguérinel, Laurent Naouri…) convainquent sans réserve, contaminés par la fièvre délirante de la partition. Dans la fosse, Minkowski et ses troupes se montrent à la hauteur des nombreux défis expressifs de la partition, l’une des plus spectaculaires et vertigineuses du grand Rameau. Malgré nos minces réserves, un must.
Le comique irrévérencieux, l’action théâtrale et surtout l’orchestre revendiquent la première place: Platée est ce formidable miracle théâtral où certes, il s’agit bien d’un jeu de dupe, amer et tragique, développé au détriment de la trop naïve grenouille, reine des marais… Les déités supérieures se moquent du batracien ridicule: comment Platée, si laide et si fade, si fleur bleue, a-t-elle pu croire susciter la passion de … Jupiter? Rameau prend prétexte de cette intrigue assez mince pour délirer lui-même: jamais il n’a mis autant de musique, d’idées, de formes mêlées, de registres poétiques contrastés.
Voici la seconde distribution de la production parisienne: à Jean-Paul Fauchécourt succède l’extraordinaire Paul Agnew, bête de scène, comique et tragique, à la frontière des deux mondes: grandiose et dérisoire, ridicule et pourtant si sincère! Le style, le jeu, la vocalité sont impeccables; un modèle de tempérament scénique et vocal: un accomplissement qui annonce son Atys 2011 (dans le rôle du dieu Sommeil).
On regrette certains chanteurs plus discutables: le Jupiter surjoué, si peu naturel et donc incompréhensible sur le plan de la langue de Vincent Le Texier amoindrit la finesse du spectacle (le cabaret et la revue ne sont plus très loin: où est la séduction et la subtilité du texte?). Et Mireille Delunsch, autre superactrice, « ose » un rôle dont la tessiture n’est malheureusement pas pour elle. Annick Massis, première chanteuse du rôle majeur de la Folie (divertissement pour les fiançailles de Platée et de Jupiter), était autrement plus naturelle, sidérante même par ses aigus stratosphériques…
A leurs côtés, les choeurs et les autres personnages (Franck Leguérinel, Laurent Naouri…) convainquent sans réserve, contaminés par la fièvre délirante de la partition. Dans la fosse, Minkowski et ses troupes se montrent à la hauteur des nombreux défis expressifs de la partition, l’une des plus spectaculaires et vertigineuses du grand Rameau. Malgré nos minces réserves, un must.
Rameau: Platée. Paul Agnew, Platée. Marc Beuron, Mercure. Vinvent Le texier, Jupiter. Doris Lambrecht, Junon… Choeur et orchestre des Musiciens du Louvre. Marc Minkwoski, direction. Laurent Pelly, mise en scène. 2 dvd Arthaus Musik.