Les années de Pèlerinage:
la Suisse
Dimanche 21 novembre 2010 à 14h
France Musique
Tribune des critiques de disques

Franz Liszt : Première année de Pèlerinage (La Suisse) S.161. Les neuf pièces composant le recueil de la première année évoquent le séjour et les excursions de Liszt et Marie d’Agoult à travers la Suisse. D’abord intitulé « Album d’un voyageur », Liszt qui suspend alors sa carrière de pianiste, retravaille l’ouvrage à Weimar dès 1836 pour ne le publier qu’en 1855. Le compositeur attribue à chacune des pièces, une épigraphe citant Schiller, Byron ou encore Senancour (Oberman). Ces liens avec la littérature fondent l’essence même du romantisme et colore d’une teinte unique l’ensemble du cycle.
Voyage pianistique
Pour le compositeur virtuose, l’interprétation gestuelle communique idéalement l’essence spirituelle et émotionnelle de la musique. L’interprète ne doit pas négliger l’engagement physique du jeu et ce développement particulier du corps dans l’interprétation: ainsi il donne à La chapelle de Guillaume Tell, toute son ampleur sonore; à la Pastorale, sa lumière, ou encore à la vallée d’Obermann, son pathétisme et son désespoir. Liszt exprime une quintessence du romantisme. Il évoque même certains liens avec Schubert, en particulier au Lac de Wallenstadt où l’écriture schubertienne et ses divagations au delà de la musique, entre nostalgie et enchantement tendre, a influencé l’écriture de Liszt. D’un Franz à l’autre, le piano se fait miroir de l’âme.
La seconde année de pèlerinage, l’Italie, publiée en 1858, prend pour inspiration la littérature et l’art Italien, de Dante, Pétrarque à Michel Ange et Raphaël. A nouveau le journal pianistique suscite des passerelles entre les arts. D’une palette de sentiments aussi variée que la première année, ces pièces sont exécutées avec autant de flamme, de netteté et d’éclat que le premier recueil. C’est surtout dans « Après une lecture de Dante », pièce essentielle du recueil, que tout pianiste se doit d’être éloquent et suggestif, grâce à un jeu à la fois, mordant, puissant, intense mais aussi d’une rondeur séductrice: comme dans les années suisses, l’Italie suscite chez Franz, un nouvel accomplissement absolu.
Lire la critique du dvd Les années de Pèlerinage de Liszt par Alfred Brendel .