NANTES, Graslin. Hervé: Les Chevaliers de la table ronde : les 9, 10, 12, 13, 14 janvier 2016. Création lyrique de novembre. La Table ronde d’Hervé réunit une galerie de portraits déjantés qui égratigne le profil des vertueux soldats du Graal… Pour faire rire, Hervé en vrai rival d’Offenbach n’hésite pas à parodier, détourner, mais avec finesse et subtilité. Les Chevaliers de la Table ronde, créé en 1866, est le premier volet des opérettes / opéra bouffes d’Hervé ; suivront L’Œil crevé, Chilpéric et Le Petit Faust. L’ouvrage prend prétexte des aventures arturiennes, de Lancelot ou Merlin pour déployer tout un nouvel imaginaire fortement inspiré par le fantastique et l’esprit de féérie dans le style médiéval. Hervé inaugure un comique délirant et potache, surréaliste et féerique dont la veine poétique annonce « Sacré Graal » des Monty Python.
Hervé : le vrai rival d’Offenbach
En vrai rival d’Offenbach dont Hervé connaît bien les ficelles pour en avoir chanter les rôles, l’ouvrage ainsi révélé, souligne la force et la cohérence d’une écriture dramatique souvent irrésistible : les nombreux personnages secondaires (dont les quatre chevaliers « ridicules ») impose sur la scène un spectacle ambitieux, capable de rivaliser avec les productions de l’Opéra-Comique contemporaines. Hervé s’y montre maître des quatre registres familiers à l’Opéra-Comique : la parodie (des genres sérieux, de la musique étrangère), la vitalité rythmique, une virtuosité décalée, une grande richesse mélodique immédiatement.
Dans la suite du style troubadour, depuis le Second moire qui s’intéresse aux citations historicistes dont le néogothique (souvent assimilé au registre sacré ou mystique), le Moyen Age est une forte source de fascination et de créativité musicale : chez Hervé, aux côtés des chevaliers souvent potaches ou parodiés (Rodomont, Roland et même le « sage » Merlin y sont fragilisés, et bien peu responsables), se distingue à l’inverse, l’intelligence des femmes : Mélusine, Totoche, Angélique qui chacune à sa manière, incarne les caractères de l’expressivité féminine: l’amour, la jalousie, la cupidité, la sensualité. La production est la première mise en scène du machinsite et décorateur d’Olivier Py, Pierre-André Weitz.
Les Chevaliers de la table ronde d’Hervé à Nantes
Théâtre Graslin, les 9, 10, 12, 13, 14 janvier 2015
Opéra-bouffe en 3 actes créé en 1866
Paroles de Henri Chivot & Alfred Duru
Musique de Florimond Ronger dit Hervé (1825-1892)
Version pour treize chanteurs et douze instrumentistes
Production événement reprise à Angers, Grand Théâtre : les 16, 17, 19 janvier 2016
et dans de nombreuses salles en France, à l’occasion d’une tournée événement : 35 dates en France, Belgique et Italie, jusqu’en mars 2016.
Direction musicale : Christophe Grapperon
Mise en scène : Pierre-André Weitz
Assisté de Victoria Duhamel
Avec Damien Bigourdan (le Duc Rodomont), Antoine Philippot (Sacripant), Arnaud Marzorati (Merlin), Manuel Nuñez Camelino (le jeune ménestrel Médor), Ingrid Perruche (la duchesse Totoche), Lara Neumann (Angélique), Chantal Santon-Jeffery (la magicienne Mélusine), Clémentine Bourgoin (Fleur de neige), Rémy Mathieu (Roland), David Ghilardi (Amadis),Théophile Alexandre (Lancelot), Jérémie Delvert (Renaud), Pierre Lebon (le Danois Ogier)…
Compagnie LES BRIGANDS
(avec les musiciens de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine du 22 au 27 novembre)
LIRE aussi
Livres, compte rendu critique. Hervé par lui-même. Par Pascal Blanchet (Editions Actes Sud). La riche correspondance d’Hervé aux directeurs de théâtre : Emile Perrin l’inflexible directeur de l’Opéra-comique ; Eugène Bertrand, directeur des Variétés ; ses propres écrits aussi préface (pour Chilpéric), textes divers, mais aussi les minutes du son procès de 1856 (détournement de mineur, un jeune serveur qu’il invita chez lui…) mais aussi livrets, articles (fantasques comme celui sur le trombone), … racontent ici l’épopée du Compositeur toqué, vrai inventeur de l’opérette (au milieu des années 1850), interprète et rival de Jacques Offenbach. Louis-Auguste-Florimond Ronger, dit Hervé (1825- 1892), montre un courage et une ténacité hors normes, la certitude de pouvoir apporter concrètement des éléments importants dans l’histoire de l’opéra : son ambition, créer un ouvrage sur la scène de l’Opéra Comique… LIRE la critique complète Hervé par lui-même (Actes Sud)