jeudi 8 mai 2025

Paris. TCE, le 5 novembre 2012. Beethoven : Symphonies n°2 et 6. Bechara El-Khoury, Espaces-Fragmentations (création). Orchestre national de France. Daniele Gatti, direction.

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Paris, concerts Beethoven par Daniel Gatti, Orchestre national de France
Par notre envoyé spécial Raphael Dor

Second jalon de l’intégrale des symphonies de Beethoven, striée de créations contemporaines, par Daniele Gatti à la tête de l’Orchestre National de France. La deuxième symphonie possède un ton très haydnien, avec son orchestration classique qui n’a pas encore le traitement visionnaire des timbres caractéristique des dernières œuvres de Beethoven. Pourtant, la patte mélodique (presque minimaliste) de Beethoven se ressent déjà, de même que son incroyable sens du développement thématique.

Daniele Gatti, pourtant habitué à un répertoire plus tardif, semble tirer cette symphonie de jeunesse vers un style résolument classique. La structure formelle ressort de manière saillante, toutes les arrêtes et coutures de la musique sont mises en valeur : le discours devient limpide.

Porté par des cordes franches et précises (malgré des effectifs importants), l’orchestre répond à chaque inflexion du chef qui imprime sa marque dans chaque articulation, chaque phrasé.

Espaces-Fragmentations de Bechara El-Khoury (dont le titre n’est pas sans rappeler Eclat/Multiples de Boulez) se veut un écho aux symphonies beethovéniennes qui l’entourent. En effet, le compositeur semble jouer sur les effets de contrastes, de silences, et utilise de courts motifs assénés avec force – souvent aux cuivres ou aux cordes à l’unisson – répétés plusieurs fois au cours de la pièce. Au milieu de ces dissonances expressives, un bref passage tonal surprend l’auditeur. Le résultat est saisissant, mais semble très décousu et même parfois assez fruste. L’idée de donner l’œuvre deux fois, avant et après l’entracte, avait peut-être pour volonté d’habituer le spectateur à ces sonorités ? Malheureusement, l’effet provoque plus de lassitude qu’une véritable réécoute attentive.

Pour la sixième symphonie, l’Orchestre National de France se fait plus rond et ses bois plus affirmés. Là encore, Gatti met bien en évidence l’architecture de l’œuvre, mais avec davantage de souplesse. Les différents tableaux de cette « Pastorale » prennent vie, si bien que la musique devient presque illustrative. C’est là tout l’art de Beethoven : insuffler à la musique orchestrale, à la « musique pure », une véritable dimension dramatique. Tous les caractères et effets théâtraux sont soulignés par le chef, et l’on pourrait même y voir un certain maniérisme, qui évite heureusement de tomber dans l’outrance.

Gatti nous livre ici un Beethoven saillant et expressif – très italien, si l’on osait employer ce cliché.

Paris. TCE, le 5 novembre 2012. Beethoven : Symphonies n°2 et 6. Bechara El-Khoury, Espaces-Fragmentations (création). Orchestre national de France. Daniele Gatti, direction.

prochains concerts les 12,15 novembre 2012, les 9 symphonies de Beethoven couplées avec 5
compositeurs contemporains, au TCE à Paris. Infos et réservations: visiter le site de Radio France, Orchestre national de Radio France. Direction musicale: Daniele Gatti

Du 1er au 15 novembre 2012 : en cinq concerts au Théâtre des
Champs-Elysées
, l’intégrale des symphonies de Beethoven complétée par la
création de cinq nouvelles partitions commandées par Radio France à des
compositeurs de notre temps. Maître d’oeuvre de ce cycle événement:
Daniele Gatti, directeur musical de l’Orchestre National de France.
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