samedi 14 juin 2025

La flûte enchantée de Kenneth Branagh

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Un cinéaste Britannique, après Joseph Losey (Don Giovanni) et Francesco Rosi (Carmen), illustre le projet d’accorder opéra et cinéma. Certains continuent à douter de la réussite d’un tel rapprochement. Pour nous, la rencontre des deux disciplines se révèle fascinante. Kenneth Branagh a le sens du récit historique : il aime faire correspondre la liberté évocatrice des images aux contraintes de la narration littéraire. Il l’a montré dans Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien avec Emma Thompson et Keanu Reeves). Pour « ouvrir » son projet et rendre accessible au plus grand nombre, le message fraternel de Mozart, franc-maçon engagé, pénétré par l’esprit des Lumières, le réalisateur fait chanter les personnages en anglais. Mais la Grande-Bretagne n’a pas comme d’autres pays, le respect systématique de la langue originale. Peu importe d’ailleurs car le travail du traducteur Stephen Fry, auteur du nouveau livret, reste indiscutable.
La question est de savoir comment l’écriture cinématographique éprouve la partition de Mozart qui part ailleurs, fonctionne très bien dans son « concept » lyrique original? Qu’apporte véritablement le regard du cinéaste?
Du dernier chef-d’oeuvre musical et théâtral de Mozart, Branagh choisit la magie et l’émerveillement (beaucoup d’effets à la Méliès) ; il insiste surtout sur l’enseignement moral et philosophique, en situant l’action dans le théâtre d’une guerre ouverte, celui des tranchées de la première guerre, où le sang versé et l’illusoire fierté des nations belliqueuses, mettent en péril l’avenir des hommes. Le propos de la partition qui porte sans ambiguité un message de paix, d’humaniste et de fraternité n’en a que plus d’évidence, et même la modernité et l’actualité du divin salzbourgeois, au génie décidément atemporel, gagne en pertinence.
(A l’écran, les chanteurs deviennent acteurs. Le Sarastro de René Pape s’impose naturellement, comme le Papageno de Benjamin Jay Davis. Pour le reste chacun appréciera selon son goût. Les lyricophiles crieront encore au scandale, dépossédés de « leur » Mozart dans sa langue, sous l’oeil d’un cinéaste racoleur, sous la baguette assez terne de James Conlon. Qu’importe si le film suscite un regain de faveur pour la machine opéra au cinéma, c’est le genre tout entier, et Mozart pour son année (celle des 250 ans de la naissance) qui en sortiront vainqueurs !
Le dvd du film est annoncé courant 2007, chez l’éditeur Idéale Audience qui est aussi le producteur de la réalisation cinématographique.

La Flûte enchantée de Kenneth Branagh. Avec Joseph Kaiser, Amy Carson, Ben Davis. Sortie nationale en France : mercredi 13 décembre 2006.

Approfondir
Lire la présentation du travail de Kenneth Branagh sur le site d’Idéale Audience

Crédits photographiques
L’affiche du film (DR)
Kenneth Branagh (DR)

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