A partir du 2 février 2011, Nantes consacre sa
Folle Journée aux compositeurs germaniques, romantiques et postromantiques de Liszt et Brahms, à Strauss, Mahler et Schoenberg… La France poursuit ainsi son offrande célébrative aux créateurs outre-Rhin, quand pour notre part nous rêvons d’un grand vrai festival dédié aux romantiques français: Onslow, Hérold, Jadin, Cherubini, Berlioz, Saint-Saëns, Gounod, Gouvy valent bien leurs contemporains germaniques. Question de point de vue et d’angle de vision… Mais les talents en présence et la diversité des écritures révélées ou confirmées méritent un éclairage spécifique… Rêve récemment exaucé grâce au récent
Centre de musique française à Venise (Palazzetto Bru Zane) qui ne cesse d’élargir ses activités de recherche et de concerts, osons le dire… de façon exemplaire. A quand, Nantes, haut lieu de pratique musicale et capitale mélomane, se risquera-t-elle enfin à « oser », développer un festival romantique française ? Le risque justement et l’audace font défaut aux organisateurs de la Folle Journée, plus certains de remplir en affichant Brahms et Strauss… Pourtant le connu n’empêche pas la découverte… Question à suivre pour les prochaines éditions nantaises.
Pour l’heure à Nantes, du 2 au 6 février 2011, les « Titans » germaniques, pionniers de la modernité musicale vers le XXè siècle, soit -Brahms, Wagner, Liszt, Mahler et Richard Strauss-, sont à l’honneur de la Cité des Congrès. Huit décennies de musique germanique, de 1870 à 1949 vous contemplent. Au delà des chiffres et des et des performances spectaculaires, le festival nantais laisse une place privilégié aux autres Viennois moins connus comme Bruckner, Alexander Zemlinsky, Hugo Wolf ou Anton Webern. Et anniversaires oblige, Mahler et Liszt sont particulièrement fêtés: 2011 marque le bicentenaire de la naissance du second, le centenaire du premier.
Les festivaliers peuvent écouter les grandes pages viennoises à l’époque où dans le sillon du Jugenstil et des perspectives lancées par la Sécession Viennoise, l’art moderne se précise: Symphonies de Bruckner et de Mahler, cycles pour voix et orchestre de ce dernier (Lieder eines fahrenden gesellen, Kindertotenlieder, Rückert-lieder…), Poèmes symphoniques de Richard Strauss (Ainsi Parlait Zarathoustra, Mort et Transfiguration, Don Juan…), La nuit transfigurée et Pierrot Lunaire de Schoenberg, musique de chambre de Webern (cinq mouvements pour quatuor à cordes…), Suite lyrique et Concerto à la mémoire d’un ange d’Alban Berg, sans omettre plusieurs transcriptions des valses de Johann Strauss II par les déjà cités Schoenberg, Berg et Webern… De Liszt, La folle journée présente pièces pour piano, Concertos pour piano, Via Crucis…
Des phalanges orchestrales sont conviées (Orchestre philharmonique de la résidence de La Haye, Sinfonia Varsovia, Orch National des Pays de La Loire, Orc de Picardie, Stradivaria, …), de grands pianistes aussi (et déjà familiers de l’événement: Boris Berezovsky, Nicholas Angelich, Zhu Xiao-Mei, Brigitte Engerer, Philippe Cassard, Jean-Frédéric Neuburger), de jeunes musiciens à suivre: Iddo Bar-Shaï ou Maude Gratton (au pianoforte!)…, sans omettre les Quatuors
Modigliani, Prazak, Zemlinsky
En clôture (6 février 2011), pour la dernière soirée du festival, la soprano russe Olga Peretyatko, déjà présente pour la Folle Journée 2010, interprète les Derniers Lieder de Richard Strauss.
Plusieurs conférences thématiques complètent ce tableau déjà aguichant sur l’essor de Vienne grâce aux compositeurs présents. « Mahler et la psychanalyse », « Dans l’intimité de Gustav Mahler », Bruckner, « le musicien de Dieu », « vocalité straussienne », « Vienne 1900 », « Troisième année de pèlerinage: reflet du dernier Liszt », « Nietzche compositeur et critique post-romantique », « la musique allemande: une fascination ambivalente », « Wittgenstein et la musique », « Franz Liszt ou la dispersion magnifique »…
En prélude au festival grand public à la Cité des Congrès, les musiciens illustrent la thématique, du 28 au 30 janvier, en région Pays de la Loire, puis à Bilbao (3-6 mars), au Japon (30 avril-8 mai), à Rio (2-5 juin), à Varsovie (29 septembre-2 octobre). Montréal (Canada) accueillera en 2012 l’événement nantais créé en 1995. Le succès de La Folle Journée repose sur une offre concentrée, thématiquement identifiable, où les concerts et les offres connexes (conférences, ateliers, débats, tribunes…) sont vendus à petits prix. Dernières performances de la Folle Journée Nantaise: 123.000 billets vendus en 2009, 128.000 billets vendus en 2010 (Thème: Chopin).