lundi 5 mai 2025

Piano à Lyon. Récital de Vladimir Sverdlov, piano Lyon, salle Molière. Vendredi 14 mars 2008 à 20h30

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Vladimir Sverdlov,
Piano

Vendredi 14 mars 2008 à 20h30
Lyon, Salle Molière, 20h30

Un oncle célèbre
Commencer le travail du piano avec sa maman dès le plus jeune âge, quelle belle entrée dans la carrière ! Mais avoir comme oncle un Vladimir Ashkenazy, ce n’est donné qu’au chanceux petit Volodia, et on suppose que cet oncle-là n’est pas resté muet sur l’art du clavier pendant l’enfance puis l’adolescence et encore au-delà… A cinq ans, déjà un 1er prix du concours de Moscou et un concerto avec le Hessischer Rundfunk Orchester sous la direction de Dimitri Kitaenko. Certes les enfants trop prodiges peuvent rentrer dans le rang – et alors quelle amertume déstabilisante ! -, mais Volodia a été épargné, et à 16 ans le jeune Moscovite joue en Allemagne, Suisse, France comme dans son pays. Il ne s’arrêtera plus, et au double de cet âge, il peut afficher d’autres 1ers Prix (Citta Seniglia, Reine Elisabeth de Bruxelles, 14èmes Piano Masters de Monte-Carlo), son invitation à la planétaire Roque d’Anthéron, des concerts avec Martha Argerich (festival de Lugano), au Palais de Monaco, à la Salle Gaveau de Paris… Il est donc bien que Piano à Lyon invite ce jeune Russe dans une saison où brillent au ciel français des étoiles d’éclat incontesté (Michel Dalberto, Cédric Tiberghien, François-Frédéric Guy, Nelson Freire, bientôt Bertrand Chamayou puis Nicholas Angelich), et donne à découvrir « une voix ».

La Marseillaise et l’arbre généalogique
Le programme proposé par Vladimir Sverdlov, abrité sous l’autorité romantique, est de ceux qui en ne sacrifiant pas à la virtuosité spectaculaire ou à l’ultra-connu, suivent le « chemin qui mène vers l’intérieur », selon la formule de Novalis. Du côté de chez Schumann, si Carnaval est universellement célébré en sa 1ère apparition, le second – dit de Vienne, 5 ans plus tard, en 1839 – retient moins l’attention. On y perçoit citation de la Marseillaise – irrévérence « libertaire » dans l’Europe Sainte-Alliance de Metternich ? -, et surtout une structure plus classique (5 mouvements) qu’avec le miroir brisé du 1er Carnaval et ses (auto) portraits si brillants qui intriguent. Ici, plutôt le va-et-vient de la dualité entre Eusebius et Florestan, plus ou moins « arbitrée » par la conciliation de Maître Raro, des chants dont l’ardeur retombe, des images de cortèges à l’horizon, des tendresses mal avouées qui se masquent aussitôt. A cet encore jeune Schumann s’oppose le « vieux Brahms », non tant par l’âge légal que par le sentiment de s’être déjà « retiré du monde » : en 1893, l’ancien adolescent ami de son aîné Schumann se souvient, berce sa propre mémoire de l’enfance et des paysages dans le brouillard du nord. C’est la magie des op.116 à 119, et il y faut la poésie du toucher, pianistique et mental. Puis Vladimir Sverdlov « chantera dans son arbre généalogique », vers les contrées où Scriabine inscrivit en fin de siècle et avant une Révolution historique (qu’il ne put connaître et qu’il n’eût sans doute guère aimée) les recherches de son « art total ». Avec des Etudes post-romantiques, la 3e Sonate – combat spirituel dont de pieux exégètes ont voulu tracer les moments – et deux Poèmes de 1903, on n’en est pas encore à « l’extase » et au « feu » des ultimes révélations, mais le génie – tellement antistravinkyen, dans son aspiration mystique – séduit et interroge sur ce qu’aurait pu être une autre voie de la musique russe, « prométhéenne », et si différente de tout Sacre du Printemps. Voilà un séduisant autoportrait de pianiste en tryptique d’auteurs, pour une meilleure connaissance de la jeune école pianistique russe.

Robert Schumann (1810-1956): Carnaval de Vienne ; Johannes Brahms (1833-1897): Intermezzi op.117 ; Alexandre Scriabine (1872-1915): Etudes op.8, 3e Sonate, Poèmes op.32. Vladimir Sverdlov, piano. Vendredi 14 mars 2008, 20h30. Lyon, Salle Molière. Information et réservation, T. 04 78 47 87 56 ; www.pianoalyon.com »

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