samedi 26 avril 2025

Poitiers. Cinéma « le Castille », le 16 mai 2012. En direct du Royal Opera House de Londres. Hérold: la fille mal gardée… Roberta Marquez (Lise); Steven McRae (Colas)… Barry Wordworth, direction

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Ballet, compte rendu, critique
Par notre envoyée spéciale, Hélène Biard
Hérold revient au Royal Opera House : La fille mal gardée fait des étincelles à Londres

Pour la dernière retransmission en direct du Royal Opera House, le ballet La fille mal gardée composé en 1828 par Ferdinand Hérold (1791-1833) est mis à l’honneur par le corps de ballet de l’opéra londonien. La volonté de reprendre un ballet rare d’un musicien qui reste encore méconnu, même dans son propre pays, est d’autant plus louable que la musique d’Hérold est constellée de pages magnifiques dont certaines ne sont d’ailleurs pas sans rappeler la musique de Rossini, notament pour la scène de l’orage.
Rappelons qu’à l’occasion de son concert avec le Jeune Orchestre Atlantique, en décembre dernier, le chef américain David Stern évoquait avec tendresse l’oeuvre de Ferdinand Hérold et nous rappelait l’influence très importante de l’art lyrique dans la musique instrumentale du compositeur.
NDLR (Note de la Rédaction): Hérold est aussi l’auteur du ballet La Sonnambula (1827) dont la finesse mélodique et le raffinement de l’orchestration allait aussi influencer l’orchestre de Bellini pour son opéra éponyme…

Pour monter La fille mal gardée, le Royal Opera House reprend la chorégraphie de Sir Frédérick Ashton dont la création remonte à 1960; ajoutons que le couple de danseurs étoiles Roberta Marquez et Steven McRae s’approprient avec une grande aisance, la partition d’Hérold et la chorégraphie d’Asthon.

Tout le corps de ballet s’engage à donner vie à un ballet qui, s’il ressort enfin de l’ombre, reste encore méconnu. La réussite de La fille mal gardée tient aussi à l’immense talent de Roberta Marquez et Steven McRae qui incarnent Lise et Colas; Ils dansent le difficile pas de deux du ruban avec une grâce irrésistible, et l’accueil chaleureux qu’ils recoivent est largement mérité.

Pendant toute la soirée, c’est un bonheur de voir le corps de ballet survolté prenant un véritable plaisir à danser; les scènes champêtres sont, pour eux, l’occasion de se mettre en avant au travers de soli et de courts ensembles autant bien réglés que très bien accueillis. C’est dans la partie champêtre que Sir Ashton ne résiste pas au plaisir d’ajouter une danse des sabots, danse traditionnelle anglaise,où Philip Mosley, qui campe la veuve Simone, mêle danse classique et claquettes; en effet avant de se lancer dans une très belle carrière de danseur classique, Mosley était danseur de claquettes. Et il en profite pour sortir un numéro de folie dans lequel il s’amuse visiblement beaucoup entrainant avec un bonheur évident les quatre danseuses qui l’accompagnent.

Dans un style très différent, la scène du mât de cocagne est tout aussi hilarante que la danse des sabots. Le deuxième acte est d’un niveau tout aussi élevé; la Lise de Roberta Marquez continue à se moquer de sa mère avec un malin plaisir malgré la sévérité et les projets de celle-ci qui ne correspondent pas vraiment à ceux de la jeune fille. Là encore, Sir Frédéric Ashton insère avec bonheur une autre danse traditionnelle : la danse des bâtons. Si l’on peut cependant s’étonner de tels ajouts, ils n’en sont pas moins séduisants et s’intègrent parfaitement au ballet.

Très séduisant, Ludovic Ondiviela prend à son compte la personnalité attachante du jeune et naïf Alain qui ne réalise à aucun moment qu’il est dupé par Lise, Colas et les paysans; l’on ne peut que sourire face à un jeune homme si timide dont les pas de danses sont plus ou moins consciemment désordonnés. Le coup de grâce vient de la veuve Simone qui finit par donner sa bénédiction à Lise et Colas donnant ainsi le signal d’une fête charmante.

Dans la fosse, le chef Barry Woodworth dont nous avions déjà salué la très belle performance lors de la retransmission de Roméo et Juliette en mars dernier, confirme son talent et son aisance dans ce répertoire. Ll prend son orchestre à bras le corps rendant brillament justice à Hérold qui mérite grandement d’être reconnu à sa juste valeur.

Pour cette production de La fille mal gardée, le corps de ballet du Royal Opera House fait de nouveau la preuve de son immense talent. Le documentaire qui nous fait entrer dans les coulisses des répétitions nous permet de voir le travail acharné des danseurs, qu’il s’agisse des danseurs étoiles ou du corps de ballet lequel ne ménage pas sa peine pour donner le meilleur de lui-même; tout est mis en oeuvre pour que la production soit une totale réussite. Ce qu’elle est, sans réserve.

Poitiers. Cinéma « le Castille », le 16 mai 2012. En direct du Royal Opera House de Londres. Ferdinand Hérold (1791-1833); la fille mal gardée ballet en deux actes. Avec Roberta Marquez (Lise); Steven McRae (Colas); Philip Mosley (la veuve Simone); Garry Avis (Thomas); Ludovic Ondiviela (Alain). Corps de ballet du Royal Opera House de Londres; orchestre du Royal Opera House de Londres, Barry Wordworth, direction. Sir Frédérick Ashton (chorégraphie); Christopher Carr et Grant Coyle (mise en scène); John B.Read (lumières). Compte rendu par notre envoyée spéciale à Poitiers, Hélène Biard.

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