dimanche 4 mai 2025

Lyon, 4 ème Concours International de musique de chambre Du 2 au 5 avril 2007

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Le 4e concours international de musique de chambre 2007 est à Lyon, pendant 4 jours (2 au 5 avril), et se consacre au duo violon-piano. 65 duos, 27 nationalités sont en lice dans cette série de 3 épreuves successives, devant un jury que préside le violoniste Patrice Fontanarosa, et en présence « libre » de très nombreux spectateurs. Un colloque et des publications accompagnent cet ensemble, et doivent souligner l’importance d’une redécouverte, l’œuvre du musicien français Lucien Durosoir.

Concours International de musique de chambre Lyon : piano et violon.
64 duos devant un jury de 7 interprètes présidé par P.Fontanarosa
Du lundi 2 au jeudi 5 avril 2007, CNSM et Salle Molière, entrée libre.
Epreuves, concert des lauréats, journée de colloque

Une dimension sportive, humaine ?

Les cv, press-book et autres cartes de visite indispensables à la carrière des interprètes, combien de fois ne voit-on pas figurer prix, sous-prix, prix spéciaux dans les concours internationaux ? Il existe évidemment une hiérarchie du prestige, soulignée par le nom de la personne fondatrice : roi et reine, prince et princesse, instrumentiste, compositeur ( mais rarement compositrice, c’est curieux, voir réflexions sur la journée mondiale du 8 mars…) . On peut aussi sourire de ces « bêtes à concours », voire de ceux qui exhibent leurs médailles comme le faisaient, dit-on jusque dans leur salle de bains, les gradés des régimes dictatoriaux. Et dans ce domaine, la métaphore se fait volontiers militaire ou sportive de haut niveau : d’où la nécessité sentie et dite par les organisateurs de recentrer l’épreuve, ses modalités et son climat sur une dimension « la plus humaine possible » : après tout, la finalité demeure avant tout artistique !

Les moins de 30 ans devant leurs juges

C’est en tout cas, dès l’origine, la volonté au Concours International de musique de chambre de Lyon : le fondateur Joël Nicod, corniste à l’Orchestre National de la ville, avec son complice également corniste ( Ensemble Agora), David Pastor, privilégient la musicalité et les conditions « très humaines » de l’expérience qui en est à sa 4 ème édition. En géométrie variable – trio avec piano, puis quintette de cuivres, duo voix et piano, et en 2007, violon et piano – , les candidats sont de plus en plus nombreux : 64 duos représentent 27 nationalités, et sur les 128 duettistes, une centaine sont basés en Europe. Le niveau est très sérieux pour ces « moins de 30 ans » qui cherchent à « révéler leur jeune talent et contribuer au développement de carrière ». Il est vrai que les frais de transports et de séjour demeurent à la charge des participants (sauf pour le séjour des « lauréés »), ce qui est d’ailleurs la règle dominante dans les concours internationaux. Les différents prix financés par organismes publics ou privés voient dominer la Ville de Lyon, qui participe aussi à l’organisation. Des engagements de concerts seront offerts en Allemagne et en France, ainsi dès le milieu avril à Lyon pour Yumiko Tanimura et Jonas Vitaud, lauréats du voix-piano de 2006 ; d’autres ensembles récompensés étaient déjà très « avancés en public », comme le Trio di Parma ou le Trio Novalis. Le public « en vie » est complètement associé à ces découvertes, puisque toutes les épreuves – éliminatoires, demi-finale, finale – et concert des lauréats sont en entrée libre, au CNSM ou à la Salle Molière. Dépassera-t-on le chiffre de 2500 spectateurs enregistré en 2006 ? On y entendra Mozart et Prokofiev pour la 1ère phase, Beethoven, Nicolas Bacri et des Français du premier XXe, en 2nde phase, et en finale une sonate choisie chez Brahms, Strauss, Bartok, Schumann, Fauré ou Enesco.
Le jury est présidé cette année par le violoniste Patrice Fontanarosa, symbole de la grande tradition française (et familiale !). Mark Lubotsky, disciple d’Oistrakh et ami de Schnittke, y témoigne de l’école russe, aux côtés de la jeune Américaine Pamela Frank. Côté clavier, le Japonais Ichito Nodaïra, particulièrement moderniste, est aussi compositeur (l’opéra Madrugada), Emmanuel Strosser représente la jeune génération française en compagnie de l’Allemand Daniel Blumenthal ; et le chanteur irlandais John Gilhooly, directeur du Wigmore Hall, est aussi un garant de la « communication » avec le monde du concert. Un prix de la presse est également attribué par un jury de critiques (3 Français, et la présidente, Tami Nodaïra, épouse du pianiste au Grand Jury…). Et les 4 jours si remplis du concours incluent aussi une Journée d’études qui témoigne de la vitalité d’une recherche qui prolonge la pratique instrumentale (4 avril). Les actes de colloque font à chaque édition l’objet d’une publication par les éditions lyonnaises Symétrie.

La redécouverte de Lucien Durosoir

Journée-colloque et publications sont depuis 2004 sous l’autorité d’un enseignant de musicologie à l’Université Lyon-2, Gérard Streletski. Les particip ants viennent du milieu universitaire lyonnais, et s’y joint une personnalité invitée : en 2007 la spécialiste Brigitte François-Sappey. Parmi les sujets au programme général du violon-et-piano, un domaine de (re)découverte : l’œuvre de Lucien Durosoir, sur laquelle interviendront plus particulièrement G.Streletski et sa collègue Isabelle Bretaudeau. Car la sonate « le Lis » figure dans les partitions choisies pour la demi-finale du concours, et les spécialistes affirment que Lucien Durosoir (1878-1955), dont le style pourrait être rapproché de celui d’André Caplet, ami et disciple de Debussy, mérite de figurer dignement dans le panorama de la musique française de la première moitié du XXe. L.Durosoir fut, comme chantait Brassens, « un modeste », se retirant tôt du tumulte et des honneurs parisiens, et continuant à écrire une œuvre exigeante, d’un contrepoint rigoureux et sous-jacent au langage cyclique et modal. Dans l’esprit du livre de J.P.Gueno, Paroles de Poilus, les lettres lucides et émouvantes de ce musicien pris dans l’enfer de la Grande Guerre sont d’ailleurs publiées, en miroir des carnets de son ami, l’immense violoncelliste Maurice Maréchal (éditions Tallandier). Un cd. Durosoir est pour l’instant disponible chez Alpha…
Au fait, et dans le cadre du conseil en rayonnement international, ne peut-on suggérer aux maîtres d’œuvre de réfléchir sur un titre plus scintillant que l’actuel Concours, siglé des peu poétiques initiales CIMCL ? En l’absence de princesse tutélaire, pourquoi ne pas chercher du côté du classico-antique Lugdunum, ou d’un Rônésôn plus esperanto ?

Télephone: 04 72 10 30 30 ou www.lyon.fr/cimcl

Œuvres de Mozart, Prokofiev, Beethoven, Poulenc, Ravel, Durosoir, Roussel, Bacri, Brahms, Schumann, Fauré, Franck, Bartok

Le palmarès du CIMC de Lyon 2007

Lors de la remise des prix, le 5 avril 2007, dans
la salle Molière, le directeur du Concours, Joël Nicod, a annoncé le
palmarès 2007. Premier Prix Ville de Lyon (10.000 euros): Eugen Tichindeleanu, violon (Roumanie) et Nozomi Matsumoto, piano (Japon)
qui ont également obtenu le Prix Adami du Public (5.000 euros), le coup
de coeur Bayer et le Prix de la presse (cf. notre photo: les deux
finalistes 2007). 2 ème Prix Spédidam (7.000 euros): Boris Brovtsyn,
violon (Russie) et Mikhail Shilyaev, piano (Russie). Lauréats du
Troisième Prix Conseil Général du Rhône (5.000 euros), trois duos ex
aequo: Owen Dalby, violon (USA)
et Alexander Rabin, piano (USA), Amanda Favier, violon (France) et Aya
Nakashima, piano (Japon),
Mana Kato, violon (Japon) et Seiko Ikeda, piano (Japon). Par ailleurs,
le Prix Sacem de la meilleure interprétation de la « 2ème sonate  » opus
75 de Nicolas Bacri (5.000 euros) est revenu à deux duos ex aequo:
Amanda Favier, violon (France) et Aya Nakashima, piano (Japon),
Alexandra Korobkina, violon (Russie) et
Ksenia Gavrilova, piano (Russie).
Le jury du 4 ème Concours
international de musique de chambre de Lyon était composé de Patrice
Fontanarosa – violoniste (France), Pamela Frank – violoniste (USA),
Mark Lubotsky – violoniste (Russie), Ichiro Nodaïra – pianiste (Japon),
Emmanuel Strosser – pianiste (France), Daniel Blumenthal – pianiste
(Allemagne) et John Gilhooly – Directeur du Wigmore Hall de Londres.

Crédit photographique
Le duo lauréat du Premier Prix 2007: Eugen Tichindeleanu, violon et Nozomi Matsumoto, piano © J.Kerling

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