Ballet en 2 parties et 11 scènes, Excelsior de Luigi Manzotti, mort en 1905, ne donne pas vraiment dans la subtilité: dès l’ouverture, l’orchestre gonflé comme un vaisseau trop lourd, n’en finit pas de grossir ses traits plutôt kitsh. La musique de Romualdo Marenco cite ses références à Hollywood… Allégorie volontiers pompière et pompeuse du triomphe de la science (Papin, Volta, le canal de Suez, le pont de Brooklyn, les effets de l’électricité … y sont évoqués à grand frais) et d’une certaine vision manichéenne de la modernité en marche, contre l’obscurantisme, la partition ne saisit pas pas sa finesse: trop de démonstration, trop d’effets prévisibles… nombre de motifs renvoient ici au decorum promotionnels des Expos Universelles. Et l’orchestre de la Scala plutôt conformiste (dirigé de façon plutôt carrée et massive par David Coleman) ne relève pas le niveau… C’est une chorégraphie certes positiviste mais à la forme pontifiante aux symboles caricaturaux qui paraît bien datée.
Il s’agit pour la Scala et son ballet légendaire de renouer cependant avec sa propre histoire: le ballet de Manzotti a été créé à Milan Teatro della Scala, le 11 janvier 1881.
L’illustre ballet riche en tableaux spectaculaires et scènes collectives (dont celui sur la lumière pourrait être sorti d’une scène d’Aïda!) a servi de partition circonstancielle pour inaugurer l’Eden Théâtre à Paris.
Dans la chorégraphie d’Ugo Dell’Ara, les solistes (Marta Romagna, Riccardo Massimi, Isabel Seabra, Roberto Bolle) et danseurs scaligènes évitent cependant toute enflure stylistique, grâce à un réel souci pour une danse vivante et expressive. La lumière au I, puis le Canal de Suez qui sont les parties les plus développées demeurent lisibles, et les tableaux des danseurs-étoiles, véritables acteurs (entre autres dans l’intermède qui ouvre la seconde partie, le trio dépouillé entre la mort, la lumière et l’escalve), portent la facture du Ballet de la Scala: finesse et élégance dont un Roberto Bolle (l’esclave, plastiquement superbe.
Luigo Manzotti: Excelsior (1881). Etoiles, ballet et Orchestre de la Scala de Milan. David Coleman, direction. Ugo Dell’Ara, chorégraphie.