mercredi 7 mai 2025

Maurice Ravel, Ma Mère L’Oye. C’est pas Classique 2007Nice, Palais Acropolis. Dimanche 4 novembre 2007 à 13h30

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Maurice Ravel
Ma mère l’Oye
, 1908-1912

Dimanche 4 novembre 2007 à 13h30
Nice, Palais Acropolis

Orchestre des Jeunes de la Méditerranée Provence-Alpes Côte d’Azur
Philippe Bender
, direction
(oeuvre couplée avec le Concerto pour violon de Mendelssohn. Soliste: Laurent Korcia, violon)

Maurice Ravel et l’enfance
Nostalgique d’un monde imaginaire et poétique, jamais remis aussi de la
perte d’une mère adorée, et peut-être pas assez chérie. Dans L’enfant et les sortilèges,
il peint la tyrannie cruel d’un petit être délaissée par sa maman pour
mieux indiquer la voie de la sagesse et de l’humanité chez un petit
homme encore inachevé. Comme chacun, à tout âge, l’enfant doit mériter
l’estime et l’amour qu’il veut susciter. Pour les enfants de ses amis
Godebski, Jean et Marie, le compositeur invente les pièces enfantines
de Ma mère l’Oye, pour piano à quatre mains, en 1908. Le climat propre
à l’enfance le conduit aussi à ce qu’il aime ciseler, dans sa manière
personnelle, l’épure, l’allégement, la concision suggestive, la finesse
presque arachnénenne, la mécanique de précision. Ravel revisite les
mondes enchantés et oniriques de Charles Perrault, de la Comtesse
d’Aulnoye, de Madame Leprince de Beaumont. Et naturellement, ce sont
des enfants qui créent la suite de cinq tableaux, le 20 avril 1910, à
Paris, salle Gaveau. Le musicien réalisera en 1911 une orchestration,
étoffant son canevas originel d’un prélude et d’un ballet
supplémentaire (la Danse du rouet), tout en perfectionnant la
continuité des scènes entre elles par de nouveaux intermèdes. Cet état
ultime est créé en 1912.

Les 7 tableaux de la version orchestrale

Le Prélude (1) et ses bruissements de cordes énigmatiques est un lever de
rideau mystérieux qui suscite la curiosité et l’envie de découverte
pour ce qui va suivre. La Danse du Rouet (2) imagine la princesse Florine,
victime de s’être piqué le doigt sur la pointe d’un rouet. Chute de la
jeune femme et lamentation des suivantes. La Pavane de la Belle au bois
dormant (3)
: la vieille femme dont le rouet fatal a causé la mort de la
princesse, se dévoile: c’est la fée Bénigne. Les Entretiens de la Belle
et de la Bête (4)
: le chant de la clarinette exprime la Belle qui succombe
peu à peu à la beauté morale de la Bête. Petit Poucet (5) fait paraître le
groupe des garçons dans la forêt où se font entendre, presque lugubres,
le chant des oiseaux dont le cri du coucou à la flûte. Laideronnette,
impératrice des pagodes (6)
impose le talent du Ravel, génie de
l’orchestration. D’après Le Serpentin vert de la Comtesse d’Aulnoye, la
texture de l’orchestre, portant en avant les couleurs du célesta, de la
harpe, du xylophone, développe un raffinement plastique porteur
d’étrangeté et d’exotisme. Pour boucler la présentation des contes,
Ravel imagine une fin qui en assure l’unité poétique: dans Le jardin
féerique
(7),
le prince charmant ressuscite la princesse, acclamés par tous
les personnages précédemment évoqués. Les cordes transmettent
l’activité de ce pays des merveilles qui témoignent de la fascination
constante et intacte de Ravel pour le monde de l’enfance. L’enfance
telle que peut seul la voir un adulte ne serait-elle pas, dans un
mouvement rétrospectif, l’appel irrésistible à l’éveil, à
l’enchantement, à l’insouciance, à la propice rêverie, autant de
sentiments perdus, de facultés de l’âme évanouies, que tout créateur
tente d’approcher dans son oeuvre?

Illustration
Jean Cocteau: La Belle et la bête, 1946 (DR)

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