Nuits Romantiques du Lac du Bourget: (Savoie, Aix les Bains)
Du 28 septembre au 7 octobre 2007
Sept concerts autour de Brahms
« Musique-Passion » organise pour la 12 ème fois un festival automnal sur les rives du Lac du Bourget, en terre Lamartinienne. Ces Nuits Romantiques sont en 2007 consacrées à Brahms. Un concert symphonique avec le Double Concerto introduit aux manifestations de solisme et de musique de chambre, qui sont orientées et réalisées par le pianiste Philippe Cassard, refondateur du festival depuis 1999.
Notre Lamartine
On demande toujours au temps : « Suspends ton vol ». Comme on a raison de rappeler que « notre »Lamartine, poète national (et un rien « lacrymal », selon les allergiques à l’embuement des yeux ) fut aussi l’un des plus musiciens et musicaux (au sens sonore) de toute la langue française. Si on crée un festival romantique dans l’Hexagone, comment ne pas songer à lui? Et quand ce festival est en région, ou bien on cherche à recadrer l’auteur du Lac en Bourgogne méridionale (« Milly et la terre natale »), ou mieux, et en tout cas plus public, on le place aux lieux sacrés où Julie Charles lui inspira Son poème.
Donc, autour du lac du Bourget, et au centre, Aix-les-Bains, qui a eu longtemps son festival de musiques religieuses, « Les Pâques Musicales » : la greffe romantique a pris en 1992, quand la Savoie organisait ses …Jeux Olympiques d’hiver. Lamartine n’y a sans doute rien perdu, lui qui fit de la démarche en direction du sacré le nœud de ses « Méditations » et de ses « Harmonies poétiques et religieuses ». Et – moins connu, sauf en temps de Présidentielle : en 1848, il perdit par 0,0078 % en face d’une certain Louis-Napoléon Bonaparte, candidat de l’Ordre et putschiste qui ne tarderait pas à s’autoproclamer empereur -, il accentua son côté chrétien social et de plus en plus démocrate. Un peu comme Victor Marie Comte Hugo s’était désaccouplé du monarchisme adolescent pour devenir le républicain-chantre des Misérables que l’histoire a retenu…
Brahms intime et crépusculaire
Aix a donc créé un festival des Nuits Romantiques, maintenant confiées au pilotage du pianiste Philippe Cassard – qui met cette année encore les mains au clavier pour un concert chambriste -, très remarquable intervenant à France-Musique pour d’excitantes émissions de redécouverte des œuvres (Notes du traducteur). Le re-fondateur a voulu choisir des thèmes – voyages européens de Liszt, Chopin et Paris, Vienne fin de siècle …- et axe la synthèse de 2007 autour de Brahms. L’ensemble s’ouvre en dimension symphonique : mise en miroir avec l’Ensemble Orchestral de Paris (et le chef slovaque Juraj Valcuha) de l’Inachevée schubertienne et du Double très achevé de Brahms pour violoncelle (Anne Gastinel) et violon (Isabelle Faust), symbole d’un romantisme maîtrisé, si aimé du public mélomane. Ensuite on entre dans le domaine du solisme et du chambrisme. Là où se rencontre une part très précieuse et moins extravertie de l’âme brahmsienne : le Quatuor avec piano op.25 (en miroir du Quatuor op.47 du Maître vénéré, Schumann), le Quatuor à cordes op.51, le radieux et profond Quatuor avec piano op.34. A l’immense Sonate op.5, « testament de la jeunesse prophétique », répondent des œuvres crépusculaires, toujours troublantes, d’une vieillesse qui cherche à se pacifier. Dans les opus pianistiques 116 à 119, le compositeur âgé s’interroge sur un « qui sommes-nous, où allons-nous ? » et dialogue en son langage si dépouillé des séductions faciles de naguère avec les paysages poétiques de Heine contemplant « la mer du Nord », et picturaux de K.D.Friedrich questionnant sans fin la Baltique. Des lieder pour voix et alto ou piano, des Valses d’amour, des transcriptions de lieder (le bouleversant « D’un amour éternel » – et des danses hongroises complètent ce portrait en demi-teinte.
Fugues et Poésie pour nuits romantiques
Les pré-échos – du Bach, du Schubert, du Beethoven (Pathétique et op.109) et des post-échos (La dernière Sonate du romantisme, celle de Berg) traversent ces nuits d’automne, à la jonction si symbolique de septembre et d‘octobre. Les interprètes sont pour la plupart au sommet de la renommée internationale : la jeune école française de piano (François-Frédéric Guy, Bertrand Chamayou, Jonas Vitaud) , galvanisée par la présence du chopinien inspiré Jean-Marc Luisada et du très romantique Nelson Goerner, la soprano Donna Brown, la violoniste Isabelle Faust, l’altiste Antoine Tamestit, la violoncelliste Anne Gastinel. Et aussi le très neuf Quatuor Ebène, sans oublier les encore plus jeunes étudiants des Conservatoires de la région. Les Yeux Noirs – le groupe des frères Slabiak, fondé la même année que le festival ! – conjugue chants yiddish et lyrisme rock. J.M.Luisada et D.Brown ouvrent au public leurs classes de maître.
Si le cœur et le portefeuille vous en disent, vous pouvez même vous offrir en week-end de luxe hôtelier et musical une « fugue nuits romantiques ». La roulette du Casino n’est pas loin du Théâtre du même nom et du Centre des Congrès, mais d’autres concerts ont lieu au château de Caramagne, à Chindrieux, au Bourget du Lac et près de l’abbaye de Hautecombe. Vous pouvez naviguer sur le lac, visiter les austérités religieuses et poétiques de l’abbaye. Et partout vous pourrez aller murmurant les Harmonies : « La nuit roule en silence, autour de nos demeures, / Sur les vagues du ciel la plus noire des heures./…Je n’entends au dehors que le lugubre bruit / Du balancier qui dit : Le temps marche et te fuit ! » .
Concerts vendredi 28 et samedi 29 septembre à Aix (20h30) ; journée à Hautecombe, dimanche 30 ; concerts à Chambéry (jeudi 4 octobre), Chindrieux (vendredi 5), 20h30 ; salons romantiques au Bourget du Lac (samedi 6, 16h30, 20h30) ; dimanche 7 à Aix (18h).
Information et réservation Téléphone: 04 79 88 46 20 et 04 79 88 09 ou www.nuitsromantiques.com/
Crédit photographique
Isabelle Faust (DR)
