Héritier de la pure tradition Viennoise, nourri par l’exemple de ses illustres aînés, Edwin Fischer et Wilhelm Furtwängler, Paul Badura-Skoda incarne une trajectoire d’autant plus attachante qu’elle demeure singulière.
Il fut l’un des premiers à marier tournées et enregistrements, à une époque où ces rouages du marketing et de la promotion n’étaient pas aussi familiers que maintenant. Le pianiste a depuis longtemps utilisé le disque comme le meilleur moyen pour étendre sa notoriété et diffuser son enseignement musical. Fort de cette habitude, il doit à ses albums très populaires, de jouer à guichets fermés à Carnegie Hall.
D’où vient son style? Elève et assistant d’Edwin Fischer dans les années 1950, il ne tarde pas à devenir un concertiste renommé, jouant avec les plus grands chefs : Furtwängler, Karajan, Scherchen, Krips, Schuricht, Kubelik. Il y perfectionne cette élégance du jeu, proprement viennoise.
Mais l’interprète est aussi un fin connaisseur de la musique et conscient du nombre incalculable de partitions erronées ou « améliorées » au mépris des intentions originales de leur auteur, le pianiste se fait musicologue et entreprend l’édition critique de plusieurs cycles de partitions, celles en particulier qu’il joue au concert et pour le studio. Ses éditions « Urtext » comme des textes d’analyses ou des biographies dont l’une consacrée à Mozart, suscitent un très grand intérêt.
Le pianiste et chercheur philologue invente la notion d’instruments d’époque. En 1948, il prend conscience de la valeur émotionnelle et pas simplement historique des instruments d’époque capables de toucher l’auditeur « avec une plus grande immédiateté ». Il est devenu depuis un immense interprète, célébré pour la probité de son approche comme le souci de rendre la texture originelle des oeuvres. Couleur et clarté, nuances des registres, subtilité de la dynamique sont quelques unes des pistes de sa recherche permanente.