Orchestre des Champs Elysées: tournée Mozart Du 1er au 20 octobre 2010

En une tournée européenne de 11 dates, de Poitiers et Paris à Anvers, Gand, Lisbonne et Varsovie, Philippe Herreweghe se fait mozartien engagé, serviteur des Symphonies 38 et 40 (jouées alternativement selon les lieux), en préambule au Requiem …

Symphonie n°38. Terminée à Vienne, la Symphonie Prague est créée à Prague en janvier 1787, dans la suite du triomphe des Noces de Figaro. Contemporaine et même double du Concerto pour piano n°25, la 38è Symphonie de Mozart ne sollicite pas de clarinette (Mozart savait-il qu’il ne pourrait pas disposer d’un clarinettiste à Prague, comme pour son Concerto?). L’Adagio solennel et majestueux n’écarte pas des pointes syncopées ni d’audacieuses dissonances chez hautbois et bassons dans le final… qui préfigurent déjà La Flûte Enchantée. Tendresse et gravité, chant si humain caractérisent la partition mozartienne. Mouvements: Adagio, allegro spiritoso; Andante; Menuetto et Presto.

Symphonie n°40. En Sol mineur la Symphonie n°40 est achevée à l’été 1788. Elle aussi comporte une version sans clarinettes. D’ailleurs même dans l’option qui en comporte, l’orchestration choisie par Mozart demeure légère et transparente: ni trompettes ni timbales; En prémices aux grands accomplissements romantiques à venir, Mozart y tisse comme dans la 38è, un cycle saisissant par ses tensions, sa fièvre, ses contrastes violents, là aussi entre profonde méditation et élans irrépressibles; sa construction fait éclater le cadre classique de la Symphonie viennoise: Mozart y atteint un paroxysme émotionnel rare. Mouvements: Molto allegro, Andante, Menuetto: allegretto, Allegro assai…

Requiem. Que n’a t on dit et écrit sur le Requiem? Inachevé, bancal, donc inabouti…! Mais quelle oeuvre peut-elle ambitionner d’être parfaitement achevée? Leonardo da Vinci a bien montré que le cheminement de l’oeuvre in progress est peut-être plus passionnant encore que son plein et idéal aboutissement, s’il existe absolument.

Même dans son inachèvement lacunaire, le Requiem de Mozart demeure un chef d’oeuvre absolu… Epuisé, voire exténué, engagé dans la composition de la Flûte Enchantée, Mozart qui pensait être empoisonné par Salieri, son rival plus favorisé à la Cour impérial de Vienne, reçoit la commande d’un Requiem par un serviteur masqué du Comte Walsegg (juillet 1791), aristocrate autrichien et aventurier peu scrupuleux: compositeur frustré, il aurait souhaité s’attribuer la paternité de l’ouvrage écrit par Mozart! Sans jamais rien connaître de l’identité de son commanditaire, Mozart compose la partition: un Requiem qui pourrait être le sien propre car il ne terminera jamais le cycle commencé. Lacrimosa, Sanctus et Agnus dei seront terminés par son élève Süssmayer, son jeune disciple de 25 ans qui l’assistait. Mozart devait s’éteindre dans la composition du Lacrimosa, peu après les mots « Homo reus », le 5 décembre 1791.