Félix Mendelssohn
Soldatenliebschaft, 1821
Arte
Lundi 22 mars 2010 à 22h30
“Soldatenliebschaft” est un singspiel (opéra comique) chanté en allemand, composé en 1820 à Berlin,: Mendelssohn, compositeur génial et précoce, s’essaie pour la première fois à l’opéra, son père Abraham, féru d’ouvrages français, très admirateur de Cherubini (qu’il a pu écouter à Paris), encourage son fils jeune adolescent, à écrire ses propres opéras sur les traces de Mozart (lequel avait déjà composé Lucio Silla, son 4è seria à l’âge de 16 ans!). En 1821, Mendelssohn n’a que 11 ans: son singspeil est joué devant un parterre d’amis et d’invités, dans le palais familial de Berlin, pour l’anniversaire des 44 ans de son père.
Soldatenliebschaft est la dernière grande découverte dans l’oeuvre de Felix Mendelssohn Bartholdy. La première représentation orchestrale, qui fut longtemps la seule, s’est déroulée le 3 février 1821. La musique et les personnages de cette oeuvre de jeunesse sont très largement inspirés des opéras de Mozart: on y décèle des situations dramatiques et des références musicales directes aux Noces, à la Flûte, au Don Giovanni.
La partition intégrale de Soldatenliebschaft a été publiée pour la première fois en 2006. Arte diffuse la production du Theater & Philharmonie Thüringen : sur scène, chanteurs et marionnettes, marionnettistes et musiciens donnent vie à cette étonnante oeuvre de jeunesse. Evidemment l’usage des marionnettes renvoie au monde de l’enfance que Mendelssohn a à peine quitter quand il compose son premier opéra: très influencé par les partitions de Mozart, le jeune créateur met en musique un livret d’origine française rapporté par l’ami de la famille le docteur Johann Ludwig Kasper: il y est question d’une idylle impossible entre une femme de chambre espagnole, Zerbinette et un hussard de l’armée napoléonienne, Victor… L’action se passe en Espagne au XIXè à l’époque de l’occupation française. La comtesse, patronne de Zerbinette et le jardinier Tonio s’entêtent à désunir les amoureux…
Propre au vaudeville et à l’opéra comique français, l’intrigue prend prétexte des situations pour railler le genre masculin et multiplier les scènes de confrontation entre les personnages.
Le documentaire de Myriam Hoyer présente des extraits de la production ainsi qu’une découverte surprenante faite dans les archives de Goethe à Weimar. Il propose également des extraits d’interviews, notamment de la musicologue et éditrice Salome Reiser et de Larry Todd, spécialiste et biographe de Mendelssohn. Au total, Mendelssohn nous a laissé un corpus de 120 pages soit un matériel relativement complet comprenant une ouverture et 14 arias. Chaque air est alterné avec un dialogue parlé.
Le documentaire rétablit la composition de l’opéra dans le contexte: jeune compositeur virtuose, Mendelssohn fait le voyage jusqu’à Weimar, à l’automne 1821 soit après la création de Soldatenliebschaft: accompagné par son professeur de composition, Zelter, celui là même qui l’initiera à Bach et à Haendel, le jeune prodige rencontre Goethe âgé de 73 ans: l’auteur de Werther et de Faust, qui a écouté Mozart âgé de 7 ans à Franckfort, est un dieu vivant, figure majeur des arts: il est ébloui par les talents d’interprète et de compositeur du jeune Félix: lequel joue son piano Strecher, encore conservé dans la maison Goethe à Weimar.
Lors de son retour à Weimar, depuis la Suisse, Mendelssohn visite à nouveau Goethe et ses amis en 1822: il leur soumet quelques extraits de Soldaten… Découverte majeure.
Illustration: Mendelssohn à l’âge de 12 ans (DR)
